Odette craint la retraite.

La femme de 64 ans a «peur du manque de revenu avec tout ce qui augmente sans arrêt».

Son conjoint de fait a 81 ans et souffre de la maladie d'Alzheimer. Il habite dans une résidence pour personnes en perte d'autonomie, qui lui coûte 2000$ par mois.

«Je suis inquiète, d'autant plus que ma santé laisse à désirer, explique Odette. Je suis sur le bord d'un épuisement, en raison de la maladie de mon conjoint, qui était tout récemment encore à la maison alors que je devais continuer à travailler.»

Son conjoint touche des rentes publiques et privées de 30 000$ et n'a aucun REER.

Odette reçoit pour sa part un salaire de 71 000$. «J'ai peu d'années de service et ma rente de retraite annuelle du bureau s'élèvera à environ 12 000$ brut», décrit-elle.

Elle partage avec son conjoint la propriété de sa résidence principale, qui vaut environ 325 000$. Elle possède seule une maison de campagne, évaluée à 200 000$. Elle détient enfin en REER des épargnes de 269 000$.

«Que dois-je faire? demande Odette. Vendre mon chalet que j'adore? Prendre cet argent pour acheter une rente viagère? Il faut que je m'assure de pouvoir payer mes frais d'hébergement et les frais connexes de mon conjoint. Conjuguer tout cela, essayer de planifier et prendre les décisions qui s'imposent pour ma retraite s'avère trop pour moi. Je ne sais pas vers qui me tourner pour avoir un portrait honnête de ma situation.»

Un peu de lumière

Guylaine Dufresne, directrice, planification financière, chez BLC Services financiers, l'a aidée à y voir plus clair.

Odette lui a confié que bien qu'elle s'inquiète des frais importants qu'occasionnent ses deux propriétés, elle souhaite malgré tout les conserver le plus longtemps possible. Sa maison lui coûte 8400$ par année en frais divers et entretien. Son chalet exige lui aussi des débours et des soins attentifs, à hauteur de 7600$ par année.

Odette désire maintenir à la retraite son coût de vie actuel, mais parce qu'elle ne tient aucun budget, elle est incapable de le chiffrer.

Toutefois, puisqu'elle paie la plupart de ses dépenses avec sa carte de crédit, ses relevés de compte mensuels lui permettent d'évaluer ses dépenses variables à une moyenne de 1200$ par mois. Elle estime en outre que ses dépenses payées comptant, au restaurant par exemple, totalisent 3600$ par année.

«Nous avons donc convenu que le coût de vie d'Odette s'élevait à plus ou moins 36 000$ par année, excluant le remboursement de ses passifs», indique notre planificatrice. Ce passif sera liquidé au cours des cinq prochaines années, pendant lesquelles Odette remboursera sa marge de crédit de 5000$ et les 15 000$ de créances de son conjoint. Ajoutons enfin une enveloppe de voyage de 3500$ par année, qui disparaîtra du budget au 75e anniversaire d'Odette.

Pour les besoins de son scénario, Guylaine Dufresne a placé la retraite d'Odette en janvier 2012.

Quels seront alors ses revenus?

«Elle ne pourra pas compter sur les revenus de son conjoint puisque ceux-ci serviront entièrement à payer les coûts de ses soins», relève notre planificatrice. En fait, pour lui assurer tous les soins nécessaires, Odette s'attend à devoir verser des sommes occasionnelles, incluses dans le coût de vie de 36 000$.

La PSV lui procurera 6290$ par année. La rente de la RRQ y ajoutera 11 520$. Guylaine Dufresne a pu établir que la caisse de retraite de l'employeur d'Odette lui verserait en fait une rente de 14 435$ en janvier 2012, somme non négligeable, mais qui ne représente que 20% de son salaire actuel. Cette rente ne sera pas pleinement indexée. Le pouvoir d'achat qu'elle procure diminuera donc au fil du temps, car Guylaine Dufresne inclut dans son scénario un taux d'inflation de 2,5%.

L'ensemble de ces rentes lui assureront ainsi environ 32 245$ par année, avant impôts.

Dès le début de sa retraite, Odette devra donc puiser 25 000$ par année dans ses REER, soit près de 10% de leur valeur actuelle. Ses investissements ne croîtront qu'à raison de 3% par année - un taux fixé à la demande d'Odette, qui se qualifie d'investisseur «ultra-prudent».

Vendre le chalet

À ce rythme, elle aura presque épuisé ses REER avant ses 80 ans. «Odette devra se résigner à vendre son chalet dans une quinzaine d'année, constate notre planificatrice. L'entretien de deux propriétés risque de toute façon de devenir une tâche assez lourde.»

En 2025, en supposant une appréciation au rythme de l'inflation, la vente de la propriété ajoutera environ 225 000$ à ses liquidités, une fois l'impôt sur le gain en capital acquitté. Une partie serait versée dans le CELI d'Odette, où elle n'aura encore rien déposé. Ses dépenses pour le chalet disparaîtront au même moment, ce qui diminuera d'autant son coût de vie.

Ces mesures permettront à Odette d'atteindre les 90 ans sans encombre, alors qu'elle possédera encore sa maison. «Une retraite dans quelques mois est sûrement réalisable», conclut la planificatrice.

«Je suggère fortement à Odette d'élaborer un budget plus précis, avise-t-elle toutefois. En effet, le budget s'avère un outil presque plus important à la retraite que pendant la vie active, car les revenus disponibles étant plus limités, une sous-estimation du coût de vie pourrait avoir des conséquences importantes sur l'avenir financier du retraité.»