Pendant très longtemps, de nombreux experts se sont inquiétés de la surpopulation de la planète. En 2022, la population du Canada a augmenté de plus d’un million de personnes pour la première fois de son histoire. Toutefois, certains rapports nous disent en fait que notre population devrait commencer à décliner d’ici les 20 prochaines années, alors la fête pour nos épiciers ne durera pas.

En 2022, le Canada a recensé une augmentation de plus d’un million de personnes sur son territoire pour la première fois de son histoire. L’Île-du-Prince-Édouard a vu sa population augmenter le plus en faisant un bond de 4,3 % en seulement un an, puis l’Alberta de 3,7 % et la Nouvelle-Écosse se classe au troisième rang en faisant un saut de 3,5 %. La population du Québec n’a augmenté que de 1,7 %. D’ici juin, la population du Canada pourrait atteindre 40 millions d’habitants.

Très bonne nouvelle pour les épiciers et le secteur alimentaire. Avec plus d’un million de bouches supplémentaires à nourrir, les dépenses alimentaires augmenteront de 3,6 milliards de dollars puisque le consommateur moyen dépensera environ 3500 $ pour manger cette année. La croissance démographique aidera les épiciers et le reste de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, mais la fête ne durera pas.

Pendant très longtemps, de nombreux experts en démographie se sont inquiétés de la surpopulation de notre planète. La plupart d’entre eux se préoccupent désormais davantage d’une population en déclin.

Certains parlent même d’une implosion démographique, suggérant que la planète ne comptera jamais 9 milliards d’habitants. En fait, certains experts prédisent que notre population pourrait commencer à décliner dans moins de 20 ans et celle du Canada pourrait également culminer au cours de cette période.

La plupart des pays du globe dénombrent moins d’enfants, y compris le Canada. Environ 75 % des pays du monde ont un taux de fécondité de remplacement trop faible. Le Canada compte beaucoup sur l’immigration pour soutenir ses ambitions démographiques, mais nous arriverons à un point où cette option ne sera plus là non plus. Il y a aussi un resserrement des règles d’immigration en Occident, et la fermeture du chemin Roxham au Québec en est un bon exemple.

Malgré de généreux programmes sociaux pour soutenir les familles, beaucoup s’attendent à ce que les taux de fécondité ou les taux de remplacement continuent de baisser. Les citoyens du monde entier ont simplement moins d’enfants pour de nombreuses raisons.

Avec les années qui s’en viennent, l’écart de naissance entre les jeunes et les moins jeunes se creuse. Le nombre de personnes âgées de 25 à 64 ans, celles qui contribuent de manière significative à notre économie, continuera de diminuer.

La taille de notre population ne constituera pas le principal défi pour notre industrie alimentaire. L’âge de la population devrait être au centre des préoccupations. L’industrie alimentaire doit s’attarder à comprendre le changement social massif qui est sur le point de survenir dans le monde. En Occident, l’absence d’enfants devient lentement une norme sociale, ce que peu de gouvernements ont envisagé, du moins pas ouvertement. Il faut accepter le fait que moins d’enfants auront des enfants. Les politiques devront être cohérentes pour faire face à une pyramide démographique inversée, avec moins d’adultes qui travaillent pour soutenir plus de personnes âgées.

Les animaux de compagnie sont en fait les nouveaux enfants. Plus de 16 millions de chats et de chiens appartiennent à des propriétaires canadiens. Depuis le début de la pandémie, le nombre de propriétaires d’animaux a augmenté d’au moins 15 %, selon certaines études.

Les animaux domestiques s’avèrent moins coûteux et sont sans doute des êtres qui bouleversent moins la vie que les enfants. L’engagement est tout simplement différent à bien des égards. Pour l’industrie alimentaire, cela représente un potentiel énorme, au-delà du marché humain.

L’industrie alimentaire devra composer avec un marché en déclin comptant moins de travailleurs et de personnes menant une vie très active. Étant donné que 50 % de la population canadienne vit dans quatre villes, Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary, il faut trouver un moyen de réorienter nos régions. Dans la transformation, la distribution et la vente au détail, les mêmes défis devront être relevés. Avec un marché en contraction, un marché vieillissant, la santé et l’aspect pratique des produits alimentaires stimuleront probablement encore plus les ventes dans les années à venir.

Nous n’avons encore rien vu. L’industrie alimentaire poursuivra sa quête pour augmenter ses ventes avec un volume amoindri. Les aliments précoupés, préparés, préportionnés, précuits, pré-ci, pré-ça, deviendront l’un des seuls moyens de maintenir les ventes.

Donc, si vous pensez que nous n’aurons pas assez de nourriture pour tout le monde d’ici 2050, détrompez-vous. Le monde continuera à produire suffisamment de nourriture, avec une meilleure agriculture de précision, des pratiques plus durables, l’automatisation, l’utilisation de l’intelligence artificielle et une distribution saine qui s’améliorera avec le temps.

Mais pour un marché en déclin, l’industrie alimentaire ne représente qu’un problème parmi d’autres. L’immobilier, les fonds de pension, les soins de santé, les programmes sociaux, notre dette publique, tous ces aspects devront être ajustés en fonction du fait que notre population diminuera à un moment donné. Et la planification doit commencer bientôt.