« Je sais que si on n’avait pas eu le droit collaboratif, ç’aurait été la guerre en cour », constate rétrospectivement Loïc Dehoux, à propos de son divorce. « Ça n’aurait pas été agréable du tout, parce que c’était difficile émotivement pour les deux. »

Sans parler des coûts d’un litige.

L’initiative de la séparation était venue de sa conjointe.

« Ça m’est tombé dessus, je ne m’y attendais absolument pas », confie-t-il, sans exprimer nul reproche.

Ils étaient ensemble depuis près de 20 ans, parents d’une fillette.

Ils ont fait appel à la médiation pour régler sans acrimonie les détails de l’inéluctable divorce. Ils ont tenu avec un médiateur trois ou quatre rencontres qui ne les ont pas rapprochés d’un centimètre. Car chacun se retranchait dans sa conviction d’être dans son bon droit.

« Pour l’enfant, la garde et tout ça, on s’entendait, ce n’était pas la problématique, dit-il. Dans notre cas, c’était vraiment sur le plan financier. »

Sa conjointe touchait un revenu de beaucoup supérieur au sien, explique-t-il pudiquement.

On s’est aperçu qu’on n’avançait pas, parce que le rôle du médiateur étant justement de faire de la médiation, il ne pouvait pas prendre parti. Et comme mon ex-conjointe et moi, nous tenions nos positions, c’était un peu compliqué pour lui.

Loïc Dehoux

Le médiateur a tout de même entrouvert une porte de sortie dont Loïc Dehoux n’avait jamais entendu parler : le droit collaboratif.

« C’est lui qui nous a parlé de se trouver chacun un avocat ou une avocate qui pourrait nous aider, mais dans un cadre où on allait discuter tout le monde ensemble autour de la table, plutôt qu’aller se battre en cour. »

Des avocates sensibles

Loïc Dehoux et sa conjointe se sont chacun trouvé un avocat – en l’occurrence deux avocates – qui pratiquait le droit collaboratif.

« Dès qu’on a rencontré nos avocates respectives, on avait un échéancier, on avait des objectifs à chaque rencontre, c’était encadré, décrit-il. On était trop émotifs dans le dossier, en fait, pour pouvoir avoir ce recul et ce dégagement-là. »

En somme, les deux avocates ont planifié l’itinéraire qui les mènerait à l’objectif que Loïc et son ex-conjointe étaient peut-être incapables de formuler clairement : « s’entendre sur une séparation de biens et une séparation en chiffres ».

Loïc Dehoux estime qu’ils ont tenu une dizaine d’heures en rencontre à quatre au fil de quelques mois ; « avec nos avocates respectives pour encadrer les discussions, pour que ça ne parte pas dans tous les sens et pour que ça ne dégénère pas », précise-t-il.

Chaque ex-conjoint préparait la prochaine rencontre avec son avocate, au téléphone ou en personne. « De mon côté, mon avocate était très disponible, relate Loïc Dehoux. Elle était à l’écoute pour moi, mais elle l’était aussi pour mon ex-conjointe. »

Même intérêt attentif et bilatéral de la part de l’avocate de son ex-conjointe.

C’est ce que j’ai ressenti : elles ont une sensibilité pour leurs clients, mais aussi pour le côté adverse, ce qui fait en sorte qu’elles aident à la compréhension de la problématique. En fait, elles aident à faire avancer les points qui accrochent parce qu’elles comprennent la situation.

Loïc Dehoux

Peu à peu, un accord s’est dessiné. Le bon droit a laissé place au bon sens, puis à la bonne volonté.

« De mon côté, mon avocate m’a fait distinguer ce qui était raisonnable de ce qui ne l’était pas, indique Loïc Dehoux. Et je pense qu’à l’opposé, l’avocate de mon ex-conjointe lui a fait comprendre la même chose. Et on est arrivés à une entente grâce à elles. Sinon, on serait restés sur nos positions, un peu comme on le faisait en médiation. »

Et ces positions auraient été défendues jusqu’en cour, à grand prix.

Le divorce, fût-il collaboratif, demeure une épreuve, reconnaît-il.

« On reste blessé, on reste fragile sur certaines choses. Mais je pense que parce qu’on avait l’aide des avocates, ça s’est quand même beaucoup mieux passé que si on avait été en cour devant un juge, où on se serait battus bec et ongles pour ce que chacun voulait. Et ce n’est pas souhaitable, évidemment, parce qu’on avait un enfant en commun. Même si on essaie de les préserver dans ce genre de situation, les enfants sont très observateurs et pour notre fille aussi, c’était difficile. Je pense que ça a aidé dans tous les sens, en fait. »