Au Québec, 51 % des adolescents travaillent pour gagner de l’argent. Mais leur salaire ne vient pas avec des connaissances financières. Bien des parents aimeraient donner un coup de pouce à leur progéniture, sans trop savoir comment s’y prendre.

Si vous avez un enfant entre 15 et 19 ans, vous savez que le budget, l’épargne et l’intérêt ne sont pas les sujets les plus vendeurs à mettre au programme. Et encore faut-il avoir soi-même des connaissances pour avoir envie d’en parler, ce qui n’est pas toujours le cas.

Un projet de l’Université Laval qui se tiendra tout le mois de novembre — le mois de la littératie financière — pourrait servir de prétexte pour casser la glace. Avec, en prime, un portrait-robot de sa personnalité financière et la chance de gagner l’un des cent prix de 50 $. Il s’agit d’un sondage qui vise à déterminer le niveau de connaissance des jeunes en matière de finances personnelles et leur rapport à l’argent, un sujet encore peu étudié.

Le questionnaire s’adresse uniquement aux jeunes de 15 à 19 ans. Il est assez costaud, avec ses 109 questions, et nécessite de la réflexion, mais il peut être rempli en plusieurs fois. On y passe en revue tous les sujets incontournables : investissement, crédit, inflation, compte d’épargne libre d’impôt (CELI), calcul d’un rabais, alouette.

D’autres questions servent plutôt à construire le profil psychologique du sondé : aimes-tu suivre la mode ? Que ferais-tu d’un héritage ? Es-tu expressif, méthodique, ambitieux, rancunier ? Aimes-tu les projets nécessitant de la créativité ?

Les chercheurs cherchent ainsi à déterminer si la personnalité influence le rapport avec l’argent. Et si l’on change, car l’étude doit se poursuivre pendant 50 ans.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-CLAUDE BEAULIEU

La professeure Marie-Claude Beaulieu, titulaire de la Chaire RBC en innovations financières de l’Université Laval

Il n’y a pas de bon ou de mauvais profil. On a voulu sortir du discours “il faut épargner le plus possible”. Épargner n’est pas une fin en soi. On n’est pas moralisateurs.

La professeure Marie-Claude Beaulieu, titulaire de la Chaire RBC en innovations financières de l’Université Laval

Pour son projet, Mme Beaulieu a travaillé avec un psychologue spécialiste des adolescents et un planificateur financier.

Une fois le questionnaire rempli, l’adolescent reçoit une rétroaction personnalisée qui devrait susciter la réflexion. Un peu à la manière des magazines qui proposent des tests de personnalité en 15 questions. « Tes aspirations pour le futur ne sont pas toujours cohérentes avec ton profil », apprendront certains. « Tu aimes l’idée de prendre des risques et tu démontres une bonne tolérance à l’ambiguïté », se feront dire d’autres répondants.

Voilà un bon point de départ pour une discussion qui n’a pas besoin d’être ennuyante ni aride.

Consultez le site de l’Université Laval pour remplir le questionnaire (jusqu’au 30 novembre)

On peut évidemment parler d’éducation financière à nos enfants même s’ils ne travaillent pas encore et qu’ils vont à l’école primaire. Il n’est jamais trop tôt pour prendre de bonnes habitudes qui serviront toute la vie.

L’Ordre des CPA du Québec propose d’ailleurs une nouvelle trousse (questionnaire, webinaires, articles et vidéos) à l’intention des parents qui veulent aider leurs enfants (dès 7 ans) à acquérir de bons réflexes financiers. Ceux-ci sont utiles pour améliorer sa situation et planifier son avenir, mais aussi pour être moins vulnérable aux fraudeurs, fait valoir l’Ordre.

Consultez la trousse d’information de l’Ordre des CPA du Québec

La conseillère financière Nataly Labelle croit aussi aux vertus des discussions parents-enfants sur l’argent. C’est pourquoi elle a fondé l’entreprise Fric et fortune, qui vend notamment des tirelires à décorer (dès 4 ans). « L’enfant apprend par le jeu et le bricolage, car il décore sa tirelire. C’est plus réel qu’un compte de banque », fait valoir l’entrepreneure et chargée de cours en finances au Collège LaSalle.

Nataly Labelle a aussi écrit des livres, dont deux pour les adolescents (L’argent et moi et Ton argent, gère-le !).

En travaillant dans une banque, cette passionnée de finances personnelles a été abasourdie, raconte-t-elle, par le manque de connaissances de ses clients. Elle en profitait pour leur expliquer comment faire un budget en vulgarisant au maximum. C’est ce qui l’a motivée à se lancer en affaires et à enseigner.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Nataly Labelle, fondatrice de Fric et fortune

Il faut ancrer ça chez les jeunes que l’argent, on ne dépense pas ça n’importe comment !

Nataly Labelle, conseillère financière

Cela est d’autant plus vrai que les jeunes intègrent le marché du travail de plus en plus tôt. On est parfois servis, dans certains commerces, par des adolescents de 12 ans. En plus, le crédit n’a jamais été aussi accessible avec la multiplication des plateformes qui proposent de payer ses achats « en quatre versements faciles ». À cela s’ajoutent les effets de la forte inflation et de la hausse des taux d’intérêt qui font les manchettes ces temps-ci.

Si les compétences financières ont toujours été importantes, l’actualité nous montre qu’elles sont plus utiles que jamais.

Consultez le site de Fric et fortune

Quels sont vos trucs ?

Si vous avez décidé de prendre vos finances personnelles en main et d’améliorer votre niveau de connaissances, j’aimerais savoir comment vous avez fait. Quels ont été vos trucs ? Avez-vous des lectures, des applications, des ressources en ligne, des vidéos ou des experts à suggérer à ceux qui voudraient suivre vos traces ?

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