La chronique est un art qui se pratique souvent dans le feu de l’action. La fin de l’année est une bonne occasion pour nos chroniqueurs de voir ce qu’ils auraient pu faire différemment, avec le recul.

Je n’ai pas besoin d’attendre Noël pour recevoir des cadeaux. Vous m’en faites parvenir chaque jour dans ma boîte courriel. Je les découvre, à défaut de les déballer, avec beaucoup de curiosité, de fébrilité même. Car la plupart du temps, vos observations pertinentes, vos questions et vos indignations dicteront mon agenda de la journée et des suivantes.

Pour cette série intitulée « Avec le recul », une idée du patron, je suis retournée consulter les milliers de messages reçus – et tous lus attentivement – ces derniers mois. Mais qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas transformés en chroniques.

Vous m’avez parlé abondamment de votre désespoir après avoir attendu des heures et des heures pour parler au service à la clientèle de votre banque. Beaucoup de courriels, aussi, au sujet des pourboires, des revenus stagnants à la retraite et du prix des aliments.

Mais avec le recul, donc, quels messages auraient été dignes de mention ici ?

Profitons du temps des Fêtes pour commencer avec une histoire de chocolat concernant le géant Hershey, connu pour ses Reese’s et ses pépites Chipits. L’entreprise s’est discrètement mise à vendre… du similichocolat, m’a écrit la vigilante Sarah M.

« Je viens de découvrir, avec beaucoup d’étonnement, que les “brisures de chocolat blanc” Hershey que j’ai achetées ne sont pas du vrai chocolat blanc, mais plutôt des “brisures de crème blanche”. J’en suis d’autant plus étonnée qu’il me restait un sac de pépites de chocolat blanc non terminé à la maison et l’emballage est exactement le même. Même couleur, même typographie, même photo de biscuit. Même la recette proposée sur l’emballage est identique. »

Toutefois, les deux produits ne goûtent pas la même chose et n’ont pas du tout la même liste d’ingrédients, déplore Sarah. Pire, le nouveau produit est « fait à partir d’huile de palme ».

PHOTO FOURNIE PAR SARAH M.

Ancien emballage de pépites de chocolat blanc

« À mon avis, c’est tromper le consommateur ! En tout cas, moi, ils m’ont eue puisque c’est un produit que j’achète régulièrement et que l’emballage est identique à l’ancien produit. »

Pure coïncidence, je m’étais aussi fait prendre, peu avant, en achetant un gros sac de « pastilles de chocolat noir ». Le prix était anormalement bas. J’ai même demandé à la caissière si c’était une erreur ou l’aubaine de la semaine. Ni un ni l’autre, m’a-t-elle répondu. Une fois à la maison, j’ai fait ce que j’aurais dû faire avant : j’ai lu la liste des ingrédients. Elle contenait de l’huile de palme et aucun beurre de cacao. Grrr…

Grâce à Google, on trouve assez facilement ce que doit absolument contenir du chocolat et ce qu’il ne peut pas contenir. Mais le site de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), qui réglemente la chose au pays, est moins clair. Je l’ai donc contactée. Ce que j’ai acheté pouvait-il porter le nom de chocolat ?

Pendant que j’attendais la réponse, le sac rangé dans l’armoire se vidait tranquillement. Comme par magie. Huile de palme ou pas, chocolat ou pas, les pastilles apaisaient quelques fringales !

Au bout de cinq ou six échanges de courriels, l’ACIA m’a transmis son règlement en entier, me forçant à le déchiffrer moi-même.

Personne n’était en mesure de me dire si oui ou non mon sac de pastilles de « chocolat noir » respectait les règles.

Je me suis alors tournée vers le ministère des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), chargé de vérifier les aliments vendus dans la province. On m’a confirmé que le chocolat est un « aliment normalisé par la réglementation fédérale » et on m’a renvoyé le règlement. Personne ne pouvait dire si l’huile de palme peut entrer dans la composition du chocolat. Même cul-de-sac à l’ITHQ.

À ce moment-là, il ne restait plus que deux pastilles dans le sac d’un kilo au départ. Et le flot d’actualités m’a fait dériver vers d’autres sujets plus urgents et importants.

David m’a écrit après avoir découvert l’option de dépôt automatique d’Interac qui permet de recevoir des fonds sans devoir répondre à une question de sécurité. Il a acheté un bien sur Marketplace et, avant même de partir à la rencontre du vendeur, il a enregistré le virement pour faciliter les choses sur place. Si l’article convoité faisait son affaire, il n’aurait plus qu’à donner la réponse à sa question secrète au vendeur. Surprise, le paiement a été encaissé pendant son déplacement !

« Cela me laisse très perplexe, car en tant que consommateur, j’avais l’impression – et je crois que cela est légitime – que si j’indique un mot de passe, c’est pour qu’il soit nécessaire afin de conclure une transaction. »

Eh bien non, on peut tous s’éviter l’étape de la saisie du mot de passe pour recevoir ses fonds en activant cette fonction. Les lecteurs de cette chronique sont désormais prévenus d’être vigilants.

En terminant, voici une question transmise par Rosaire G : « Savez-vous que l’on ne peut retourner de marchandises chez Dollarama ? »

C’est ce qu’il a appris en retournant au magasin pour se faire rembourser une boîte de rangement achetée inutilement. Sans succès. « On m’a répondu qu’on ne prenait pas de marchandises en retour. J’ai dit qu’ils ne respectaient pas la Loi sur la protection du consommateur, l’employée me dit que c’est écrit sur la facture. »

Il s’avère que Rosaire avait tort. Aucun commerçant n’est obligé de reprendre ni même d’échanger la marchandise vendue, à moins qu’elle soit défectueuse. Ceux qui se sont dotés de politiques généreuses le font essentiellement pour des raisons de marketing.