Le service: Deux billets d'avion aller-retour Québec-Paris   Le hic: Les passagers ont été confinés à leur siège parce que leur voisin était très handicapé «Les personnes handicapées ont le droit de voyager confortablement» - France, une lectrice de Québec   Au bout du compte: Le couple a demandé un remboursement de 150$ par billet, l'équivalent de la moitié du prix du segment retour. Par courtoisie, le transporteur leur a offert un crédit de 50$ par billet, applicable à l'achat d'un prochain vol.

L'espace réservé aux obèses et aux handicapés à bord des avions est un vieux sujet de polémique. Mais le débat a repris de plus belle lorsqu'un passager souffrant d'obésité sévère s'est vu refusé l'accès à bord d'un avion d'Air Transat, cet été.

En Europe, la question a aussi créé bien des émois, l'hiver dernier, quand Air France-KLM a décidé «d'encourager» les passagers obèses à réserver un deuxième siège, en leur offrant de payer 75% du tarif pour le billet additionnel, remboursable après coup si le vol n'est pas complet.

Aux États-Unis, où le tiers de la population est obèse, plusieurs transporteurs américains, comme Southwest, forcent carrément les passagers à acheter deux sièges s'ils sont trop corpulents pour abaisser les deux accoudoirs. Les lobbys ont dénoncé cette pratique jugée discriminatoire. Mais Southwest défend sa position: «Nous ne pouvions plus ignorer les plaintes des passagers qui n'avaient pas pleinement accès à leur siège à cause de l'empiètement du corps de leur voisin.»

Deux poids, deux mesures

Au Canada, il y a des règles précises. Mais elles ne s'appliquent pas à tous. Après avoir étudié les plaintes de passagers handicapés, l'Office des Transports du Canada exigé que Air Canada, Jazz et WestJet mettent en place la politique «une place, un tarif».

Depuis 2009, les transporteurs doivent offrir gratuitement une place additionnelle aux personnes handicapées qui ont besoin des soins d'un accompagnateur durant le vol, ou qui ont besoin de plus d'espace pour elles-mêmes en raison de leur obésité.

L'Office prévoyait alors que plus de 80 000 personnes pourraient se prévaloir de la politique, qui coûterait environ 7,1 millions par an à Air Canada, et 1,5 million à WestJet. Cette augmentation des coûts devait entraîner une hausse de tarif de moins de 1$ sur l'ensemble des billets vendus.

«Le Canada est le seul pays où il existe un programme de ce genre», précise Robert Palmer, porte-parole de WestJet. Mais le programme a ses limites. D'abord, les passagers doivent obtenir un certificat médical pour établir leur déficience, y compris l'obésité.

Mais surtout, la politique s'applique uniquement à Air Canada, Jazz et WestJet, et uniquement aux vols effectués à l'intérieur du Canada. Pour toutes les autres destinations, il faut payer des frais supplémentaires pour obtenir un autre siège.

Deux poids, deux mesures. Pourquoi? «L'Office a un mandat restreint», explique son porte-parole Alexandre Robertson. L'Office peut réagir seulement lorsqu'il reçoit des plaintes de passagers. C'est pourquoi il lui est impossible d'élargir la politique à tous les transporteurs canadiens et à tous les types de vols.

Huit heures coincés

Cela laisse en plan tous les Canadiens qui voyagent à l'étranger, notamment France, de Québec. À son retour de Paris, le 1er septembre, elle et son mari ont été confinés pendant presque huit heures à leur siège. Ils avaient deux places côté hublot. Du côté de l'allée, le siège voisin était occupé par une personne très handicapée et obèse. «C'était très embêtant. Il arrivait tout juste à baisser l'accoudoir. Il avait de la difficulté à baisser la tablette pour manger», raconte la dame.

D'une part, elle se demande pourquoi le transporteur n'a pas de sièges spéciaux réservés aux handicapés. «Ils ont le droit de voyager confortablement», dit-elle. D'autre part, elle se plaint de son propre inconfort. Elle a demandé un remboursement de 150$ par billet, l'équivalent de la moitié du prix du segment retour. Par courtoisie, le transporteur leur a offert un crédit de 50$ par billet, applicable à l'achat d'un prochain vol.

Pour les vols internationaux, «il n'y a aucune réglementation qui existe présentement concernant le traitement que les compagnies aériennes doivent offrir aux passagers corpulents ou handicapés», dit Pierre Tessier, porte-parole de Transat.

Transat demande aux passagers qui ont des besoins spéciaux de se manifester lors de la réservation, plutôt que d'attendre à l'embarquement. Il suggère aux personnes corpulentes de réserver un siège en classe supérieure, ou encore deux sièges en classe économique. Mais il ne peut pas les forcer à le faire, pour des raisons de discrimination.

Dans la mesure où l'appareil n'est pas complet, le transporteur tente d'asseoir les passagers qui ont besoin de plus d'espace, à côté d'un siège libre. Mais lorsque l'avion est complet, comme dans le cas de notre lectrice, il y a un problème... de taille.