Le mariage n’a jamais été un évènement particulièrement abordable. La soirée peut facilement coûter l’équivalent de 20 forfaits tout-inclus d’une semaine dans les Caraïbes.

Les amoureux qui décident quand même de s’offrir une grande fête romantique savent qu’ils devront composer avec l’inflation. Mais ils ne se doutent peut-être pas qu’un autre phénomène risque de faire grimper la facture… le « no show ».

Non, non, ce n’est pas une blague. Comme dans les restaurants, des invités ne se présentent pas au mariage où ils sont attendus. Tout simplement. Sans prévenir.

On ne parle pas d’une personne, de temps à autre, qui a une excellente raison médicale ou familiale pour être absente. Dans tous les mariages qu’elle organise, Valérie Bigras dénombre de 8 à 12 personnes qui ne se pointent pas. Pour les mariés, l’impact financier – et émotif – est énorme.

Nous discutions des meilleures astuces pour limiter le coût d’un mariage lorsqu’elle m’a ouvert les yeux sur cette nouvelle réalité qui l’exaspère.

« L’étiquette se perd de plus en plus, ce qui est très dommage. On dirait qu’aujourd’hui, on ne prend plus le temps pour rien... On répond oui et on attend de voir si on aura autre chose de plus intéressant », constate la fondatrice du salon virtuel La vie après le oui et organisatrice de mariages depuis 15 ans.

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Valérie Bigras, organisatrice de mariages expérimentée, coordonne le salon La vie après le oui, qui a eu lieu les 3 et 4 février 2024. Elle a plein de bons trucs pour mettre son argent à la bonne place.

C’est peut-être une question d’étiquette, peut-être une question de coût de la vie aussi. Assister à un mariage n’est pas gratuit. Tenue, chaussures, accessoires, cadeau de quelques centaines de dollars, déplacement, hébergement... On ne peut pas sonder tous les cœurs pour comprendre les raisons des désistements, mais l’argent doit faire partie de la liste dans le contexte économique actuel.

Chose certaine, cette tendance fâcheuse coûte une fortune aux mariés qui doivent payer le repas et l’alcool des absents. Quand 10 personnes font faux bond, la perte atteint facilement 2000 $. Il se peut aussi que les mariés aient payé dans le vide pour la location d’une table et de chaises de trop. De grâce, annulez tôt !

Les invités qui brillent par leur absence ne donnent évidemment pas de cadeau aux mariés, cadeau qui permet justement d’éponger une partie de la note. Ce manque à gagner s’ajoute aux effets de l’inflation qui a particulièrement propulsé le coût de la nourriture.

Un mariage coûte difficilement moins de 35 000 $, estiment les organisatrices de mariages interrogées dans la dernière année. Diverses études font état de factures allant de 20 000 $ à 50 000 $. Évidemment, le nombre d’invités, le choix du lieu, le prix de la bague et du voyage jouent pour beaucoup dans l’équation.

Pour réduire les risques de « no show », Valérie Bigras suggère d’inviter uniquement des personnes très proches. Ce sont surtout les collègues de bureau, les cousins et les amis moins intimes qui osent l’absence non motivée. Elle observe aussi que de plus en plus de jeunes mariés en manque d’argent facturent d’avance le repas à leurs invités. L’idée brise les traditions, mais allège le fardeau financier.

Le meilleur conseil financier de Valérie Bigras est cependant celui-ci : « savourez votre titre de fiancé pendant quelques années ». Cela vous donnera le temps d’économiser.

« On ne se marie pas à crédit. Sinon, on se magasine un divorce ! », plaide l’organisatrice, qui suggère parfois à des couples dans la vingtaine de reporter leur projet. Voilà qui est très sage au moment où le coût du logement grimpe sans arrêt.

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Valérie Bigras, fondatrice du salon virtuel La vie après le oui et organisatrice de mariages depuis 15 ans

Une fois l’épargne en poche, des choix stratégiques s’imposent pour ne pas se retrouver avec des dépassements de coûts dignes d’un chantier routier. La table pleine de bonbons à 400 $ n’est pas nécessaire. Pas plus que les cadeaux offerts aux invités. Vaut mieux investir dans la musique, car c’est l’ambiance qui fait toute la différence.

Pour la robe, c’est contre-intuitif, mais le sur-mesure est plus abordable que le prêt-à-porter, assure Valérie Bigras, qui se décrit comme une experte des prix après 15 ans dans le domaine. « Vous éviterez entre 300 $ et 800 $ de retouches. Le coût d’une robe variera de 1200 $ à 3000 $, à moins de vouloir de la guipure italienne ou espagnole. »

Avec de l’imagination, on peut réduire la facture du fleuriste en réutilisant les bouquets de la cérémonie comme centres de table. Il est possible de négocier avec le traiteur pour faire annuler ou réduire les frais de coupe du gâteau (3,50 $ par invité). Des astuces du genre, les organisatrices en ont plein leur sac, si bien que leurs services, au bout du compte, n’auront pas coûté très cher, paraît-il.

Il y a 10 ans, le coût d’un mariage était évalué à 25 000 $, selon une organisatrice citée dans un texte publié par Desjardins⁠1. C’est en regardant la répartition du budget de l’époque qu’on réalise combien les prix ont changé. Le budget pour le repas était de 60 $ à 100 $ par personne, ce qui se compare à 200 $ ou 250 $ de nos jours. Le coût du voyage de noces était estimé à 2000 $, ce qui ne permet plus d’aller bien loin.

Le plus drôle, c’est la somme allouée aux cadeaux pour les invités : entre 0,25 $ et 3,00 $ par personne ! Je me demande bien ce qu’on pouvait offrir comme présent avec un tel budget sans avoir l’air immensément radin et ridule.

Consultez le budget de mariage publié par Desjardins il y a une décennie