Chaque samedi, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement.Cette semaine, Charles Lefebvre de Optimum Gestion de Placements.

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À votre avis, quel est l'évènement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Même si la saison n'est pas encore terminée, la publication trimestrielle des profits des sociétés américaines est en voie d'être l'une des meilleures depuis 2010. En effet, plus de 71% des sociétés composant l'indice boursier S&P500 ont publié des profits plus élevés que les attentes des analystes. Dans un environnement de taux d'intérêt réels faibles, voire négatifs, et où il y a peu d'inflation, on devrait s'attendre à une expansion des multiples cours-bénéfices et à une poursuite de la croissance des profits.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

Nous surveillons de près le secteur immobilier chinois. La crise financière de 2008 avait été largement anticipée par plusieurs indicateurs économiques sur le territoire chinois, notamment l'indice des propriétés: Shanghai Stock Exchange Property Index. La Chine est à ce jour l'un des principaux moteurs de la croissance économique mondiale. On ne peut donc pas ignorer ses effets sur l'activité économique nord-américaine. Le gouvernement chinois a récemment multiplié ses efforts pour freiner la hausse des prix de l'immobilier et améliorer l'accessibilité au crédit. Ses engagements ont porté leurs fruits, ainsi, l'indice Shanghai Stock Exchange Property Index est reparti à la hausse après avoir atteint un bas niveau en décembre 2011.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Nous aurions investi en actions canadiennes à dividende élevé et en croissance, ainsi qu'en obligations de sociétés américaines à haut rendement. À l'opposé de tous les ordres de gouvernement dans le monde, les bilans des sociétés nord-américaines sont bons. De plus, en ces temps plus difficiles, nous privilégions les revenus d'intérêts et de dividendes. Ces composantes du rendement total d'un portefeuille sont moins volatiles, bénéficiant d'un rendement composé supérieur à long terme.

Les entreprises canadiennes devraient profiter des effets d'une politique monétaire accommodante de plusieurs pays émergents, en particulier au Brésil, en Inde et dans une moindre mesure en Chine. De plus, dans un contexte économique favorable à court terme aux États-Unis, le taux de défaut des obligations américaines à haut rendement demeurera faible. Actuellement, le rendement moyen du fonds iShares High Yield Corporate Bond E.T.F (HYG), un panier d'obligations à rendement élevé, est de 7,19%, un revenu intéressant pour le risque encouru.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Il n'y a que très peu de placements que l'on voudrait éviter à tout prix, sauf ceux pour lesquels on entrevoit une forte probabilité de défaut. Toutefois, au cours actuel, les obligations du gouvernement canadien sont, sans surprise, peu alléchantes. Par exemple, le taux du dividende moyen sur le marché boursier canadien (2,81%) est supérieur aux taux d'intérêt sur les obligations fédérales d'échéance 10 ans (2,04%), ce qui a été assez inhabituel au cours des 50 dernières années. Bien que selon nous, la hausse des taux d'intérêt devrait être modérée d'ici la fin de l'année, une simple hausse de 0,30% sur un an est suffisante pour perdre, en capital, l'équivalent du rendement du coupon que vous déteniez sur une obligation de longue échéance (10 ans).

Charles Lefebvre est vice-président principal, titres à revenu fixe, chez Optimum Gestion de Placements inc., une société qui gère plus de cinq milliards d'actifs pour une clientèle institutionnelle et des fortunes privées. La société est une filiale du Groupe Optimum, une firme montréalaise spécialisée dans l'assurance de dommage, l'assurance vie, la réassurance vie et les services financiers, depuis 1969.