(Ottawa) Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, voit un rayon de lumière au bout du tunnel. La campagne qu’il mène pour juguler l’inflation commence à donner des résultats probants. Les dernières données de Statistique Canada sur l’indice des prix à la consommation (IPC), qui a progressé de 4,3 % en mars, alimentent l’espoir que « nous sommes en marche vers notre destination ».

Cette destination, c’est un taux d’inflation à environ 2 %, une cible qui devrait être atteinte d’ici la fin de 2024, a indiqué M. Macklem durant un témoignage devant le comité des finances de la Chambre des communes.

Statistique Canada a confirmé mardi que la croissance de l’IPC a continué de ralentir, passant de 5,2 % en février à 4,3 % en mars. À titre de comparaison, l’IPC avait atteint un sommet annuel de 8,1 % en juin 2022.

Ayant en poche ces données encourageantes avant son arrivée au comité, M. Macklem a indiqué aux députés que l’inflation, qui est à son niveau le plus bas en 19 mois, devrait continuer à diminuer d’ici l’été pour atteindre 3 % et s’établir à 2,5 % d’ici la fin de l’année.

L’inflation baisse rapidement et les données de ce matin montrent qu’elle est passée à 4,3 % en mars, et nous prévoyons qu’elle se situera autour de 3 % cet été. Nous sommes encouragés par cela, mais nous comprenons aussi l’importance de maintenir le cap et de restaurer la stabilité des prix.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

« Nous savons que notre travail n’est pas terminé tant que nous n’avons pas rétabli la stabilité des prix. La stabilité des prix est importante parce qu’elle rétablit les forces concurrentielles dans l’économie et permet aux Canadiens de planifier et d’investir avec la certitude que leur argent conservera sa valeur. Voilà la destination. Nous sommes sur la bonne voie et nous allons garder le cap », a-t-il aussi indiqué.

Au cours de la dernière année, la Banque du Canada a décrété huit hausses consécutives du taux directeur afin de réduire la demande et freiner la croissance des prix. Le taux directeur est ainsi passé de 0,25 % en février 2022 à 4,5 % en janvier dernier. La Banque du Canada a depuis décrété une pause afin d’évaluer l’impact de l’ensemble de ses mesures sur l’économie.

Selon M. Macklem, il sera possible d’atteindre l’objectif de ramener le taux d’inflation à la cible de 2 % si la croissance des salaires se modère et si les pratiques de fixation des prix des entreprises se normalisent. Il faudra également que la croissance des prix des services diminue.

Croissance supérieure aux attentes

Cela dit, M. Macklem a averti que la Banque du Canada pourrait devoir augmenter de nouveau le taux directeur si les circonstances économiques l’exigent pour ramener l’inflation à la cible de 2 %. Il a aussi évoqué la possibilité que les taux d’intérêt demeurent élevés plus longtemps si cela s’avère nécessaire pour rétablir la stabilité des prix.

Durant son témoignage, le gouverneur a noté que la croissance de l’économie canadienne au premier trimestre a été supérieure aux prévisions de la Banque du Canada. Le taux de chômage demeure ainsi près de son creux historique et les salaires continuent de monter dans une fourchette de 4 à 5 %. M. Macklem a indiqué que l’immigration record des derniers mois avait permis aux entreprises de pourvoir des postes un peu plus facilement.

Il a ajouté que la Banque du Canada prévoit un ralentissement de la croissance économique dans la seconde portion de l’année, mais qu’il est maintenant fort probable que le Canada évite une récession. « On se dirige vers un atterrissage en douceur de l’économie », a-t-il fait valoir.

« Le principal risque, c’est une récession à l’échelle globale. Si des tensions refont surface dans le secteur bancaire mondial, on pourrait voir un ralentissement mondial plus marqué et une baisse importante des prix des produits de base », a-t-il fait savoir.

Il a souligné que les récents budgets déposés par le gouvernement fédéral et les provinces n’auront pas pour effet d’alimenter outre mesure l’inflation.

« Notre tâche, à la Banque du Canada, c’est de ramener l’inflation à la cible de 2 %. Nous sommes encouragés par les progrès réalisés jusqu’à présent. Le fait que l’inflation devrait redescendre à 3 % cet été sera un soulagement pour les Canadiens », a-t-il dit.