Pour faire face à un imprévu, il n'y a rien de tel que de garder un coussin équivalent à trois mois de salaire dans son compte bancaire, répètent tous les planificateurs financiers. Pour ceux qui n'y arrivent pas, les institutions financières offrent des marges de crédit et des services de protection contre les découverts. Cela évite de payer des frais exorbitants pour un chèque sans provision... ou d'être obligé d'aller voir papa en cas de pépin.

Après l'avoir dépanné, Daniel a suggéré à son fils de se doter d'une marge de crédit pour éviter d'être à court d'argent. Le jeune homme, qui est sur le marché du travail depuis plusieurs années, s'était tourné vers son père pour obtenir la somme nécessaire pour faire face à un imprévu.

Suivant le conseil paternel, le jeune homme se présente à sa caisse populaire. Il demande une marge de crédit, comme celle de son père. Mais la conseillère lui répond que Desjardins n'en offre plus, sauf pour des projets précis comme des rénovations. Elle lui suggère plutôt d'associer son compte chèque à sa carte de crédit: Desjardins virera automatiquement la somme nécessaire si jamais le compte se retrouvait à découvert.

Pour la marge comme pour le virement sur la carte, il n'y a aucuns frais lorsque le découvert s'applique, contrairement à la plupart des banques qui demandent jusqu'à 5$ chaque fois que le compte tombe dans le rouge.

Mais, avec le virement, les clients paient 19,9% d'intérêts dès le jour de l'avance de fonds sur la carte de crédit. Ce taux est pratiquement deux fois plus élevé que celui de la marge de crédit personnelle, à 10,5%.

Étonné par cette nouvelle politique, Daniel va lui-même aux nouvelles: «Ma conseillère me confirme que c'est effectivement la politique en vigueur», rapporte Daniel.

Pourtant, lui-même a une marge de crédit personnelle de 5000$, qu'il utilise occasionnellement depuis une vingtaine d'années. La marge le protège contre les découverts dans son compte transactionnel. «Vais-je perdre ce service?» redoute Daniel. La conseillère le rassure: il peut la conserver, car les anciens clients ont un «droit acquis».

Faux

Il n'en est rien. Cette supposée clause de droits acquis n'existe pas, nous a confirmé la porte-parole de Desjardins, Nathalie Genest.

En fait, Desjardins a fait le ménage dans ses marges de crédit en 2008. Le Mouvement avait alors plusieurs dizaines de milliers de «petites marges». «Mais on a réalisé que 80% de celles-ci servaient comme protection de découvert», dit Mme Genest.

Desjardins a donc lancé un autre service: le Virement en cas de découvert qui permet d'associer le compte transactionnel du client à sa carte de crédit Desjardins. Le taux d'intérêt s'élève à 9,9% pour la carte Or Modulo, à 11,8% pour les cartes à taux réduit, et à 19,9% pour les cartes régulières.

En moins de trois ans, la moitié des clients qui avaient une petite marge de crédit chez Desjardins ont migré vers ce service. Pourtant, Desjardins offre encore des marges de crédit personnelles, mais la limite de crédit minimale est de 5000$. Tout le monde y a accès, peu importe la raison de l'emprunt, pourvu que le dossier de crédit soit assez solide.

Il est assez surprenant qu'autant de clients aient choisi de payer 19,9% d'intérêt alors qu'il est possible de payer seulement 10,5% pour se prémunir contre des découverts. Hypothèse: le virement sur la carte de crédit évite de multiplier le crédit accordé. «La marge de crédit doit être prise en compte quand on veut refaire d'autres emprunts», souligne Mme Genest.

Mais, autrement, vaut mieux choisir l'option qui coûte deux fois moins cher d'intérêts.