Vous avez déjà fait faillite? Votre dossier de crédit est complètement démoli? Vous n'arrivez plus à emprunter auprès d'une banque? Certaines sociétés promettent de redresser votre dossier de crédit... mais vous demandent l'équivalent de 300% d'intérêts.

Sur internet, le Groupe conseils Primex offre aux consommateurs mal-en-point de se refaire un nom. Sa méthode «garantie» permettrait de rétablir un bon dossier de crédit en deux ans.

«On vous offre la carte de crédit MasterCard Optimax», explique la représentante au téléphone. Il s'agit d'une carte sécurisée émise par Peoples Trust qui comporte des frais d'adhésion de 125$, puis des frais de maintenance de 5,95$ par mois.

Pour garantir la carte, le détenteur doit verser un dépôt de sécurité équivalent au montant de la limite de crédit, au minimum 500$. «Mais vous n'avez pas à débourser le 500$, parce que nous allons vous procurer un prêt du même montant avec un de nos partenaires financiers qui est Sofilco Finance», poursuit la représentante.

Ainsi, le consommateur se retrouve avec un prêt personnel, plus une carte de crédit, exactement ce qu'il faut pour rétablir son dossier de crédit, selon la représentante. «À chaque mois, quand vous allez faire vos paiements, dit-elle, nous allons faire les inscriptions chez Équifax et votre pointage va augmenter.»

Pour de meilleurs résultats, ajoute-t-elle, Primex offrira de relever la limite à 1000$ après six mois, puis à 2000$ après un an. Au bout de deux ans, le client atteindra un pointage de crédit respectable de 720 points.

Évidemment, il y a des conditions à respecter: utiliser la carte de crédit convenablement, ne faire aucun chèque sans fonds, aucune autre demande de crédit, etc.

«Même si votre pointage de crédit est pourri (ex: 500 points), même si vous avez fait faillite, nous garantissons le rétablissement de votre dossier de crédit en 24 mois maximum, sinon nous vous remboursons les honoraires professionnels... et ça ne nous est jamais arrivé encore», jure la représentante de Primex.

Karine Robillard, avocate chez Option Consommateurs, n'y croit pas. «Comment une entreprise peut-elle promettre de faire grimper le score? Les agences de crédit, comme Équifax et TransUnion, ne sont pas transparentes sur la méthode de calcul de leur pointage de crédit, dit-elle. Ce n'est que l'écoulement du temps qui permettra réellement d'améliorer le dossier de crédit.»

Mais ce sont surtout les frais exigés par Primex qui la font tiquer. Pour rétablir le crédit, Primex demande des «honoraires professionnels» de 692$ qui sont ajoutés au prêt de 500$ et financés sur 12 mois. Pour rembourser les deux montants, l'emprunteur doit payer 139,24$ par mois, incluant taxes et intérêts.

Sur un an, les paiements totalisent donc 1670,88$. Autrement dit, le client doit débourser 1170,88$ en frais de toutes sortes pour obtenir le prêt de 500$. Cela équivaut à un taux de crédit de 313%, a calculé Me Jean-Louis Renaud, avocat à l'Office de la protection du consommateur (OPC). C'est bien au-delà du taux légal de 60%.

Selon Me Renaud, les honoraires professionnels doivent être inclus dans le calcul du taux de crédit, en vertu de l'article 70 de la Loi sur la protection du consommateur. Commission, assurance, frais administratifs ou d'adhésion... peu importe l'appellation: «tout ce que le consommateur doit rembourser au dessus du capital entre dans le calcul du taux de crédit», insiste-t-il.

Mais le patron de Primex, Robert Trudeau, réfute ces calculs. Il affirme que les honoraires professionnels ne sont absolument pas des frais de crédit. Il explique que Primex n'est ni un courtier en prêt, ni une compagnie de finance, mais plutôt une société qui offre des services de rétablissement de crédit.

«Nous sommes très à l'aise de demander des honoraires. 692$, ce n'est pas cher pour travailler un dossier pendant deux ans», dit-il.

M. Trudeau souligne que Primex qui a servi 20 000 clients depuis 10 ans, n'a jamais fait l'objet d'aucune plainte de consommateurs à l'OPC. «Le fait qu'il n'y ait jamais eu d'offense démontre qu'on fait les choses comme il faut», dit-il.

Sofilco Finance qui détient un permis de prêteur depuis 2002 n'a jamais été la cible d'une plainte non plus. Mais l'automne dernier Sofilco s'est retrouvé sous la loupe de l'OPC. «Ce n'est pas que Sofilco Finance. Je fais affaire avec 12 compagnies de finance et il y en a neuf qui sont en vérification. Ils sont en train de regarder les permis de prêteurs», explique M. Trudeau.

Il ajoute qu'après les vérifications menées par l'OPC l'automne dernier, Sofilco a obtenu le renouvellement de son permis, le 5 mars dernier.