Planifier sa retraite et les études de ses enfants après des problèmes financiers et une séparation représente tout un défi. Comment y parvenir ?

Le problème

Christina s'est récemment séparée du père de ses enfants de 7 et 8 ans. Les deux ex-conjoints ont eu leur lot de problèmes financiers au fil des ans. L'an dernier, ils ont fait une proposition de consommateurs. Ils doivent continuer de la payer jusqu'en juin prochain.

« Nous avons tous les deux étudié à temps partiel pendant que nous travaillions à temps plein, indique Christina. Il y a aussi eu la naissance des deux enfants et les congés parentaux. Nous n'avons pas diminué notre rythme de vie durant cette période. Nous avons donc accumulé les dettes de consommation. » Ils ont notamment dû vendre leur maison pour rembourser une partie de leurs dettes.

Depuis sa séparation, Christina a fait le ménage de ses finances et réduit ses dépenses. « J'aimerais bien ne pas avoir à les réduire davantage », note-t-elle. Mais elle tient à mettre de l'argent de côté en prévision des études de ses enfants. « Je veux les aider pour éviter qu'ils vivent le même genre de problèmes financiers que moi, insiste-t-elle. Mon ex-conjoint fait un beaucoup plus gros salaire que moi, mais il est du genre plutôt dépensier. Je ne pense pas pouvoir compter sur lui pour payer les études de nos enfants. »

Elle aimerait savoir si elle peut atteindre cet objectif en maintenant un rythme de vie satisfaisant. Elle veut aussi préparer ses vieux jours. « Je prévois prendre ma retraite à 57 ans, précise-t-elle. J'aurai alors droit au montant maximal de mon fonds de pension. »

Autre chose ? « J'aimerais faire un voyage de 2000 $ par an, indique Christina. Je doute toutefois que ce soit possible dans ma situation actuelle. »

Les chiffres

Salaire : 53 000 $ par an

Prestations gouvernementales pour les enfants : 5800 $ par an

Pension alimentaire : 2600 $ par an

Régime enregistré d'épargne retraite (REER) : 20 000 $ (épargne systématique de 190 $ par paie)

Régime de rentes du Québec (projeté à 65 ans) : 900 $ par mois

Dépenses : 3160 $ par mois

Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) : 36 000 $ (23 400 $ à partir de 65 ans)

Dette (voiture) : 25 000 $ (taux d'intérêt de 9 %, paiement jusqu'en 2025)

Proposition de consommateur : 150 $ par mois

La solution

Tout d'abord, Christina semble avoir bien repris ses finances en main. Son budget semble réaliste et il est équilibré, selon Christian Paré, planificateur financier chez Aisance gestion de patrimoine. Un très bon point de départ !

Évidemment, son fonds de pension lui donne un bon coup de pouce pour prévoir sa retraite. En plus, elle épargne de manière systématique dans des fonds de travailleurs, une bonne habitude !

Toutefois, comme Christina souhaite mettre de l'argent de côté pour les études de ses enfants, M. Paré lui suggère d'arrêter de cotiser à son REER. Elle pourrait plutôt privilégier le régime enregistré d'épargne études (REEE). « Elle pourra obtenir des subventions de 30 % des gouvernements. C'est très intéressant, fait valoir M. Paré. Si elle y investit 190 $ par paie pendant 10 ans, elle aura accumulé 64 220 $, subventions comprises. » Si on ajoute les rendements, la cagnotte pourrait facilement atteindre 80 000 $, selon lui. Un bon coup de pouce pour partir dans la vie !

Il lui suggère un REEE familial. Cela facilitera le transfert des sommes d'un enfant à l'autre si jamais l'un d'eux ne fait pas d'études postsecondaires. « Mieux vaut se tenir loin des régimes collectifs en raison de leur manque de flexibilité », prévient-il.

Et si jamais la somme accumulée était plus élevée que les besoins des enfants ? Christina pourra toujours récupérer son capital et les rendements pour les investir dans son REER.

Prévoir la retraite

Lorsqu'elle ne pourra plus cotiser au REEE, Christina pourra recommencer à cotiser systématiquement à son REER. Elle le fera jusqu'à sa retraite. « Cela lui permettra de toucher 76 % de son salaire net à partir de 57 ans, indique M. Paré. Pour le calcul, j'ai utilisé une espérance de vie de 95 ans, une augmentation du coût de la vie de 2 % par année et un rendement moyen de 3,2 %. »

Ses revenus seront donc un peu moins élevés, mais ses dépenses le seront probablement aussi. « Les enfants auront probablement quitté le nid familial et seront autonomes à ce moment-là », avance M. Paré.

Et le reste ?

Malheureusement, les projets de voyage de Christina ne sont pas réalistes pour le moment étant donné son budget. Toutefois, lorsqu'elle aura terminé de payer sa proposition de consommateur, elle pourrait mettre chaque mois une somme équivalente dans son compte d'épargne libre d'impôt (CELI). Elle épargnerait ainsi 1800 $ par année ! Cependant, il serait sans doute plus sage de l'utiliser pour constituer un fonds d'urgence avant de penser à voyager.

Par ailleurs, comme Christina s'est séparée récemment, M. Paré lui suggère fortement de rédiger son testament et son mandat d'inaptitude. Ou de les faire réviser si elle en possède déjà. « C'est prioritaire », insiste le planificateur financier. Ce serait également une bonne chose de revoir sa couverture d'assurance pour vérifier si elle convient toujours à ses besoins.

Finalement, Christina est encore jeune et plusieurs changements pourraient survenir dans sa vie. Elle devrait alors mettre à jour son budget et sa planification financière pour en tenir compte !

Vous planifiez un projet qui demande une utilisation judicieuse de votre argent ? Une nouvelle maison, l'arrivée d'un enfant, une année sabbatique, un changement d'emploi, le règlement de vos dettes ou la retraite ?

Pour nous écrire, cliquez ici.



Christian Paré, planificateur financier chez Aisance gestion de patrimoine. Photo Martin Chamberland, La Presse