La grève n’aura pas été vaine pour les employés de l’État. Les syndicats ont obtenu une entente salariale satisfaisante, parvenant à doubler les offres d’abord mises sur la table par le gouvernement.

Certains groupes d’employés franchiront même la barre magique des 100 000 $ dès avril prochain, comme les enseignants et les infirmières bachelières au sommet de l’échelle. Je donne le détail pour huit différents postes plus loin.

La hausse négociée est d’un minimum de 17,4 % sur cinq ans, mais elle pourrait être supérieure si l’inflation dépasse les offres proposées au cours des trois dernières années du contrat. Surtout, en ajoutant l’effet composé d’une année sur l’autre, la hausse de 17,4 % se transforme en augmentation de 18,6 % sur cinq ans. Quand même !

Le principal atout pour les employés est le versement, dès la première année, d’une bonification salariale de 6 %, à laquelle s’ajoute une hausse salariale de 2,8 % pour l’année qui débutera le 1er avril prochain, dans moins de trois mois.

En ajoutant l’effet composé, donc, le chèque de paye brut annuel des employés de l’État bondira de près de 9 % en avril pour ceux qui sont au sommet de l’échelle salariale. Pour les autres, il faut ajouter à ces 9 % la hausse déjà prévue de leur échelon, souvent de plus de 4 %.

Ces conditions salariales sont celles négociées à la table centrale du Front commun, dévoilées officiellement dimanche par les syndicats qui en faisaient partie. Les autres conditions, comme la composition des classes, n’ont pas encore été dévoilées.

Ces conditions salariales s’appliqueront aussi aux membres des autres syndicats, comme les infirmières de la FIQ, bien que ces dernières n’aient pas encore paraphé d’entente de principe. Il ne saurait y avoir deux échelles de salaires, l’une pour les infirmières de la CSN et de la CSQ et l’autre pour celles de la FIQ, bien qu’elles soient dix fois plus nombreuses.

Concrètement, les enseignants du primaire et du secondaire qui sont au sommet de leur échelle salariale – après 13 ans – toucheront 100 280 $ à partir du 1er avril prochain. Le précédent sommet, en avril 2022, était de 92 027 $.

En plus, ils recevront un paiement rétroactif de quelque 5500 $ pour combler la période sans hausse salariale entre avril 2023 et avril 2024.

Avec les majorations subséquentes, le salaire des enseignants au sommet grimpera jusqu’à 109 151 $ le 1er avril 2027.

Les infirmières bachelières qui travaillent de jour suivront une courbe semblable, sans la prise en compte des diverses primes et autres conditions sectorielles que les syndicats ne veulent dévoiler qu’à leurs membres pour l’instant (ou qui sont encore en négociations, avec la FIQ).

Les quelque 2000 psychologues à temps plein verront leur paye s’écarter des autres employés au fil des ans, grâce à des bonifications additionnelles de 16,5 %. Il faut dire qu’ils ont une plainte sur l’équité salariale depuis huit ans – les psychologues sont surtout des femmes – et que plusieurs partaient pour le privé.

En avril, le salaire des psys du public au sommet passera donc à 123 383 $ pour une semaine de 35 heures, puis à plus de 134 000 $ au terme du contrat, en 2027.

Est-ce une bonne entente salariale pour les 540 000 employés de l’État ? Il faut répondre oui à cette question.

Certes, avec un bond de 8,8 % pour les deux premières années, les syndicats n’ont pas obtenu les 11,3 % qu’ils réclamaient, hausse qu’ils jugeaient comparable à l’inflation. L’entente est tout de même supérieure aux 6,6 % qu’offrait le gouvernement pour ces deux mêmes années. On a coupé la poire en deux.

De plus, sur cinq ans, les employés ont obtenu une protection contre l’inflation pour les trois dernières années de l’entente et marqué des points sur les avantages sociaux (vacances, assurances, droits parentaux).

Et il appert que d’autres gains – encore non divulgués – ont été faits aux tables sectorielles, par exemple concernant la composition des classes dans le secteur de l’éducation.

La première offre du gouvernement, ne l’oublions pas, était de 9 % sur cinq ans, et le jeu des négociations l’a fait doubler, à 17,4 %.

Lors des négociations précédentes, rappelons-le, les employés avaient obtenu 6 % sur trois ans (2020-2022) et 8,7 % sur cinq ans (2015-2019).

Au cours des prochains jours, les syndiqués verront le détail des offres et voteront. Il faut espérer qu’ils adoptent les ententes de principe – généralement recommandées par leurs syndicats – et que le Québec tourne la page sur cette période turbulente.

Viendra ensuite la rédaction précise des textes entre les parties patronales et syndicales, qui prendra probablement plus de trois mois. Les hausses salariales ne viendront donc qu’après ces étapes, vraisemblablement donc pas avant avril ou mai.