(Munich) Louis Roy, PDG de la société Optel de Québec, le leader mondial dans les systèmes de traçabilité, rencontre pour la première fois les employés de Traxeed, une entreprise allemande dont il vient de faire l’acquisition. Une transaction importante pour Optel qui lui permet de consolider sa position dans le marché européen dans la traçabilité des produits pharmaceutiques et d’élargir sa portée à d’autres secteurs industriels.

« On était numéro 1 en Amérique du Nord, numéro 1 dans le marché asiatique, là on passe de numéro 5 à numéro 2 dans le marché de l’Europe. Ce nouvel ancrage à Munich va surtout nous donner un accès au marché vaste et diversifié de l’Allemagne », m’explique Louis Roy, en marge d’une cérémonie qui s’est déroulée le 9 mai dernier à la Délégation générale du Québec à Munich pour souligner l’évènement.

C’est en janvier dernier qu’Optel a conclu l’acquisition de Traxeed, une entreprise qui développe et fabrique des systèmes de traçabilité pour les produits pharmaceutiques, comme le fait Optel dans ses marchés. Traxeed était une filiale du groupe allemand Körber, un manufacturier d’équipements de fabrication de vaccins.

« On a convaincu Körber de nous vendre cette division qui n’était pas indispensable à ses opérations et on a signé une entente aujourd’hui qui va nous assurer de faire la traçabilité de tous les vaccins qui vont être fabriqués avec leurs équipements », m’a précisé Louis Roy.

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Bureaux d’Optel, à Québec

Un peu plus tôt dans la journée, Florent Bouguin, chef de la direction technologique chez Optel, m’avait expliqué dans les locaux de Traxeed la genèse de cette transaction.

« Ça fait deux ans que l’on regarde le marché allemand. L’unité de traçabilité dans les produits pharmaceutiques de Körber nous est apparue comme le meilleur véhicule pour réaliser notre entrée dans le marché allemand.

« On va pouvoir aussi déployer notre expertise en traçabilité aux secteurs des ressources naturelles, de l’automobile, des batteries, de l’agroalimentaire, du chimique et de la grande consommation », m’expose Florent Bouguin.

« On était déjà présents en Europe avec notre usine en Irlande, mais les entreprises allemandes veulent faire affaire avec des entreprises allemandes. »

Un accompagnement dans l’implantation

Ce que me confirme Élise Roy, directrice des services économiques à la Délégation générale du Québec à Munich. Relevant d’Investissement Québec International, Élise Roy dirige une équipe de six personnes, dont quatre attachés économiques, tous allemands (sauf un Autrichien), qui font partie des effectifs du ministère des Relations internationales.

« L’Allemagne, c’est le berceau manufacturier de l’Europe. Mais pour faire affaire en Allemagne, il faut être implanté ici. Ils veulent des partenaires qui parlent allemand. On évoque souvent les grands groupes allemands comme Mercedes, Siemens, BMW, Volkswagen, BASF, mais 80 % de l’économie allemande repose sur de grandes PME familiales », précise Élise Roy.

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Elisa Valentin, déléguée générale du Québec à Munich, Louis Roy, PDG d’Optel, et Élise Roy, directrice des services économiques à la Délégation générale du Québec à Munich

« On s’est fait référer Optel par notre responsable de l’Europe au bureau montréalais d’Investissement Québec. On a discuté durant un an avec Florent Bouguin via Zoom, on les a guidés vers des conférences sur la santé pour qu’ils aient une visibilité auprès de clients et on a organisé des visites industrielles chez d’autres clients potentiels », m’explique Élise Roy.

Défricher et accompagner

Il y a un an, lorsqu’Optel a identifié Traxeed comme cible d’acquisition, l’équipe de la Délégation générale du Québec à Munich a offert ses services pour l’accompagner dans la réalisation de la transaction.

« On a organisé des rencontres avec des responsables de la chancellerie pour bien comprendre les lois sur les normes du travail. On les a référés à des spécialistes d’Invest in Bavaria pour réaliser avec succès leur implantation en Allemagne. »

On n’est pas des avocats ni des financiers, on fait de l’accompagnement, du défrichement et on fait marcher notre réseau de contacts en Allemagne.

Élise Roy, directrice des services économiques à la Délégation générale du Québec à Munich

Sa collègue Katharina Benz, Bavaroise d’origine et attachée économique depuis 12 ans à Munich, a mis à contribution sa liste de contacts clés d’experts de toutes sortes, tout comme Peter Freier, attaché commercial spécialisé en science et technologie.

« En fait, toute l’équipe a été mise à contribution pour Optel parce que l’entreprise veut offrir ses technologies de traçabilité dans tous les secteurs industriels », m’explique Katharina Benz.

Des résultats probants

Cette collaboration a été fructueuse puisque l’équipe économique de la Délégation générale du Québec a réussi à rassembler une quinzaine de dirigeants d’autant d’entreprises industrielles de Munich lors de la réception organisée pour Optel durant laquelle Louis Roy a présenté son entreprise et sa vision de la chaîne d’approvisionnement responsable.

Parmi les entreprises représentées, on retrouvait notamment le responsable de l’approvisionnement du fabricant automobile Porsche, la vice-présidente au développement durable du groupe industriel Siemens, de hauts dirigeants de Boehringer, Bosch et de Veritas ainsi que des représentants du patronat bavarois.

Les entreprises qui doivent maintenant présenter un bilan environnemental sain n’ont d’autre choix que de s’assurer que celui de leur chaîne d’approvisionnement le soit également. Avec nos technologies de traçabilité, on remonte à la source et on peut les aider à atteindre leurs objectifs. On est devenu indispensable.

Louis Roy, PDG d’Optel

Deux mois après la cérémonie qui marquait l’arrivée officielle d’Optel en Allemagne, les discussions avec Porsche avancent à vive allure, et le PDG d’Optel déménagera en septembre en Europe avec sa famille pour se rapprocher des développements à venir.

« La conscientisation à l’endroit des changements climatiques est plus forte en Europe. Les vagues de chaleur extrêmes que l’Europe subit cet été renforcent l’urgence de décarboner. Ça va bouger plus vite », anticipe le PDG d’Optel, qui souhaite lui aussi que les choses évoluent plus rapidement.