Mon dossier de la semaine dernière sur les changements au Régime des rentes du Québec (RRQ) entrés en vigueur le 1er janvier a suscité beaucoup de commentaires et de questions. De toute évidence, il s’agit d’un sujet hautement d’intérêt. J’ai soumis à Retraite Québec les interrogations les plus fréquentes. Voici les réponses obtenues.

Lisez notre dossier paru la semaine dernière

En lisant votre article, il semble y avoir une pénalité pour les années non travaillées jusqu’à 65 ans. J’envisage d’attendre jusqu’à 72 ans pour commencer ma rente. Pouvez-vous, dans un article complémentaire, éclaircir cette pénalité en chiffres ? J’aurai 60 ans en mai, j’ai une décision à prendre.

G. L.

Donc, si je cesse de travailler à 60 ans, que je vis avec mes REER et CELI jusqu’à 70 ans et que je demande seulement ma RRQ à 70 ans, je serai pénalisée car j’aurai des années sans revenus d’employeur, de 60 à 65 ans ? Aucun sens !

M. B.

Lorsque Retraite Québec calcule votre rente, elle ne tient pas compte de certaines périodes pendant lesquelles vos revenus ont été faibles ou nuls, et ce, jusqu’à un maximum de 15 % du total des revenus que vous avez gagnés pendant votre carrière. Cela correspond à 7 années de travail. Ainsi, les années pendant lesquelles vous ne travaillerez pas, de 60 à 65 ans, ne toucheront pas nécessairement votre rente de retraite de manière négative.

De plus, dès 65 ans, votre rente est protégée. C’est donc dire que les années entre vos 65 ans et le moment auquel vous demanderez votre rente ne seront également pas prises en compte dans le calcul si elles vous désavantagent.

Deux autres facteurs influencent à la hausse le montant de votre rente :

  • Chaque mois d’attente avant de demander votre rente fait en sorte que celle-ci augmente de 0,5 % à 0,6 % avant 65 ans et de 0,7 % après 65 ans.
  • Lorsque vous demandez votre rente, vos revenus sont convertis en dollars d’aujourd’hui pour effectuer le calcul. Ainsi, vous ne perdez pas votre pouvoir d’achat.

Retarder le moment de demander votre rente est avantageux, car vous profitez du fait que celle-ci augmente avec le temps et qu’elle prend de la valeur.

Mon conjoint a travaillé le plus longtemps possible (67 ans) afin que le montant de sa RRQ soit plus élevé à sa retraite. Selon sa croyance et l’information qu’il avait reçue, s’il décédait, j’aurais presque le même montant. Il est décédé en août dernier et le montant des rentes que je reçois est à peine 10 % du montant de rente qu’il recevait. C’est majeur cette situation pour moi.

M. C.

Un bénéficiaire d’une rente de retraite dont le conjoint décède recevra une deuxième rente : celle de conjoint survivant. Cependant, ces deux rentes combinées ne peuvent pas dépasser un montant maximal. Ce montant correspond à la rente de retraite maximale que le bénéficiaire pourrait recevoir en fonction de l’âge auquel il l’a demandée.

Ainsi, dans la présente situation, nous pouvons supposer que Mme C. recevait déjà, avant le décès de son conjoint, un montant de rente de retraite presque équivalent au maximum auquel elle a droit ; c’est pourquoi lorsqu’on combine sa rente de retraite et sa rente de conjoint survivant, le montant grimpe jusqu’au montant maximal, ce qui donne une augmentation, dans le cas présent, d’environ 10 % seulement.

Quels sont les calculs pour travailleurs autonomes qui doivent payer la part de l’employeur, donc le double, pour savoir s’il est préférable de continuer à contribuer après 65 ans ?

M. P.

J’ai plus que 65 ans et je n’ai pas encore demandé la RRQ. N’est-il pas évident que puisque je paie le double (travailleur autonome), il serait beaucoup moins avantageux pour moi d’attendre de demander la rente ?

J. D.

À partir d’un certain âge, qu’on appelle l’âge de récupération, le montant des prestations qu’une personne aura reçues en supplément à la rente de retraite deviendra plus élevé que les sommes versées en cotisations pour avoir droit à ces prestations. Le temps nécessaire pour qu’une personne de 65 ans qui commence à recevoir un supplément à la rente de retraite atteigne l’âge de récupération est estimé à 9 années pour les personnes salariées et 17 années pour les travailleuses et travailleurs autonomes.

Retarder le moment de demander sa rente demeure généralement avantageux, mais une personne qui est travailleur autonome met plus de temps qu’une personne salariée à « rentrer dans son argent ». En effet, étant donné qu’une personne qui est travailleur autonome verse les deux parts de la cotisation, elle atteint le seuil de rentabilité de sa cotisation moins rapidement qu’une personne salariée.

Toutefois, si vous avez une espérance de vie élevée, notamment en fonction de votre état de santé, il pourrait être avantageux pour vous de continuer de retarder le moment où vous demanderez votre rente de retraite. Puisque la situation de chaque personne est unique, il est toujours préférable de se faire accompagner dans sa réflexion par un planificateur financier.

Que se passe-t-il avec un employé de l’État (RREGOP et autres) si je décide d’attendre de prendre la prestation de la RRQ à 72 ans ? Est-ce que mon montant de ma RREGOP sera quand même amputé à 65 ans jusqu’à 72 ans ? Si j’attends à 72 ans avant de réclamer ma prestation de RRQ, le montant de la RREGOP sera-t-il amputé avec le nouveau montant de prestation ?

R. G.

Le montant de la rente du RREGOP n’est pas influencé par le montant de la rente de retraite du RRQ, et ce, peu importe à quel moment vous demandez à recevoir votre rente de retraite du RRQ.

Si vous commencez à recevoir votre rente du RREGOP à 60 ans, celle-ci sera d’un montant X jusqu’à vos 65 ans. À partir de vos 65 ans, ce montant diminuera, tel que le prévoit le RREGOP ; c’est ce qu’on appelle la coordination avec le RRQ. Le RREGOP prévoit cette coordination puisque dès vos 65 ans, vous avez accès aux régimes publics, comme le RRQ. Jusqu’à votre décès, vous recevrez le même montant du RREGOP, et ce, peu importe le moment auquel vous demandez votre rente du RRQ.

Plus vous attendez pour demander votre rente du RRQ, plus celle-ci augmentera. Il en est de même pour tous les bénéficiaires, qu’ils reçoivent une rente du RREGOP ou non. Ainsi, même si vous demandez votre rente de retraite du RRQ à 72 ans, votre rente du RREGOP ne diminuera pas davantage.