Le nouveau plan métropolitain de développement économique 2022-2031 de la Communauté métropolitaine de Montréal cadre tout à fait avec les grands objectifs que Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, responsable de la Métropole et de la région de Montréal, caresse très vocalement pour l’économie québécoise : hausse de la productivité et de l’innovation, transition énergétique et meilleure organisation de l’espace économique.

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a dévoilé mardi sa stratégie de développement économique pour les 10 prochaines années, un évènement qui a été passablement occulté par le dépôt le même jour du budget de la Ville de Montréal.

L’organisme de planification, de coordination et de financement regroupe 82 municipalités de la région montréalaise qui recensent 4,1 millions de personnes, soit 47 % de la population québécoise, et qui représentaient en 2020 un produit intérieur brut de 248 milliards, soit 55 % du PIB du Québec.

D’entrée de jeu, la CMM souhaite une économie plus productive, plus inclusive et plus verte pour le Grand Montréal et constate que, malgré la forte croissance des dernières années, la région métropolitaine accuse toujours des retards en matière de productivité et de niveau de vie de sa population.

Les chiffres sont éloquents : Montréal arrive au 39e rang sur 40 grands centres métropolitains du Canada et du nord-est des États-Unis lorsque l’on compare le PIB par habitant et la région métropolitaine arrive au 35e rang pour le revenu médian des ménages, derrière Detroit.

« Notre plan est simple, mais audacieux : d’ici 10 ans on veut se classer parmi le top 10 des 40 grands centres métropolitains quant au taux de croissance du PIB par habitant et dans le top 10 quant à la progression du revenu des ménages », explique Sylvain Giguère, économiste en chef et responsable du développement économique de la CMM.

Pour y arriver, la société paramunicipale veut appuyer ses actions sur quatre axes d’intervention : réussir la transition énergétique, mieux organiser l’espace économique, renforcer l’écosystème d’innovation et développer les compétences de demain.

Au chapitre des compétences, l’équation est simple, il faut hausser de façon considérable la diplomation universitaire parce que cette seule action permettra d’augmenter sensiblement la productivité de Montréal et son niveau de vie.

« On arrive loin derrière Vancouver et Toronto. Dans le groupe d’âge des 25-34 ans, on affiche un taux de diplomation au bac de 38,5 % contre 48,5 % pour Toronto », souligne Sylvain Giguère.

Une donnée capitale quand on sait qu’il y a un corollaire direct entre le PIB par habitant et le taux de scolarisation. Heureusement, le taux de diplomation beaucoup plus élevé de 50 % chez la population immigrante montréalaise vient hausser la moyenne générale.

Arbitrer développement et environnement

L’innovation compte pour beaucoup dans l’impulsion que souhaite donner le Plan métropolitain de développement économique (PMDE) à l’ensemble de la région.

La CMM veut mettre à profit l’expertise des 10 grandes grappes industrielles qui regroupent les secteurs-clés qui sont exposés à la compétition internationale, tels que l’intelligence artificielle, l’aéronautique, le biopharmaceutique, le développement de logiciels…

Il faut que nos PME intègrent plus rapidement les nouvelles technologies, c’est la meilleure façon d’augmenter la productivité et de faire face à la pénurie de main-d’œuvre. On a du rattrapage à faire.

Sylvain Giguère, économiste en chef et responsable du développement économique de la CMM

Autre volet important du PMDE, la croissance économique des 10 prochaines années doit se conjuguer à la réduction de l’empreinte carbone de la région métropolitaine, l’objectif étant de réduire de 37,5 % les émissions des gaz à effet de serre (GES) d’ici 2031 par rapport à leur niveau de 1990, ce qui représente une réduction de 5,6 millions de tonnes.

La principale source d’émission est la combustion fixe des entreprises (45 % du total), suivie de près par les émissions produites par le transport (41 %). Les entreprises doivent donc s’attaquer à l’efficacité énergétique de leurs bâtiments, en adoptant notamment des technologies propres.

Une autre façon de s’attaquer à la réduction des GES passe également par une logistique plus efficiente et une organisation intelligente des espaces industriels disponibles qui se font d’ailleurs de plus en plus rares sur le territoire de la CMM.

« On a beaucoup de parcs industriels sur le territoire. Il faut les densifier davantage et les exploiter de façon plus écologique. Il faudra aussi recycler plus de sites, notamment dans l’est de Montréal, si on veut continuer d’accueillir de nouvelles activités économiques sur notre territoire », propose l’économiste en chef de la CMM.

Montréal doit s’engager dans un processus d’arbitrage permanent de façon à coordonner un développement mieux raisonné, plus vert, plus inclusif tout en continuant sur la belle lancée qui lui a permis de bien traverser la pandémie malgré tous les obstacles qui se sont dressés au cours des trois dernières années. Dix belles années en perspective.

Consultez le Plan métropolitain de développement économique