Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Christian Cyr, de Natcan.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif de la semaine en Bourse?

Trois facteurs ou questions sont venus influencer le cours des marchés boursiers cette semaine, et qui ont fait en sorte que le sentiment est devenu beaucoup plus pessimiste qu'il y a quelques semaines. Qu'est-ce qui va arriver avec l'euro et avec l'Europe sur le plan fiscal et de l'endettement de certains États ? Qu'est-ce qui arrive avec la croissance asiatique, sera-t-elle toujours au rendez-vous ? Et qu'est-ce qui arrive avec la main-d'oeuvre et l'emploi aux États-Unis ?

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

Je suis rarement les indicateurs économiques parce que la majorité d'entre eux sont révisés par la suite. Je suis davantage les compagnies et les appels conférence. Une seule société en elle-même est un mauvais indicateur économique, mais il peut y avoir des éléments communs quand vous vous informez sur différentes sociétés, que ce soit des indications économiques ou des prévisions. Ce que je regarde aussi, ce sont les différentes tentatives de législation, aussi bien américaines qu'européennes. Bien souvent, après un débordement comme on a connu aux États-Unis par exemple, on assiste au retour du balancier. Il pourrait y avoir un sentiment de punition exercé à travers la législation de l'industrie bancaire ou d'autres industries. Et comme les économies sont fragilisées, peut-être que les barrières commerciales deviendront un peu plus strictes. Ce pourrait être dommageable à moyen ou long terme.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

J'achèterais des sociétés bien établies, peu importe le secteur. Pour la majorité des investisseurs, essayer de déterminer le moment propice pour l'achat d'une action, d'une économie, ou d'un secteur donné, est assez difficile. Je suggère aux investisseurs de choisir les compagnies avec lesquelles ils sont les plus confortables, qui ont un plan d'affaires plutôt simple, et porteur de croissance. Donnez-vous une cible pour l'acheter et une pour la vendre. Les occasions vont être là ou sont déjà là dans certains cas. Et il ne faut pas paniquer. Le plus dangereux, ce sont les réactions à court terme.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

J'éviterais les sociétés qui n'ont pas de revenus, et encore moins des profits, par exemple des sociétés qui ont des projets en développement dans les secteur minier ou énergétique. Ces sociétés ont besoin de capitaux. La source de financement a été fermée un bon bout de temps, s'est rétablie récemment, mais pourrait se tarir de nouveau si les marchés restent fragiles. La recherche de financement, via émission d'actions ou emprunts bancaires, pourrait donc être bloquée à court ou moyen terme.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement ?

Les marchés ont tendance à sous-estimer la résilience des compagnies. La majorité d'entre elles sont en bonne santé financière et 2008 leur a servi d'avertissement. Le niveau d'endettement a généralement baissé. Les fonds de roulement sont beaucoup mieux gérés. Les sociétés ne bâtissent pas autant d'inventaires et sont plus strictes en ce qui concerne les coûts. C'est une chose de dire qu'une société sera en croissance année après année en termes de bénéfices, fonds autogénérés et de revenus, mais c'en est une autre de penser que toutes les compagnies vont s'effondrer. Dans un environnement où les gens paniquent, un investisseur discipliné peut dénicher de bonnes compagnies à de très bons prix.

Christian Cyr est premier vice-président, Petite capitalisation, chez Gestion de portefeuille Natcan. Natcan offre des services de gestion à une clientèle institutionnelle. L'entreprise gère également plusieurs fonds communs de placement et portefeuilles de gestion privée. Elle compte près de 25 milliards de dollars d'actifs sous gestion.