Augmentation salariale de 17,4 % sur cinq ans, régime de retraite amélioré, bonification des primes pour les ouvriers spécialisés : le Front commun a dévoilé dimanche les principaux paramètres de l’entente de principe qu’il soumettra à ses membres dès la mi-janvier.

Les grandes lignes de l’entente ont été présentées au terme de consultations survenues au cours des derniers jours au sein des instances intermédiaires du regroupement.

Désormais, la décision d’entériner ou non l’entente se retrouve entre les mains des travailleurs, qui seront appelés à voter entre le 15 janvier et le 19 février prochains. Plus de la moitié d’entre eux devront voter en faveur de l’entente pour qu’elle soit acceptée.

« La parole est à nos membres », a déclaré le premier vice-président de la CSN, François Enault, lors d’une conférence de presse dimanche. Les quatre organisations syndicales qui composent le Front commun (CSQ, APTS, CSN et FTQ) représentent ensemble quelque 420 000 travailleurs dans les réseaux de l’éducation et de la santé.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le président de la CSQ, Éric Gingras, et la présidente de la FTQ, Magali Picard

Conclue quelques jours avant la fin de l’année, l’entente de principe prévoit une augmentation salariale de 17,4 % sur cinq ans, et ce, pour tous les secteurs représentés. Une hausse de 6 % est prévue pour la première année de la convention, avec une rétroaction au 1er avril 2023. « C’est la première fois depuis 40 ans que nous avons une augmentation de 6 % pour une année », a souligné le président de la CSQ, Éric Gingras.

Avant d’être bonifiée à 10,3 % en octobre puis à 12,7 % en décembre, l’offre d’augmentation salariale initiale du gouvernement était de 9 % sur cinq ans.

Autre gain cité par les leaders syndicaux : une clause de protection du pouvoir d’achat pour les trois dernières années du contrat de travail. L’entente contient également des avancées concernant les assurances collectives et les vacances, auxquelles s’ajoutent des améliorations aux régimes de retraite et des droits parentaux. Si l’entente est acceptée, une bonification est prévue pour la prime d’attraction et de rétention pour les ouvriers spécialisés, tout comme une majoration salariale de 10 % pour les psychologues de tous les réseaux.

Le regroupement s’est par ailleurs félicité d’avoir fait reculer le gouvernement sur certaines de ses demandes initiales, notamment celle d’augmenter la semaine de travail à 37,5 heures au lieu de 35 heures.

« Il n’y a aucun recul à la table centrale », a souligné Éric Gingras. Questionné à savoir si le regroupement recommandait la signature de l’entente, il a répondu qu’il ne la présenterait pas aux membres si elle « n’était pas intéressante ». « Du côté de la FTQ, elle est recommandée », a ajouté Magali Picard.

L’entente de principe présentée dimanche n’aborde pas les enjeux liés aux conditions de travail, qui ont été négociés aux tables sectorielles. « L’entente doit être prise comme un tout : les gains obtenus en ce qui concerne les matières négociées à la table centrale s’additionnent à ceux des tables sectorielles quant aux conditions de travail et d’exercice. Bref, les prochaines semaines seront porteuses d’importantes discussions dans nos milieux », a déclaré le Front commun en marge de la conférence de presse.

Au cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, on souligne que l’entente de principe « améliorerait l’environnement de travail tout en favorisant l’accès à des services de qualité dans nos hôpitaux et nos écoles ».

« Les ententes de principe auxquelles nous sommes parvenus sont responsables, équilibrées et en adéquation avec la volonté des Québécois », a-t-il fait valoir par courriel.

Les syndiqués du Front commun ont débrayé durant 11 jours en novembre et décembre avant d’en venir à cette hypothèse de règlement avec le gouvernement du Québec.

Lors de la conférence de presse, les leaders syndicaux ont tenu à remercier la population pour son soutien « indéfectible » durant ces négociations, soulignant du même souffle la « mobilisation historique » de ses membres au cours des dernières semaines.

« On espère qu’ils seront aussi nombreux lors des assemblées générales pour être en mesure d’apprécier ce qui leur est présenté », a déclaré Éric Gingras.

Cette sortie publique du regroupement survient moins de 48 heures avant le retour en classe de la majorité des élèves du Québec, après une fin d’année bouleversée par les grèves. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, doit présenter mardi son plan de rattrapage pour les élèves qui ont manqué jusqu’à près d’un mois d’école.

Après s’être entendue avec le gouvernement fin décembre, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) avait annoncé la suspension de la grève générale illimitée.

De son côté, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui représente 80 000 membres, dont la majorité des infirmières du Québec, poursuit ses négociations avec le gouvernement. Le syndicat avait réclamé l’aide d’un conciliateur en décembre pour dénouer l’impasse.

Améliorations
aux conventions collectives, selon le Front commun

  • L’acquisition du droit à la 5e semaine de vacances après 15 ans d’ancienneté et l’atteinte de la pleine 5e semaine de vacances à compter de 19 ans d’ancienneté plutôt que 25 ans
  • Des améliorations au régime de retraite, dont la possibilité de prolonger l’entente de retraite progressive jusqu’à sept ans
  • Des améliorations au régime de droits parentaux, notamment l’ajout d’une journée à la banque de congés spéciaux pour suivi de grossesse
  • Une bonification des contributions conventionnées de l’employeur pour l’assurance maladie
  • Une bonification de la prime d’attraction et de rétention pour contrer la pénurie pour les ouvriers spécialisés, passant de 10 % à 15 %
  • Une majoration salariale de 10 % pour les psychologues de tous les réseaux, prise en compte par le régime de retraite