(Ottawa) Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, estime que le système financier doit s’adapter à des taux d’intérêt plus élevés, tout comme le reste de l’économie.

M. Macklem a abordé vendredi le sujet des tensions bancaires qui sont apparues aux États-Unis le mois dernier lors d’une conférence de presse tenue en marge des réunions du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, DC.

L’effondrement de la Silicon Valley Bank, suivie par ceux d’autres institutions financières, a suscité des inquiétudes quant aux conséquences d’un relèvement rapide des taux d’intérêt sur la stabilité financière.

Cependant, M. Macklem a souligné que le système financier devrait s’adapter à des taux d’intérêt plus élevés et que les banques centrales étaient « résolues à ramener l’inflation vers leurs objectifs ».

« Les ménages, les entreprises et les gouvernements doivent s’adapter à des taux d’intérêt plus élevés, tout comme le système financier », a-t-il déclaré.

Le gouverneur a admis que l’ajustement à des taux d’intérêt plus élevés pouvait être difficile pour le système financier, tout comme il pouvait l’être pour les Canadiens et les entreprises.

Les banques centrales ont relevé leurs taux d’intérêt de manière dynamique au cours de la dernière année, agissant de concert pour juguler la forte inflation déclenchée par la pandémie de COVID-19. La hausse rapide des taux d’intérêt s’est toutefois révélée difficile pour certaines institutions financières.

Dans le cas de la Silicon Valley Bank, ce prêteur californien de taille moyenne s’est retrouvé en difficulté après avoir parié que les taux d’intérêt resteraient bas. Au lieu de cela, les taux d’intérêt ont augmenté — la Réserve fédérale américaine ayant relevé à plusieurs reprises son taux de référence pour lutter contre l’inflation — et la valeur du portefeuille d’obligations de la banque a chuté. Lorsque ses problèmes ont été rendus publics, les déposants, inquiets, se sont rués vers la banque pour y retirer leur argent.

La faillite de la Silicon Valley Bank a été suivie par celle de la Signature Bank, à New York, deux jours plus tard.

Plus tard en mars, les autorités suisses ont poussé UBS à reprendre le Crédit suisse, un rival, après que le cours des actions de ce dernier a chuté et que ses déposants ont fui, faisant craindre une autre faillite.

Dans son rapport trimestriel sur la politique monétaire publié mercredi, la Banque centrale du Canada a commenté les récentes tensions bancaires, notant qu’elles contribueront à ralentir la croissance mondiale à mesure que les conditions de crédit se resserreront.

« Dernièrement, les coûts de financement des banques américaines ont augmenté, et certains acteurs s’inquiètent que les conditions de financement puissent encore se détériorer. Par conséquent, on s’attend à un certain recul des prêts bancaires, surtout ceux accordés par les banques régionales américaines, qui jouent un rôle important dans l’octroi de crédit aux petites entreprises », indique le rapport.

Malgré cela, M. Macklem a affirmé qu’il n’était pas d’accord avec l’idée que la stabilité des prix et la stabilité financière sont incompatibles et précisé qu’il était essentiel d’atteindre ces deux objectifs.

« Elles se renforcent l’une l’autre », a-t-il déclaré.

« La stabilité financière est une condition préalable à la stabilité des prix, et la stabilité des prix, la confiance dans la valeur de la monnaie, est essentielle à la stabilité et au bon fonctionnement du système financier. »

Le gouverneur a également souligné que la banque centrale disposait d’autres outils pour fournir des liquidités d’urgence au système financier en cas de crise.