Pas toujours facile de trouver de bonnes idées pour remplir le bas de Noël des êtres aimés. À la recherche de cadeaux durables, qui s'insèrent bien dans la chaussette sur le mur, et qui sont surtout d'une bonne valeur? Pourquoi pas des prospectus et des certificats d'actions? Comme l'an dernier, quatre spécialistes offrent leurs meilleures suggestions de produits financiers pour un budget de 5000$. Retour sur leurs choix de l'an dernier, et discussion sur le contenu de leur poche de cadeaux pour 2011. Ho ho ho!

François Bourdon

Vice-président et chef adjoint des placements, Fiera Sceptre

En rétrospective, François Bourdon s'est trouvé un peu chiche pour ses cadeaux de l'an dernier. «Il aurait fallu être plus agressif dans la répartition d'actifs, en achetant entre autres des actions ou de la dette des pays émergents. L'an dernier, nous n'étions pas convaincus que nous étions sortis de la déchéance de 2008.» Il compte se reprendre dès ce Noël avec une liste d'achats plus agressive, mais qui évitera le marché européen.

Par contre, le marché japonais est de mise avec le fonds négocié en Bourse EWJ. «Dans les 10 ou 15 dernières années, le marché japonais s'est toujours négocié à des ratios cours-bénéfices de 40 ou 50, explique M. Bourdon. Mais le ratio est maintenant à 16x. Et le Japon participe à la croissance en début de cycle (early-cyclical).» M. Bourdon offre également une bonne part d'obligations dans son bas de Noël. «Les taux ont monté, notamment du côté des obligations à long terme américaines. Des taux à 4,6% quand l'inflation est à 1%, ça donne des taux réels relativement élevés. C'est un bon actif pour diversifier le portefeuille.»

Des cinq cadeaux de M. Bourdon, trois s'achètent en dollars américains (incluant le EWJ, qui offre en fait une exposition au yen). M. Bourdon ne fait pas partie des pessimistes du billet vert. Certes, l'intervention agressive de la Fed aura un impact négatif à court terme sur la devise, mais les effets du stimulus fiscal devraient résorber cet impact sur l'ensemble de l'année.

Luc Girard

Directeur du groupe-conseil en portefeuilles, Valeurs mobilières Desjardins

La liste de Luc Girard est bien arrêtée: «Il faut absolument un iPad, un Xbox, un mini-PC avec puce Intel, un chèque-cadeau d'essence, un camion... et un peu de molybdène.» Mais qui a un bas de Noël aussi imposant accroché à son mur? Le fonds XLK, consacré aux plus grandes sociétés techno américaines, est une partie de la solution. Il expose à Apple (iPad), Microsoft (Xbox), IBM (mini-PC) et Intel. «La technologie a été abandonnée au début des années 2000. Pendant ce temps, les sociétés ont fait beaucoup de ménage. La demande pour les produits électroniques est là. C'est une belle occasion d'entrer dans ce marché.»

Pour l'essence, le chèque-cadeau pourrait faire l'affaire, mais des actions de Suncor pourraient rapporter davantage. «Le titre n'est pas cher et la société profitera des sables bitumineux. C'est une entreprise en santé, avec un beau potentiel, et les économies d'échelle découlant de la fusion avec Petro-Canada sont encore à venir.»

Le camion est un beau cadeau, surtout s'il est à l'effigie de Transforce, selon Luc Girard. «Dans le début des cycles économiques, c'est le secteur du transport qui repart en premier, note-t-il. C'est très positif pour Transforce.» Les estimations de bénéfices augmentent, les marges aussi, et le titre offre un rendement de dividende de 3,5%.

Quant au molybdène, difficile à trouver en magasin. Luc Girard suggère plutôt le titre de Thompson Creek Metals, qui se rapproche le plus d'une exposition pure au molybdène. Ce métal est utilisé dans les alliages pour renforcer l'acier, et il est très demandé en Chine et dans les marchés émergents.

Gabriel Lancry

Conseiller principal et gestionnaire associé à la gestion de patrimoine, ScotiaMcLeod

Comme les cadeaux qu'il a offerts l'an dernier ont été payants, Gabriel Lancry ne cherche pas à surprendre à tout prix au petit matin du 25 décembre. Il offre de nouveau trois des fonds de l'an dernier et continue de miser sur les marchés émergents.

Il opte d'abord pour des cadeaux de 1000$ dans le secteur des financières, des matériaux et de l'énergie. «On a vu le pétrole monter de façon assez intéressante, mais les pétrolières n'ont pas suivi cet ascendant de façon parallèle, observe-t-il à propos du fonds XEG (énergie). La hausse du prix du baril finira par se refléter sur les profits des entreprises et la valeur de leurs actifs.»

M. Lancry diversifie le contenu de son bas de Noël en misant sur les secteurs industriel et technologique aux États-Unis. «Ce sont des secteurs porteurs. Les entreprises vont devoir réinvestir.» Et nul besoin de se protéger contre les variations de la devise, croit le gestionnaire. «Je pense que le dollar canadien va rester autour de la parité.»

Du côté obligataire, il n'y a pas d'argent à faire, soutient M. Lancry. Ce sera même pire qu'en 2010, selon lui. À moins d'être très conservateur, il suggère d'y aller vers les pays émergents. Le fonds CWO est un fonds «pur BRIC», consacré aux économies brésilienne, indienne, chinoise et russe. Dans les trois premiers cas, la croissance devrait encore une fois être très intéressante. M. Lancry ne s'attend pas à grand-chose de la Russie, mais elle ne constituera que 6% du bas de Noël.

Marc L'Écuyer

Gestionnaire de portefeuille, Cote 100

L'an dernier, au moment de remplir son bas de Noël, les titres boursiers privilégiés par Marc L'Écuyer étaient déprimés. Et ils le sont encore, observe-t-il. «Ils n'ont pas été à la hauteur des attentes, mais ils gardent leur bon potentiel et je les conserverais». Cette année, M. L'Écuyer reste résolument axé sur le marché boursier mais change un peu sa stratégie. «On vise des secteurs plus défensifs et des titres aux dividendes élevés.» Car sur le plan économique, on est loin d'être sortis du bois, croit le gestionnaire.

Les États-Unis connaîtront certes une croissance en 2011, mais faute d'un plan précis de réduction du déficit, elle sera empruntée sur celle des années futures. Cela dit, la parité des devises offre à l'investisseur canadien des occasions d'acheter des entreprises américaines à des niveaux attrayants. «On cherche des multinationales américaines présentes dans les pays émergents, et pas trop risquées.»

Il nomme les Kraft, Colgate-Palmolive et McDonald's. M. L'Écuyer reste loin de l'euphorie de l'or, des produits de base et des actions de pays émergents. Il choisit des sociétés qui sont actives dans ces pays, mais dans la consommation seulement. «L'investissement a atteint des niveaux très élevés dans les pays émergents. Il faut maintenant que la consommation prenne le relais.»

Au Canada, M. L'Écuyer mise sur Rogers et la Banque Royale, qui retournent beaucoup d'argent aux actionnaires. «On ne fera pas de rendements astronomiques, mais on aura de bons revenus de dividendes», résume Marc L'Écuyer. Et ce bas de Noël permettra de se protéger à long terme contre l'inflation que pourrait générer la lutte à l'endettement.