Les populaires cartes-cadeaux sont soumises à des règles strictes depuis l'entrée en vigueur des nouveaux articles de la Loi sur la protection du consommateur (LPC), en juin dernier.

Cette réforme n'était pas du luxe, comme le démontre la mésaventure de Louise Beauchesne, au Spa le Finlandais, à Rosemère.

En 2009, la dame a reçu une carte-cadeau de 90 $ donnant accès aux bains pour deux personnes. Mais elle n'a pas été capable d'en profiter avant la date d'expiration, en avril 2010.

En août dernier, Mme Beauchesne a téléphoné au service à la clientèle. Face à son insistance, le spa a accepté de prolonger la validité de sa carte jusqu'à la fin de septembre, en inscrivant une note à son dossier.

Le 30 septembre, la dame arrive donc au spa, accompagnée d'une amie. Mais la réceptionniste leur refuse l'accès du spa parce que sa carte est expirée. Une autre responsable confirme que le dossier ne contient aucune note. Les deux clientes repartent bredouille.

Tout ça à cause d'une bête erreur de communication. « Effectivement, je vois dans les dossiers que nous vous avions donné jusqu'au 30 septembre. Je ne sais pas ce qui a pu se passer », a écrit la directrice des opérations du spa, en réponse à la lettre de plainte de Mme Beauchesne.

« Je peux vous laisser jusqu'à la fin de novembre », ajoute la directrice. Rien pour calmer la cliente, qui s'attendait à un dédommagement pour le temps perdu et la frustration vécue. En fait, la dame voudrait être remboursée, car elle n'a plus envie de retourner au spa.

Mais surtout, elle voudrait savoir : « Est-ce légal de mettre une date de péremption sur des cartes prépayées ? »

Depuis le 30 juin, les dates d'expiration sont interdites sur les cartes prépayées, ce qui inclut les chèques et les cartes-cadeaux. La règle s'applique sur toutes les cartes en circulation, y compris celles émises avant le 30 juin, dans la mesure où elles étaient encore valides à cette date.

Autrement dit, pour les consommateurs qui ont une carte qui expire après 30 juin 2010, la date d'expiration n'existe plus ! Mais pour ceux qui ont une carte expirant avant le 30 juin, comme Mme Beauchesne, il est trop tard. À moins que le commerçant fasse preuve de compréhension. Car après tout, pourquoi refuser de fournir un service, alors que le consommateur a déjà payé ?

Les spas passent le test

Selon un petit test mené par La Presse Affaires, les spas se plient de bonne grâce aux nouvelles règles de la LPC, même s'il reste encore un peu d'adaptation à faire.

> « Vos certificats cadeau sont valides pour combien de temps ? » leur avons-nous demandé, au téléphone.

> « Une nouvelle loi est passée, et le certificat est valide tant que vous l'avez en main », nous a dit le préposé du Spa le Finlandais.

> « Pour toujours ! » nous a-t-on répondu au Balnéa, de Bromont.

> « Il n'y a pas de date d'expiration », a répondu la préposée du Sky Spa, à Brossard. Et s'il y a une date d'expiration sur mon certificat-cadeau ? « Ce n'est pas grave, vous pouvez l'utiliser quand même », a ajouté la préposée.

> « Il n'y a plus de date d'expiration depuis l'entrée en vigueur de la loi », a expliqué le préposé du Scandinave, dans le Vieux-Montréal, même si le message téléphonique indique toujours que « toutes les cartes sont valides pour une période d'un an après leur date d'émission ». Un simple oubli qui sera modifié bientôt, promet le préposé.

> « Il n'y a plus de date d'expiration sur les cartes d'une valeur monétaire », nous a assuré la responsable d'Amerispa, qui compte une douzaine de centres. L'entreprise promet de modifier bientôt son site web qui dit encore que : « Une fois votre certificat-cadeau acheté, vous aurez un an pour l'utiliser ».

Mais,pour les forfaits de soins, AmeriSpa maintiendra une période de validité pour le prix. Si le prix du service monte, après cette période, le spa pourrait demander aux clients de payer l'excédent, comme le permet la LPC.

Lorsque la carte donne droit à un service, plutôt qu'à une valeur monétaire, le commerçant peut « demander la différence entre le prix du bien ou du service au moment de l'achat de la carte et celui en vigueur à la date où vous utiliserez la carte », expose l'Office de la protection du consommateur (www.opc.gouv.qc.ca).

Par exemple, si le prix de l'accès au spa passe de 50 $ à 55 $, le commerçant pourrait réclamer un extra de 5 $.