Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Richard Morin, de la firme Landry Morin.M.Morin est associé et gestionnaire de portefeuille chez Landry Morin. Il possède 25 ans d'expérience dans le domaine financier, dont sept ans en gestion de portefeuille. La firme qu'il a fondée en 2002 avec son associé Jean-Luc Landry gère des actifs d'une valeur de 100 millions de dollars.

Q: Quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse ?

L'annonce mercredi par Barack Obama d'un programme de réforme des marchés financiers. C'est important pour nous au Canada car souvent les initiatives américaines finissent par être adoptées ailleurs. Le programme vise à mieux protéger les consommateurs et à minimiser les conséquences des bulles boursières. On ne sait pas si ce programme aura du succès. Toutefois, si certaines des mesures annoncées cette semaine avaient été en vigueur l'an dernier ou au cours des dernières années, elles auraient probablement évité une partie des problèmes récents. L'ennui, c'est que la prochaine crise financière (voir plus bas) n'aura rien à voir avec celle qu'on vient de connaître et ses causes seront différentesQ:Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment ?

L'immobilier américain. On ne sortira pas de la crise tant que l'immobilier américain ne se sera pas stabilisé et n'aura pas commencé à reprendre un peu du poil de la bête. Les indicateurs récents sont positifs. Mais il faut faire attention, car les marchés ne sont pas linéaires. Il peut y avoir des rebonds et le patient est encore aux soins intensifs.

Q: Que feriez-vous avec 10 000 $ à investir ?

Il faut cibler le pétrole. La question n'est pas de savoir si on va en manquer, mais plutôt quand. Et quand nous allons en manquer, il va devoir y avoir un ajustement à la baisse de la consommation. Le signal pour réduire la consommation va être donné par la hausse du prix du pétrole. La récente hausse observée qui survient pendant la récession nous indique quel potentiel il a quand nous serons en période d'expansion économique et que la demande va augmenter. Une bonne façon de s'exposer au pétrole est d'investir dans l'indice de la Bourse de Toronto (le TSX 60 : fond indiciel XIU). On y retrouve 29 % d'énergie et 20 % lié au prix du gaz et du pétrole.

Q: Quel placement faut-il éviter ?

Les obligations gouvernementales à long terme. La prochaine crise qui va frapper les marchés en sera une de finances publiques. Dans le futur, nos gouvernements vont devoir payer plus pour financer leurs déficits. Ça frappe déjà les Américains. Les taux des obligations de 10 ans sont déjà passés de 2 % à 4 % aux États-Unis, ce qui est énorme comme fluctuation. Les gouvernements vont devoir payer plus, donc en conséquence le prix des obligations à long terme va descendre.

Q: Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus en ce moment ?

Pour un investisseur canadien, il faut parler des fiducies de revenus. Même si on ajuste les distributions en fonction des nouvelles règles fiscales qui entreront en vigueur en 2011, les fiducies offrent des rendements intéressants. Il faut toutefois être très sélectif. De façon générale, il faut cibler les émetteurs qui passent mieux à travers les cycles économiques. Je pense aux services publics, aux compagnies spécialisées dans les chauffe-eau ou à Gaz Métro, par exemple.

Veuillez noter que la chronique Plus Value prend relâche pour l'été.