En dépit d'inquiétudes persistantes concernant l'endettement des ménages, la propriété domiciliaire devient plus abordable au Canada, laisse croire une nouvelle étude de la Banque Royale.

Le rapport indique que l'accessibilité s'est en fait améliorée dans les derniers mois de 2011 pour un deuxième trimestre consécutif, grâce à une baisse des prix des maisons et des gains de revenus.

Posséder une maison au Canada nécessite une même portion des revenus avant impôts qu'il y a un an, malgré que le taux d'endettement des ménages ait continué à croître et se trouve aujourd'hui à un sommet record de 153 pour cent du revenu disponible.

La propriété est même devenue plus accessible dans le marché très onéreux de Vancouver, quoiqu'il demeure le secteur au pays où il en coûte le plus cher.

«L'amélioration de l'abordabilité a été modeste en grande part, mais tout de même assez significative pour renverser la détérioration ayant frappé le marché au printemps de l'année dernière», affirme l'économiste en chef de la RBC, Craig Wright, dans un communiqué transmis mercredi matin.

«En ce moment, l'abordabilité au Canada est essentiellement au même niveau qu'il y a un an, et seulement un peu plus basse en moyenne que ce qu'elle a été sur le long terme», précise M. Wright.

L'étude montre que le taux d'abordabilité varie fortement d'un marché à l'autre. Le taux à Vancouver est en baisse de 4,6 points, à 86 pour cent, faisant de ce secteur de loin le moins accessible au pays. Le deuxième taux le plus élevé a été enregistré à Toronto, avec 52,2 pour cent.

Le taux à Montréal s'est établi à 40,1 pour cent. Parmi les autres figurent Ottawa, avec 40,9 pour cent, Calgary, avec 36,7 pour cent et Edmonton, à 32,8 pour cent.

La Banque Royale mesure la proportion du revenu avant impôts qu'un ménage doit consacrer aux coûts de possession d'une catégorie précise de propriété, selon les valeurs actuelles du marché. Un taux de 50 pour cent signifie qu'un ménage a dépensé la moitié de son revenu avant impôts sur les versements hypothécaires, les services publics et les impôts fonciers.

Plus tôt cette semaine, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a mis en garde de nouveau les Canadiens contre un endettement excessif et s'est dit surtout inquiet du marché des condominiums, particulièrement robuste à Vancouver et Toronto.

Reconnaissant qu'il y a eu un récent redoux dans l'immobilier, M. Flaherty a tout de même dit juger inquiétant le fort taux d'endettement.

«J'encourage encore les Canadiens à être prudent quant à l'ampleur de leurs dettes en termes de prêts hypothécaires, car les taux (d'intérêt) augmenteront un de ces jours», a-t-il argué.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a émis des mises en garde similaires, tandis que des institutions mondiales telles que le Fonds monétaire international (FMI) ont estimé que le marché au Canada était surévalué par 10 pour cent.

L'économiste de la Banque TD Derek Burleton a soutenu qu'il était temps pour M. Flaherty de resserrer la période maximale d'amortissement de 30 ans à 25 ans, ce qui tempérerait le secteur immobilier, mais pas assez pour causer des dommages.

M. Flaherty, qui a resserré les règles à trois reprises depuis 2006, n'a pas donné de signes d'être prêt à procéder une quatrième fois.

Dans ses perspectives émises lundi, l'Association canadienne de l'immeuble a dit s'attendre à un déclin du prix moyen des maisons de 1,1 pour cent cette année, à 359 100 $, tandis que les reventes augmenteraient d'un mince 0,3 pour cent.

Le rapport de la Banque Royale montre que l'accessibilité à la propriété s'est améliorée dans quasiment toutes les provinces et les villes au dernier trimestre de 2011.

Le Manitoba est la seule province à avoir enregistré une légère détérioration de l'abordabilité, tandis que le taux au Québec demeurait inchangé.