À cause de la crise financière, plusieurs sociétés devront augmenter les contributions à leur régime de retraite. Ces ponctions grugeront leurs profits et, dans certains cas, entraveront la croissance de leur dividende et nuiront à la performance de leur titre en Bourse.

Qui sont les sociétés canadiennes les plus menacées? Souvent des entreprises plus anciennes qui comptent beaucoup de retraités. «Ajoutez à cela que plusieurs de ces entreprises oeuvrent dans un secteur en déclin et perdent constamment des parts de marché, et vous avez la recette d'une caisse de retraite à risque», indique Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale.

 

Pour en avoir le coeur net, il a décortiqué les petites notes relatives aux régimes de retraite dans les résultats annuels présentés par les sociétés en 2007.

L'étude fait ressortir les sociétés canadiennes qui ont les caisses de retraite les plus lourdes. En première position, on retrouve BCE (14,8 milliards d'actifs), suivi par le Canadien National, Air Canada et les grandes banques.

Mais la taille du régime n'est pas un mal en soi. Les banques, par exemple, affichent pratiquement toutes un des surplus. «L'impact du régime de retraite pour les banques à charte est marginal. C'est le moindre de leurs problèmes en ce moment», affirme Michel St-Germain, actuaire chez Mercer Canada.

Par contre, d'autres caisses de retraite accusent de larges déficits, comme celles de Nortel Networks (1,19 milliards), de Bombardier (1,18 milliard) et de BCE (849 millions).

Dans le cas de Nortel, le déficit du régime de retraite suscite maintenant plus de cauchemars chez les employés et les retraités que chez les actionnaires, qui ont déjà tout perdu dans la descente aux enfers de l'ancienne star des technos.

Depuis janvier, la société au bord de la faillite est sous la protection des tribunaux. En tant que créanciers non privilégiés, les bénéficiaires du régime de retraite risquent de perdre une partie de leur rente dans la restructuration de l'entreprise. Déjà, le versement de certaines allocations a été suspendu.

Mais au-delà du montant du déficit en dollars absolus, il faut s'attarder aux régimes qui affichent un lourd déficit en termes relatifs. Ici, on observe que le régime de Quebecor World renferme les actifs les plus faibles (80%) par rapport à ses obligations, c'est-à-dire toutes les rentes promises aux bénéficiaires.

Mais encore là, un ratio faible n'est pas toujours problématique. Certaines entreprises dégagent assez de profits pour renflouer le déficit en deux temps, trois mouvements.

Pour identifier les sociétés qui sont les plus sensibles aux aléas de leur caisse de retraite, il faut repérer celles dont les obligations du régime représentent plus de quatre fois les flux autogénérés libres (cash flow) ou encore plus de 25% de la valeur de l'entreprise, indique M. MacDonald.

Ces deux critères font ressortir le Canadien Pacifique, le Canadien National, Bombardier, Quebecor Inc et Quebecor World, CanWest, la Banque de Montréal et la Banque Laurentienne, ainsi que tous les fournisseurs de services de télécommunications.

Les contributions de certaines entreprises à leur régime de retraite pourraient devenir de vilains parasites qui grugeront leurs profits ou limiteront la croissance des dividendes. C'est le cas de Manitoba Telecom et de Bell Aliant. «Il est peu probable que ces deux sociétés augmentent leur dividende à court terme, en partie à cause de l'enjeu de leur régime de retraite», estime M. MacDonald.