Ressuscité lors du dernier budget provincial, le régime épargne-actions (RÉA II) revient doucement à la vie depuis neuf mois.

«Les modifications au programme ont porté fruit. On a vu un bel intérêt pour le programme. C'est un bon début», estime Michael Quigley, président du conseil du Fonds REA II de Natcan.

Dans les années 80, le RÉA a favorisé l'essor de plusieurs grands noms de Québec inc comme Cascades et Jean-Coutu. Mais il revient de loin. Le moratoire imposé en 2003 lui a coupé les ailes. Et les investisseurs n'ont jamais mordu au régime Actions-croissance PME (Accro) qui lui a succédé en 2005. On reprochait notamment à l'Accro de se limiter à de très petites entreprises (100 millions d'actifs et moins).

«En plus, on a relancé le RÉA II, en 2009, durant la pire crise des 80 dernières années. Ça va prendre un certain temps», ajoute M. Quigley.

Pour rendre le RÉA II plus attrayant, Québec a décidé ouvrir la porte aux sociétés dont les actifs s'élèvent à 200 millions maximum. De plus, la déduction d'impôt a été rehaussée à 150%.

«Les investisseurs ont été réceptifs. La bonification fiscale a donné un bon coup de main aux ventes. On est satisfaits, même si ce n'est pas facile de repartir la roue », dit Sébastien Le Blanc, de Cote 100, la seule autre firme à offrir un fonds RÉA II.

Bilan tiède

Le ministère des Finance dresse un bilan préliminaire tiède de la première année (incomplète) du RÉA II.

Au total, le régime a permis de récolter 21 millions en 2009, deux fois plus que l'Accro en 2008, mais bien moins que l'ancien RÉA qui amassait 70 millions par an, au début des années 2000.

En 2009, une seule entreprise a fait son entrée en Bourse avec l'aide du RÉA II. Il s'agit d'AAER, spécialiste des éoliennes, qui a obtenu 7,5 millions.

Or, la société a été assommée par une mauvaise nouvelle au moment même de l'émission. Elle a été obligée de vendre 15 millions d'actions à 50 cents, au lieu de 6,25 millions d'actions à 1,20 $. Les transactions sont présentement suspendues sur son titre qui vaut moins de 15 cents.

De leur côté, les deux fonds RÉA II ont moissonnés des capitaux de 13,6 millions.

Cote 100, qui a obtenu le feu vert du gouvernement durant l'été, a levé 2,1 millions (par rapport à quatre millions durant les bonnes années).

«On était tous craintifs qu'il n'y ait pas d'émissions intéressantes. Finalement, il y en a eu quelques-unes», assure le président de Cote 100, Guy Le Blanc.

Il a investi dans AAER et Pétrolia, mais surtout dans le Groupe CVTech, spécialiste des transmissions pour les véhicules, et dans le Groupe OpMedic qui oeuvre dans les traitements pour la fertilité, notamment avec sa filiale Procrea.

Le fonds RÉA II de Cote 100 a gagné 11,7% depuis sa relance à la fin d'avril.

Pour sa part, le Fonds RÉA II de Natcan a récolté 11,5 millions, pratiquement le double de l'année précédente.

Les sommes ont été investies dans sept entreprises, dont AAER et H2 Innovation, Noveko international, Technologies D-Box et CVTech qui constitue son plus gros placement (3 millions).

Depuis sa relance à la mi-mai, le Fonds REA II a gagné 12,6%.

Aide-mémoire: REA II

-Un investissement dans des titres nouvellement émis par une société REA II donne droit à une déduction d'impôt provinciale de 150%, ce qui équivaut à une économie d'impôt de 24% à 36% du montant investi, selon les revenus du contribuable.

Pour chaque 1000 $ d'investissement, l'économie varie entre 240 $ pour un contribuable dont les revenus sont de 35 000 $, et 360 $ pour des revenus de 80 000 $.

-La déduction est limitée à 10% du revenu annuel de l'investisseur.

-L'investisseur doit conserver ses placements deux ans. Dans l'intervalle, il peut vendre ses titres, dans la mesure où il réinvestit dans une autre société REA, à l'intérieur d'un délai de trois mois.

-Compte tenu de période de détention obligatoire de deux ans, le bonbon fiscal équivaut à un rendement annuel composé de 25%, pour un individu qui gagne 80 000 $ par an.

-Les deux fonds RÉA II sont fermés pour 2009. Les prochaines levées de fonds donneront droit à une déduction en 2010.

-En somme: le régime est intéressant pour les hauts salariés qui ont déjà maximisé leur REER, ou pour les retraités qui ne peuvent plus cotiser et qui ont les nerfs solides.