Si vous faites seulement le paiement minimum de 3% sur votre carte de crédit, il vous faudra au moins 10 ans pour rembourser un solde de 1000$, sans faire de nouveaux achats. Et durant cette période, vous verserez presque 800$ d'intérêts. Le saviez-vous?

Peut-être pas... Mais à partir de maintenant, tous les détenteurs de cartes de crédit seront bien informés du délai requis pour s'acquitter de leurs dettes. Les émetteurs de cartes seront obligés d'ajouter ces renseignements sur leurs relevés de compte mensuels.

Il s'agit là d'un des nouveaux règlements que le ministre des Finances avait annoncés en septembre dernier et qui sont entrés en vigueur hier.

Ces mesures vont rendre «les produits financiers plus transparents pour les consommateurs», a déclaré Jim Flaherty.

Le ministre estime que les nouvelles dispositions feront en sorte que les Canadiens n'auront pas à «faire face à des coûts imprévus» et qu'ils «disposeront de renseignements clairs leur permettant de prendre de meilleures décisions financières».

«On est contents... mais on voudrait toujours plus», a commenté Elise Thériault, conseillère juridique chez Option consommateurs.

L'organisme croit que l'information sur les relevés de compte incitera les consommateurs à rembourser leurs achats plus vite. «Mais il aurait pu y avoir des mesures préventives», dit Me Thériault, comme l'imposition d'un paiement minimal plus élevé.

Elle rappelle que les émetteurs ont réduit, au fil des ans, le paiement minimum de 5%, à 3%, et même à 2% dans certains cas.

Ce faisant, elles ont étiré la période de remboursement et augmenté les intérêts que versent les détenteurs.

Moins d'intérêts

En vertu des nouvelles règles imposées par Ottawa, les détenteurs paieront moins d'intérêts.

Désormais, les émetteurs devront accorder un délai d'au moins 21 jours sans intérêt pour tous les nouveaux achats. Ce délai de grâce s'applique dans la mesure où le consommateur paie son solde en entier à la fin du mois courant. Autrement, les intérêts s'appliquent à partir du jour de l'achat.

Mais il sera interdit de faire perdre aux consommateurs leur délai de grâce, parce qu'ils n'ont pas payé le solde du mois précédent en entier. C'est ce qui ce produisait avec la méthode M2, utilisée par de nombreux émetteurs (Scotia, CIBC, BMO, TD, RBC, etc.).

«Maintenant, il est impossible de faire perdre aux consommateurs le bénéfice du délai de grâce pour leurs achats futurs, parce qu'ils n'ont pas payé au complet leurs achats passés», résume Me Thériault.

La vaste majorité des émetteurs ont déjà un délai de grâce de 21 jours. Par contre, certaines cartes de crédit de RBC Banque Royale et de Citibank Canada ne laissaient que 17 ou 19 jours de grâce aux détenteurs, selon l'Agence de la consommation en matière financière du Canada. Les émetteurs devront s'adapter.

Transfert de solde

Les nouvelles règles assainiront aussi les pratiques commerciales des émetteurs qui appâtaient les clients avec un faible taux (ex: 0,9%) sur les transferts de solde, les «chèques-cadeau» et les avances de fonds.

Or, les clients ne bénéficiaient jamais pleinement du taux promotionnel de 0,9%, sauf si le solde de leur carte était à zéro et qu'ils ne s'en servaient pour aucun achat.

En fait, les paiements mensuels du client servaient à rembourser le solde au taux d'intérêt le plus bas (ex: un transfert de solde à 0,9%), plutôt que les achats du mois courant au taux le plus élevé (ex: 19,5%).

Résultat: le client remboursait rapidement son transfert de solde à 0,9% et restait coincé avec des dettes à 19,5%.

À l'avenir, les émetteurs devront appliquer une partie du paiement à chacune des tranches dues, selon la proportion qu'elles représentent par rapport au solde impayé (par exemple, la moitié à 19,5%, l'autre moitié à 0,9% d'intérêt).

Option consommateurs aurait préféré que les émetteurs soient forcés d'attribuer 100% des paiements à la dette la plus coûteuse. «Ottawa a raté une belle occasion de mieux servir les consommateurs», estime Me Thériault.