Au terme de quatre ans d'études, c'est la dernière ruée de fin de semestre. La dernière charrette, selon l'expression consacrée...

Dans l'atelier des finissants de l'École de design industriel de l'Université de Montréal, les tables sont jonchées d'outils, de matériaux, de résidus de repas. C'est symbolique: un pot de colle blanche voisine une boîte de comprimés antiacide Tums.

Durant la nuit, les étudiants ont mis la dernière main à l'exposition des projets de fin d'études, dont l'inauguration aura lieu le soir même.

 

«Je ne sais pas si c'est l'effet de la récession, mais il y a un très grand dynamisme, cette année», observe le directeur de l'École, Luc Courchesne.

Les étudiants sentent peut-être qu'ils peuvent changer les choses, qu'ils les changeront un jour. Leur conscience sociale et environnementale imprégnera les entreprises qui les emploieront. Elle imprègne déjà leurs projets.

Comme celui de Juliana Alvarez, réalisé en collaboration avec l'Unité de pédiatrie interculturelle du CHU Sainte-Justine. Pour le triage des patients allophones, elle a conçu un outil de diagnostic graphique qui fait tomber les barrières de langage. Un système de pictogrammes colorés permet au patient et au soignant d'échanger et de s'approcher graduellement de la source du mal.

«Il y a beaucoup de projets de services, commente Luc Courchesne. On s'éloigne graduellement d'une approche de produits de série. Au lieu de travailler pour le service du marketing d'une entreprise, ils vont travailler pour la société.»

Même les jeux multimédias ont des vocations sociales. Olivier Allard a conçu un jeu de rôles en ligne à joueurs multiples qui, en récompensant les pauses, réduit le risque de dépendance qui touche 20% des mordus. De son côté, Inouk Samson a mis au point un système d'apprentissage pour l'école secondaire qui gravite autour d'un jeu vidéo.

«C'est dans leur génétique, leur karma de génération», lance Luc Courchesne.

Les projets de transport sont souvent communautaires, ou électriques et urbains, comme la petite bulle à trois roues de Guillaume Noiseux. Deux moteurs-roues à l'avant, une roue libre à l'arrière; le changement de direction est donné par la différence de vitesse ou de sens de rotation des roues tractives.

On veut se déplacer plus lentement? Pour réduire l'instabilité des bicyclettes et la crainte qu'elles suscitent chez certains, Francis Lambert a conçu un vélo-tricycle. Le train avant comporte deux roues reliées par un parallélogramme. Il demeure rigide à l'arrêt mais peut être débloqué pour permettre une inclinaison latérale. «Le mode stable, où le vélo se tient seul, facilite le démarrage, décrit Francis Lambert. Une fois lancé, le vélo peut se pencher en virage comme un vélo normal.»

Plus lentement encore? Les aides à la motricité - les déambulateurs, quoi - n'ont pas la cote auprès des personnes vieillissantes. Celui qu'a conçu Hélène Lafrenière est vif, vibrant: pattes arquées, panier et tablette, pochettes, porte-gobelet... Les poignées, ajustables en hauteur, sont recouvertes d'une matière souple phosphorescente, pour mieux repérer la déambulateur durant la nuit. De quoi faire des jaloux. «Ça aide les personnes âgées à mieux accepter l'objet, souligne l'étudiante, et ça contribue à ce que la société perçoive les personnes avec un déambulateur comme des personnes actives.»

Il y a 70 projets comme ceux-là. On les attend.

Pour jeter un coup d'oeil aux projets 2009: www.design.umontreal.ca/expo