Économiser pour la retraite est une bonne chose, mais encore faut-il en avoir les moyens. Après des années de vaches maigres comme travailleuse autonome, Caroline a finalement décroché un emploi payant, bien que précaire. Comment investir pour sa retraite ?

LE PROBLÈME

Pendant des années, les revenus de la femme de 52 ans ont varié entre 9000 $ et 20 000 $ par année. Son conjoint travaille aussi de contrat en contrat. Les bonnes années, ses revenus s'élèvent à environ 30 000 $. Le couple loue un appartement dans une coopérative d'habitation. « Nous avons peu de dépenses et je ne commencerai pas à faire de grands voyages à la retraite, souligne Caroline. Nous devrions conserver sensiblement le même train de vie. » Elle estime avoir besoin d'environ 26 000 $ par année pour bien vivre en payant sa part des dépenses du ménage. Pour l'instant, le couple n'a pratiquement aucune épargne pour sa retraite.

Travailleuse dans le domaine culturel, Caroline a décroché un emploi il y a un peu plus de deux ans, d'abord à temps partiel, puis à temps plein. « C'est un contrat renouvelable d'année en année, donc ça demeure un emploi précaire, souligne-t-elle. Mais j'aimerais beaucoup le conserver jusqu'à ma retraite. » D'ailleurs, elle a l'intention de continuer à travailler tant que sa santé le lui permettra.

Dans son nouveau poste, Caroline contribue à un régime de retraite privé à prestations déterminées basées sur les cinq années les mieux rémunérées. Compte tenu de son âge, elle craint que cela soit insuffisant. « Je ne sais pas si un REER est vraiment une bonne idée compte tenu de mon âge et du peu de temps qu'il reste avant ma retraite », note-t-elle toutefois.

Malgré l'augmentation de ses revenus et son absence de dettes, elle n'est pas arrivée à mettre de l'argent de côté jusqu'à maintenant. « Je pense que je serais capable d'épargner 200 $ par paie », juge-t-elle toutefois. Alors, par où commencer ?

LA SOLUTION

Bonne nouvelle, Caroline est plus près de son objectif pour la retraite qu'elle semble le croire. « À 65 ans, elle obtiendra 494 $ par mois du Régime de rentes du Québec et 585 $ de pension de la Sécurité de la vieillesse, ce qui fait 12 948 $ par année », souligne Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins. Ces montants pourraient être plus élevés si elle retarde sa retraite au-delà de 65 ans.

Quant à son régime de retraite, il est difficile de l'évaluer précisément puisque l'emploi de Caroline est précaire. Elle pourrait se retrouver de nouveau à temps partiel dans les prochaines années. « Si on calcule avec un salaire moyen de 40 000 $ par an, on pourrait estimer une rente annuelle de 12 000 $ », évalue avec prudence Mme Iermieri. En additionnant les prestations gouvernementales à cette rente, on obtient près de 25 000 $, alors que son objectif est de 26 000 $ par an.

Évidemment, si Caroline met plus d'argent de côté pour sa retraite, celle-ci n'en sera que plus confortable. Pour l'instant, le CELI semble toutefois un véhicule plus approprié pour elle que le REER, selon Mme Iermieri. Pourquoi ? À la retraite, les retraits du REER gonfleraient son revenu imposable et elle pourrait perdre certains avantages. Ce n'est pas le cas pour les retraits d'un CELI.

Dans les prochaines années, si Caroline constate que son salaire se maintient, elle pourrait aussi choisir d'investir dans le REER de son conjoint. « Il n'a ni fonds de pension ni épargne, souligne Mme Iermieri. Elle pourrait donc bénéficier de la déduction REER même s'il appartenait à son conjoint. Au moment du retrait, c'est toutefois lui qui serait imposé sur le montant. Comme il aura des revenus moindres, son taux d'imposition sera moins élevé. »

D'AUTRES PRIORITÉS

Cependant, avant même de penser à sa retraite, Caroline devrait épargner afin de se constituer un fonds d'urgence. « Quand les gens ont un emploi précaire, avoir un montant de côté permet de pallier les baisses de revenus quand elles surviennent, indique Mme Iermieri. En général, on recommande de trois à six mois de salaire. »

Caroline devrait également penser à mettre un peu d'argent de côté pour le remplacement éventuel de sa voiture, un modèle 2002.

Comme Caroline semble avoir de la difficulté à épargner malgré son augmentation de salaire, elle devrait mettre en place un virement automatique. « C'est vraiment une candidate idéale pour cela, lance Mme Iermieri. Il suffit de programmer, le jour de la paie, un virement d'un montant fixe qui s'en va directement dans un compte d'épargne ou un véhicule de placement comme le CELI. C'est ce qu'on appelle se payer en premier. Il n'est jamais trop tard et elle va être capable de se bâtir un certain capital de retraite. »

Quant aux assurances, il serait prudent d'y jeter un oeil. « Il faut voir ce qui est offert dans son assurance collective, si elle en a une, et un conseiller en sécurité financière pourrait l'aider à couvrir ses besoins supplémentaires s'il y a lieu », indique Mme Iermieri. L'assurance invalidité est notamment très importante en cas de problèmes de santé.

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins