Alors que l’inflation pèse lourd sur le budget des ménages, un détaillant québécois propose des prix de « 40 à 50 % moins chers que Walmart et Amazon », conclut une enquête réalisée par Desjardins. De qui s’agit-il ? Dollarama.

Desjardins est arrivé à ce constat en analysant les prix de 221 articles vendus dans toutes les catégories, sauf l’alimentation, en juillet. À son avis, l’entreprise montréalaise maintient un « écart de prix attrayant » avec les deux géants américains reconnus pour leurs bas prix. C’est le moins qu’on puisse dire.

Des écarts importants ont aussi été relevés entre Dollarama et Canadian Tire dans les deux allées scrutées à la loupe. Les produits nettoyants (- 48 %) et les articles saisonniers, de jardinage et d’extérieur (- 65 %) sont notablement moins chers dans les magasins Dollarama.

Une cinquantaine d’articles de santé et beauté ont été comparés avec ceux vendus chez Shoppers Drug Mart (Pharmaprix au Québec) et l’écart s’élève à 60 %.

Le secret, derrière les bas prix de Dollarama : ses marques privées, qui occupent environ 70 % de l’espace sur les rayons, estime Desjardins.

« Dans la plupart des cas, nous pensons que la qualité est comparable à celle des grandes marques et reflète la capacité du détaillant à tirer parti de ses solides relations avec les fournisseurs pour s’approvisionner en produits de bonne qualité à des prix intéressants, un avantage concurrentiel clé », écrit l’analyste Chris Li.

Desjardins convient cependant, et avec raison, que la marque est importante pour certains produits, particulièrement dans la catégorie santé et beauté. Cela dit, on peut facilement trouver chez Dollarama les mêmes marques de shampoing, de savon pour le corps ou les mains et de dentifrice qu’à la pharmacie. Même chose dans l’allée consacrée à l’alimentation, qui n’a cessé de s’allonger au cours des dernières années.

Mercredi, Statistique Canada nous a appris que le prix des aliments a bondi de 8,8 % en juin, par rapport au même mois en 2021. Nombreux sont donc les ménages qui recherchent des aubaines et des options de remplacement, ce qui explique notamment la popularité des marques privées, comme je l’écrivais en juin.

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Dans ces circonstances, est-il avantageux financièrement de faire un saut chez Dollarama pour s’y procurer du quinoa, des Cheerios, des biscuits ou du ketchup French ? Desjardins s’est posé la question, même si le résultat de son analyse de 56 aliments n’a pas été inclus dans ses conclusions globales afin de mieux « mettre en évidence la forte proposition de valeur de Dollarama » dans les autres catégories.

Il en ressort que Dollarama est 2,4 % moins cher que Walmart, 16,1 % moins cher qu’Amazon et 11,1 % moins cher que No Frills, l’équivalent de Maxi au Canada anglais. Les écarts sont moindres que dans les autres allées en raison de la forte présence des marques nationales.

Les statistiques indiquent quand même qu’un détour chez Dollarama pour compléter son panier d’épicerie peut valoir le coût. Un constat que dresse aussi le site Narcity dans une série de textes attestant des aubaines, photos des prix des concurrents à l’appui.

J’entends déjà les commentaires au sujet de l’offre alimentaire dans les magasins « à 1 $ », et le fait que le prix ne devrait pas être le seul critère de sélection.

Alors j’insiste : personne ne prétend qu’on peut y trouver toutes les vitamines nécessaires à une saine alimentation et que l’huile d’olive y est de la même qualité que celle, bio, vendue sept fois plus cher dans une boutique spécialisée. Il circule aussi un tas de légendes urbaines au sujet de la salubrité et de l’innocuité des produits qui y sont vendus, mais il s’avère que les rappels ne sont pas plus nombreux chez Dollarama qu’ailleurs.

Le détaillant né à Matane n’est évidemment pas dans une bulle hermétique à l’abri de toute poussée inflationniste. Ses coûts augmentent et cela se reflète sur les rayons.

Desjardins observe que dans toutes les catégories, sauf les articles de cuisine, les écarts de prix en faveur de Dollarama s’érodent en raison d’une augmentation moyenne des prix de 6 % depuis novembre.

Dans son échantillon de 277 produits examinés périodiquement, ce qui inclut les aliments, 97 se vendent plus cher. Et en avril, 25 étaient plus chers qu’en février. Chris Li parle d’un rattrapage.

Un tel exercice de comparaison n’est évidemment pas parfait et Desjardins en est conscient. Mais tout a été fait afin de trouver les meilleurs comparables possibles, jure-t-on. De plus, l’analyse est basée sur le prix ordinaire des produits en plus de tenir compte des différences de quantité et de taille des produits.

Il est quand même impressionnant que Dollarama réussisse à battre Walmart et Amazon sur le terrain des bas prix. Depuis longtemps, les investisseurs reconnaissent la gestion serrée et efficace de l’entreprise québécoise. Si cela fait grimper le cours de l’action (+ 29 % depuis un an), le modèle d’affaires de la famille Rossy permet aussi de maintenir des prix de détail avantageux.