Acheter un appartement? Vivre en résidence? «Ce sont des questions très souvent posées dans mon bureau, dit la notaire Denise Archambault. Selon mon expérience, les hommes qui vont en résidence s'habituent moins bien, s'isolent plus que les femmes.»

Certains gagnent une nouvelle (et relative) jeunesse dans une résidence où ils retrouvent contacts et activités sociales, alors que d'autres trouvent difficile de côtoyer une vieillesse plus avancée que la leur. Et il faudra encaisser le choc de la contraction de leur espace vital: «Déjà qu'on se défait de beaucoup de souvenirs en résidence, dans les prix abordables, ce sera beaucoup plus petit que dans un appartement», rappelle la notaire.

 

Comme notre lectrice Françoise, le père de Denise Archambault a fait face au dilemme condo/résidence, à 73 ans. Il a maintenant 81 ans et vit toujours dans son appartement. «S'il était en résidence, il serait mort depuis longtemps», lance la notaire. «Il se sent beaucoup plus en sécurité dans son appartement que dans sa maison. Ils sont quatre par palier et il connaît ses voisins.»

À l'inverse, l'agente immobilière Nicole Forget, forte de ses 23 ans d'expérience à Laval, favorise la résidence. «Je suis réfractaire à l'idée d'acheter un appartement quand on est parvenu à 72 ans, observe-t-elle. J'ai une large clientèle dans ces âges-là. Pour l'avoir vécu avec d'autres personnes, le gros problème d'une femme seule en appartement, c'est l'isolement. L'immeuble se vide, le jour. Si vous êtes encore sur le marché du travail où si votre conjoint est encore en vie, vous avez une vie sociale. Mais pour les gens âgés, c'est très ennuyant, à moins d'avoir une vie sociale très riche.»

Comment trancher? En se faisant soi-même une idée... «On incite les gens à visiter des résidences pour personnes totalement autonomes et des appartements en copropriété, pour voir ce qui existe sur le territoire», indique Karine Genest, de la FADOQ.

«On choisit un endroit où il n'y a rien à faire soi-même, avec une gestion organisée et une conciergerie permanente, conseille pour sa part Denise Archambault. Il faut un bon fonds de réserve, où on ne sera pas surpris par des cotisations extraordinaires.»

La notaire pousse encore plus loin l'investigation: «Qui habite l'immeuble? Qui seraient mes voisins?»

Quitte à visiter le garage: «Ça dit énormément, un garage», lance-t-elle en riant.