Pour le cinquième mois consécutif, l’inflation a ralenti en mars pour s’établir à 4,3 %. À l’épicerie, la hausse moyenne des prix est passée sous la barre des 10 % pour la première fois depuis décembre 2022, mais se nourrir coûte encore très cher.

L’augmentation de l’Indice des prix à la consommation (IPC) en mars est la plus faible depuis août 2021. Au Québec, l’inflation s’affiche à 4,7 %, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne nationale. D’une année à l’autre, les ménages ont payé plus pour l’intérêt hypothécaire et moins pour l’essence, qui avait grimpé considérablement il y a un an.

À l’épicerie, les prix ont crû au rythme annuel de 9,7 % en mars, comparativement à 10,6 % en février, principalement en raison du ralentissement de la hausse des prix des fruits et légumes frais. Le prix des raisins et des oranges, par exemple, a diminué, de même que le prix des concombres et du céleri, selon Statistique Canada.

Pourquoi l’inflation alimentaire reste-t-elle aussi élevée ?

Le prix des aliments dépend d’une foule de facteurs, dont les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les mauvaises conditions météorologiques, la hausse du coût des intrants, les pénuries de main-d’œuvre et l’augmentation des salaires. « Contrairement aux tendances passées, bon nombre de ces conditions et pressions se sont produites simultanément », explique Statistique Canada, qui cite deux causes importantes qui ont entraîné l’augmentation généralisée du prix des aliments : la hausse du prix du pétrole et l’augmentation du prix des céréales à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

« Il y a toujours des risques sur l’offre [alimentaire], mais la tendance est encourageante, dit Marc Desormeaux, économiste principal de Desjardins. Le prix des aliments [dont ceux achetés au restaurant] a augmenté de 8,9 %, soit un rythme inférieur à celui des sept mois précédents », note-t-il.

À l’épicerie, la hausse annuelle des prix est passée de 10,6 % à 9,7 %, ce qui reste encore élevé, « mais les deux derniers mois sont encourageants », selon lui.

Qu’est-ce qui explique la baisse de l’inflation globale ?

L’inflation globale mesurée par l’IPC s’établit à 4,3 %, en baisse par rapport à 5,2 % en février. C’est l’augmentation la plus faible depuis 19 mois. C’est aussi la première fois depuis le début de 2020 que le taux directeur, actuellement de 4,5 %, est supérieur au taux d’inflation. La hausse des prix a ralenti dans l’alimentation, le logement et l’ameublement.

Le ralentissement de l’inflation annuelle s’explique aussi parce que les prix de mars 2023 sont comparés à ceux de mars 2022, qui étaient très élevés en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le pétrole, par exemple, a dépassé les 120 $ US le baril en mars 2002 alors qu’il s’échangeait autour de 80 $ US le baril le mois dernier.

La baisse du prix de l’énergie d’une année à l’autre est ce qui a le plus contribué à la baisse du taux d’inflation d’ensemble.

L’inflation de base, qui ne tient pas compte du prix de l’énergie et des aliments, montre aussi des signes d’apaisement. Sans les aliments et l’énergie, les prix ont augmenté de 4,5 % d’une année à l’autre en mars, après une hausse de 4,8 % en février.

En excluant le coût de l’intérêt hypothécaire, qui est en forte augmentation en raison de la hausse des taux d’intérêt, l’inflation est encore plus modérée, soit de 3,6 %.

Est-ce que la Banque du Canada peut dire mission accomplie ?

Certainement pas. À 4,3 %, l’IPC est encore plus de deux fois plus élevé que le taux cible de la Banque du Canada, qui est de 2 %. Le ralentissement de la hausse des prix encourage toutefois la Banque du Canada à prolonger sa pause dans la remontée des taux d’intérêt pour attendre qu’ils aient leur plein impact sur l’économie.

L’inflation devrait continuer à ralentir et atteindre 3 % à l’été, prévoit la banque centrale. C’est un scénario très probable, selon les économistes de la Banque Nationale, qui estiment que le prix des biens continuera de se modérer grâce aux chaînes d’approvisionnement plus fluides, aux réductions de prix des producteurs chinois et à la demande mondiale plus faible. « La proportion d’entreprises confrontées à des pénuries de main-d’œuvre a fortement diminué », notent Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, ce qui devrait atténuer la pression sur les salaires et sur l’inflation dans les services.

Est-ce que les taux d’intérêt pourraient baisser bientôt ?

Là-dessus, les opinions divergent. Pour les économistes de la Banque Nationale, l’inflation se rapprochera de la cible à la fin de l’année et le travail de la Banque du Canada est terminé. « Un assouplissement pourrait commencer au cours du dernier trimestre de l’année », avancent-ils.

« La Banque du Canada pourrait commencer à réduire ses taux à la fin de l’année, même si l’inflation n’est pas encore revenue à la cible, parce que l’économie aura suffisamment ralenti », croit de son côté l’économiste de Desjardins, Marc Desormeaux.

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