Il s’est dit et écrit beaucoup de choses sur les conditions de travail des enseignants ces dernières semaines. Les salaires ont fait les manchettes, mais il a aussi été question des vacances sur les réseaux sociaux. Des publications abondamment partagées ont dénoncé l’absence de congés rémunérés par l’employeur, malgré la Loi sur les normes du travail. Les fameux « deux mois de vacances payées l’été » qui font tant de jaloux ne seraient qu’une vue de l’esprit. Vraiment ?

« Nous n’avons aucun congé payé par l’employeur. Nous finançons tous nos congés (vacances et fériés) à partir de notre propre paie », a écrit Valerie dans une publication intitulée « Fonctionnement réel du salaire des profs » qui a suscité beaucoup de réactions sur Facebook.

« Ceci rétablit les faits. Pour ceux et celles qui envient nos vacances, dites-vous qu’elles sont toutes à nos frais », a commenté un internaute qu’on devine être un enseignant.

Une autre réaction parmi tant d’autres : « Ils ont zéro semaine de vacances payées alors que même un ado qui travaille au Subway va avoir 2 semaines ».

Des débats sur la rémunération des enseignants ont aussi éclaté sur le réseau social X : « Les profs ne sont pas payés à Noël, ni à la relâche et ni l’été ». L’affirmation n’a toutefois pas convaincu tout le monde. « Mais c’est de même pour tous les employés ! Nos vacances sont une part de notre salaire prélevée tout au long de l’année. »

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Alors qui dit vrai ? Les enseignants ont-ils la particularité d’être contraints à « financer leurs vacances », pour reprendre leur expression ? Qu’en est-il des autres travailleurs, payés à l’année et à l'heure ?

À la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), on m’a d’abord prévenue que la rémunération des profs est l’une « des plus complexes », ce qui peut provoquer de la confusion et de la frustration, surtout parmi les plus jeunes. Ça se résume ainsi : « Tu travailles, t’es payé. Tu ne travailles pas, tu n’es pas payé », m’a dit Benoît Giguère, vice-président aux relations de travail de la FAE.

Puisqu’ils travaillent 200 jours par année, les enseignants sont payés pour 200 jours.

Depuis 1997, la rémunération est toutefois étalée sur toute l’année, soit 26 paies.

Ainsi, lorsque l’école est fermée, en raison d’un férié, de la relâche, de Noël ou de l’été, les enseignants reçoivent quand même un revenu. Cette méthode, imposée par le gouvernement de Lucien Bouchard, n’est pas remise en question, indiquent la FAE et la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ). Au contraire, règle générale, leurs membres y sont favorables parce que ça facilite grandement la gestion du budget.

Pour permettre cet étalement, le salaire annuel n’est pas divisé par 200, mais plutôt par 260, ce qui correspond au nombre de jours ouvrables dans une année (52 semaines x 5).

L’actuel salaire de 92 027 $, au sommet de l’échelle, équivaut à 347 $ par jour (1/260e) ou 460 $ par jour (1/200e).

Sur leur paie, les professeurs reçoivent le plus petit montant des deux. La différence leur permet d’obtenir 26 paies par année. C’est probablement cette façon de faire qui donne l’impression aux enseignants de financer leurs vacances.

Mais ce qu’il faut savoir, c’est que ça fonctionne de la même manière pour tous les travailleurs qui ont un salaire annuel.

Lorsqu’on est payés à l’année, on ne reçoit pas un extra de son employeur pendant les vacances. « Ça ne marche pas comme ça ! L’employeur qui accepte de donner, disons, 100 000 $, que ce soit pour 48 semaines de travail ou pour 40, il verse une rémunération pour retenir les services de la personne toute l’année », explique Louise Overbeek, maître d’enseignement au département des sciences comptables à HEC Montréal.

Le talon de paie des professeurs est cependant différent de celui d’autres employés payés à l’année, ce qui brouille sans doute les cartes.

Imaginons un informaticien qui gagne 92 027 $. Sur le document fourni par son employeur, une certaine proportion de son salaire annuel est inscrite à la ligne « vacances » et une autre se trouve sur la ligne « fériés ». De leur côté, les professeurs observent plutôt que 100 % de leur rémunération de 92 027 $ est versée en « salaire ».

Mais au bout de l’année, concrètement, ça ne change rien du tout. Les deux professionnels obtiennent exactement le même montant d’argent, qu’ils aient eu 2, 4 ou 12 semaines de vacances. Bien entendu, cela est conforme aux Normes du travail.

Les choses sont différentes dans le cas de cet adolescent qui travaille chez Subway. Parce qu’il est payé à l’heure, il accumule un montant additionnel pour ses vacances au fil du temps. C’est ce qu’on appelle communément le 4 %. Ce montant versé par l’employeur au travailleur en congé s’ajoute à la rémunération ordinaire.

À compter du 1er avril, les enseignants du primaire et du secondaire qui sont au sommet de leur échelle salariale toucheront 100 280 $, soit 501,40 $ par jour travaillé, même si les talons de paie indiqueront plutôt 385,69 $.