Voyages gratuits, remise en argent, primes-cadeaux... les émetteurs de cartes de crédit éblouissent les consommateurs avec des récompenses équivalentes à 1 ou 2% de leurs dépenses. Mais quand vient le temps d'obtenir les fameuses primes, c'est la déprime!

Par exemple, Raymond Banget a réalisé que les 180 BoniDollars qu'il a accumulés à l'aide de sa carte Visa Desjardins Odyssée sont moins intéressants que prévu. Les détenteurs de la carte obtiennent un BoniDollar par tranche de 100$ dépensés. Et chaque BoniDollar permet d'obtenir pour 1$ de prime. Autrement dit, le taux de remise est de 1%.

Avant d'échanger ses BoniDollars, M. Banget a fait sa petite enquête: «Je me suis amusé à comparer les prix dans le catalogue avec ceux d'un commerce. Certains articles coûtent 50% plus cher, ce qui fait que la valeur des BoniDollars est nettement inférieure à ce qui est annoncé (1%)», dit-il.

Pour en avoir le coeur net, La Presse Affaires a procédé à un test éclair en comparant le prix de cinq produits du catalogue web de Visa Desjardins, avec le prix du même produit dans un commerce sélectionné au hasard (Future Shop, Sears, Toys R Us).

Dans tous les cas, le prix est plus élevé dans le catalogue Visa. Parfois, la différence va du simple au double. Ainsi, on peut acheter un jeu de Monopoly pour 34$ chez Toys R US, alors que le jeu coûte 80$ en BoniDollars. C'est 135% de plus!

Pour une télévision HD qui coûte 554$ chez Future Shop, on demande 866$ en BoniDollars, soit 56% de plus.

Comment expliquer un tel écart?

«Nous n'avons pas le même pouvoir d'achat qu'un grand détaillant», répond Isabelle Durand, chef d'équipe à la mise en marché des produits aux particuliers chez Visa Desjardins.

Elle ajoute que les prix du catalogue sont établis une seule fois par année, à l'automne, et que Visa Desjardins ne peut pas rivaliser avec les soldes des grands magasins. Toutefois, elle assure que Visa Desjardins ne majore pas le prix des produits. «On ne fait pas de profit sur les objets. Ce n'est pas l'objectif», dit-elle.

Visa Desjardins n'est pas un cas unique, selon Mme Durand. Les prix des récompenses sont élevés dans les programmes de récompenses des autres émetteurs de cartes. Mais souvent, leur système de points est plus déroutant (ex: 5900 milles pour un aspirateur ou 11 000 points pour un iPod), si bien que les clients sont moins portés à comparer les prix.

Pour être certains d'en avoir pour leur argent, les détenteurs de cartes peuvent convertir leurs BoniDollars en chèque-cadeau (ex: Rona, Renaud Bray, Cora, etc.). «C'est comme de l'argent sonnant», dit Mme Durand. Mais Visa Desjardins perçoit des frais de livraison de 4$.

Autrement, les clients peuvent utiliser leurs BoniDollars pour réduire le coût de n'importe quel type de dépense de voyage (forfait, billet d'avion ou de train, hôtel, etc.) porté à leur compte Visa. Une belle façon de se gâter sans payer de frais, ni payer trop cher.

Mieux encore, les clients avertis peuvent appliquer leurs BoniDollars à des services financiers. Par exemple, ils peuvent payer une partie de leur assurance auto ou maison. Ils peuvent faire un versement supplémentaire sur leur hypothèque, afin de réduire le solde plus rapidement... et payer moins d'intérêts. Ou encore, ils peuvent cotiser à leurs REER, obtenir une économie d'impôt... et faire fructifier leurs BoniDollars à l'abri du fisc.

Un dernier conseil, en terminant. Tous ceux qui ne remboursent pas entièrement le solde de leur carte de crédit chaque mois devraient oublier les primes et se concentrer sur leurs paiements. À quoi bon obtenir 1% de remise si l'on paie 19,4% d'intérêts?