Un nouveau bébé, une nouvelle maison, de nouvelles études. De nouveaux problèmes ?

LE PROBLÈME

Guillaume veut retourner aux études. L'ennui, c'est que le jeune homme de 27 ans sait compter.

« J'ai déjà fait un certificat en comptabilité et je veux aller finir deux années supplémentaires pour aller chercher un bac et changer de domaine », explique-t-il.

Il prévoit donc des problèmes budgétaires.

Car les projets s'accumulent. Il est papa d'une petite fille d'un an et demi, et un autre enfant doit naître en janvier.

Guillaume et sa conjointe Caroline sont propriétaires depuis peu d'une maison grevée d'un solde hypothécaire de 283 000 $.

Caroline, employée du gouvernement, gagne un salaire d'environ 60 000 $.

Ils se partagent les dépenses en parts égales, et Guillaume a bien l'intention de continuer à tenir ses engagements pendant ses études.

« J'aimerais savoir s'il est réaliste de penser que je peux réaliser ce projet sans vendre la maison en utilisant mon épargne personnelle pour couvrir la moitié des dépenses communes », s'enquiert-il.

Guillaume travaille pour son employeur actuel depuis quatre ans, pour un salaire annuel de 70 000 $.

Sa part des dépenses communes - maison, auto, garderie, etc. - lui coûte 1410 $ par mois.

Il calcule séparément ses dépenses dites personnelles (cellulaire, épicerie, essence, fournitures pour la maison et les enfants, sorties), qui totalisent 1300 $ par mois.

Dans le contexte de l'arrivée du nouveau bébé, Guillaume prévoit lancer doucement la machine avec des études à temps partiel durant l'hiver, pour poursuivre à temps plein dès la session d'été 2019.

Après quatre sessions consécutives à temps plein, il retournerait au travail à l'automne 2020.

Durant les deux ans que dureraient ses études, Guillaume prévoit que les droits de scolarité et les dépenses connexes s'élèveront à environ 10 000 $.

Selon le simulateur de l'Aide financière aux études, il pourrait obtenir une aide de 1600 $ par session.

Durant ses études, il croit pouvoir gagner 250 $ par semaine en travaillant à temps partiel.

« Auriez-vous une meilleure stratégie ?, demande-t-il. Serait-il plus sage de vendre la maison pour en trouver une moins chère et ainsi réduire l'hypothèque ? »

LES CHIFFRESGuillaume, 27 ans

Salaire : 70 000 $ par année

Compte courant : 8000 $

CELI : 47 000 $

Caroline, 27 ans

Salaire : environ 58 000 $ par année

Compte courant : 8000 $

CELI : 23 000 $

Allocation canadienne pour enfants : 2820 $ par année

Soutien aux enfants : 680 $ par année

MAISON

Prix : 358 000 $

Solde hypothécaire : 283 000 $ 

Mensualité hypothécaire : 1375 $ 

Impôts fonciers : 2900 $

LA SOLUTION

La planificatrice financière Josée Laframboise, de BMO Groupe Financier, s'est donc mise à calculer.



Ses premières pensées se sont portées vers la conjointe de Guillaume : Caroline peut-elle faire face à ses propres responsabilités financières pendant la période dangereuse où se conjuguent son congé de maternité et les études de son conjoint ?

« Je veux être sûre qu'elle arrive », dit-elle.

Sa part des dépenses communes (1410 $) et ses dépenses personnelles (1200 $) totalisent 2610 $ par mois.

En s'appuyant sur les relevés de la première maternité, la planificatrice estime que Caroline touchera des prestations parentales d'environ 2500 $ par mois après impôts, durant les 25 semaines les moins bien rémunérées de son congé.

Des estimations sommaires, sur la base des sommes que le couple touche actuellement, projettent pour deux enfants une allocation canadienne d'environ 6000 $ par année, et quelque 1300 $ pour le Soutien aux enfants. Elles ajouteront donc un peu plus de 600 $ par mois, pour un revenu mensuel total de 3100 $. 

« Elle arrive », prononce la planificatrice.

De ce côté, nous sommes rassurés.

La situation est plus délicate pour Guillaume.

LE CAS À L'ÉTUDE

Pour simplifier l'analyse, Josée Laframboise ne tient pas compte de la session à temps partiel de l'hiver 2019. Il continuera à travailler à temps plein, et ces cours ne réduiront pas substantiellement la teneur des quatre sessions à temps plein. Celles-ci s'étaleront comme suit : été 2019, automne 2019, hiver 2020 et été 2020.

Guillaume doit donc tenir pendant 16 mois. 

Il croit pouvoir gagner 250 $ par semaine en travaillant à temps partiel - un niveau de revenu pratiquement exempt d'impôt.

Il calcule qu'il touchera une aide aux études de 1600 $ par session, soit l'équivalent de 400 $ par mois.

Il maintiendrait ainsi un revenu d'environ 1400 $ par mois pendant les 16 mois de ses études à temps plein.

Le futur étudiant estime ses droits de scolarité et ses dépenses connexes à un total de 10 000 $ pour ses quatre sessions. Ses études lui coûteront donc 625 $ par mois. 

Il devra continuer à assumer sa part des dépenses communes, à hauteur de 1410 $. Il espère pouvoir réduire ses dépenses personnelles, mais nous supposerons qu'elles ne varieront qu'imperceptiblement.

« Il a donc 3335 $ de dépenses par mois, contre 1400 $ de revenus, constate Josée Laframboise. Le déficit est d'environ 2000 $ par mois. Où prend-on l'argent ? »

Guillaume peut-il s'appuyer sur la propriété familiale ? 

« Je ne peux rien faire avec l'hypothèque, répond-elle. Est-il possible de profiter de la valeur nette ? Peut-on jouer avec l'amortissement ? Non, car le prêt est trop récent. »

Guillaume ne veut pas non plus sacrifier sa maison.

« Il a des CELI de 47 000 $ », avance la planificatrice.

« Il pourrait sortir les sommes au fur et à mesure pour effacer le déficit. » Un déficit de 2000 $ par mois pendant 16 mois creuse un trou de 32 000 $. Le CELI y suffirait. Au contraire d'un REER, le retrait ne s'ajoute pas à son revenu imposable. Les sommes retirées peuvent y être réintroduites.

Pour donner un tampon supplémentaire, « il existe des marges pour étudiants, indique la conseillère. Il pourrait en faire la demande. Durant ses études, il ne paiera que les intérêts. »

« S'il manque d'argent !, ajoute-t-elle. Je crois qu'il pourra se débrouiller avec les CELI. »

Pour chaque dollar qu'il soustraira de ses dépenses personnelles, il réduira d'autant son déficit. 

Le compte est bon : « C'est faisable. »

Josée Laframboise, Planificatrice financière chez Groupe Financier BMO. Photo Ivanoh Demers, La Presse