Le magasinage des Fêtes est sur le point d’atteindre sa vitesse de croisière et si les consommateurs ont encore un mois pour effectuer leurs achats de Noël, la traditionnelle frénésie saisonnière pourrait se démarquer cette année par un comportement plus réfléchi et un peu mieux assumé des consommateurs québécois, nous apprend une étude de l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

Cela fait 12 ans maintenant que l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) réalise chaque année, en collaboration avec le groupe d’études MBA Recherche, un coup de sonde auprès d’un panel web de 1000 répondants pour évaluer leur comportement de consommateur responsable.

Depuis deux ans, le Baromètre annuel de l’OCR tient évidemment compte des impacts de la COVID-19 – confinement, règles sanitaires, achats en ligne… – pour mesurer les changements de comportement des consommateurs.

La grande révélation du sondage de cette année, c’est que 57 % des consommateurs québécois avouent qu’ils ont modifié leurs habitudes de consommation pour les rendre plus responsables.

En d’autres mots, une majorité de consommateurs québécois affirment dépenser moins et dépenser autrement depuis deux ans en intégrant plusieurs variables comme l’achat local, le recours à la réparation plutôt qu’au remplacement, la comparaison des prix…

Cela dit, après deux années d’efforts soutenus pour s’adapter à la situation difficile qui a été induite par la pandémie, les consommateurs québécois sont moins nombreux à considérer leur comportement comme responsable. Ils étaient 80 % à le penser l’an dernier et 73,8 %, cette année.

« Il y a une certaine lassitude, observe Fabien Durif, le directeur de l’OCR. Lorsqu’ils s’auto-analysent, les consommateurs québécois considèrent qu’ils en font un peu moins qu’au plus fort de la COVID. »

[Les consommateurs] comparent davantage les prix, quitte à négliger un peu l’achat local. Avec l’inflation qui est à la hausse, les gens sont nettement plus sensibles aux prix, c’est compréhensible. C’est un phénomène que l’on observe à l’échelle mondiale.

Fabien Durif, le directeur de l’Observatoire de la consommation responsable

Il n’en reste pas moins que la sensibilisation générale à la consommation responsable reste très forte lorsqu’on s’attarde au taux de 57 % des consommateurs québécois qui estiment que leurs habitudes de consommation ont été modifiées par la pandémie et qu’elles sont devenues plus responsables.

À cet égard, la généralisation du télétravail des deux dernières années n’est pas étrangère à ces changements de comportement que l’on observe aujourd’hui. Les gens qui ont passé beaucoup plus de temps à la maison ont voulu améliorer leur qualité de vie quotidienne et ont disposé de plus de temps pour le faire.

Boulot, rénos, dodo

Le Baromètre 2021 de l’OCR nous révèle ainsi des données surprenantes sur le comportement récent des consommateurs québécois. Ainsi, au cours du dernier mois, 46,2 % des consommateurs ont consulté des tutoriels pour apprendre à faire des choses eux-mêmes, une pratique en hausse de 7,4 %.

« Le faire soi-même est une belle illustration de la consommation responsable. C’est un engagement économique de transformation. Au cours de la dernière année, 49,9 % des consommateurs déclarent avoir fait des réparations, 41,2 % ont davantage rénové, près de 40 % ont davantage bricolé, ce sont toutes des activités en hausse », souligne Fabien Durif.

Quand on passe la journée à travailler à la maison, la patte de la table chambranlante de la cuisine devient une réalité beaucoup plus réelle et pressante. Quand on n’a pas à consacrer deux heures de sa journée à se rendre au travail et en revenir, on peut valoriser cette belle disponibilité en développant ses aptitudes de bricoleur, plutôt que de commander une table neuve.

« Les consommateurs québécois sont aussi devenus plus sobres dans leur comportement. La crise sanitaire leur a fait prendre conscience de l’hyperconsommation alors que plus de 80 % des répondants affirment avoir moins magasiné au cours du dernier mois », poursuit le directeur de l’OCR.

Et pour fermer cette boucle vertueuse, le Baromètre nous apprend que 74 % des répondants souhaitent poursuivre les habitudes nouvellement acquises d’une consommation plus responsable une fois que la pandémie sera loin derrière nous.

Les gens ont l’intention de prendre davantage soin d’eux et de profiter du moment présent plutôt que de reprendre la course effrénée et sans fin de la consommation à tout prix qui nous a été insidieusement imposée au fil des ans comme mode de vie et de réalisation de soi-même.

La période de Noël qui s’en vient à grands pas est le moment tout à fait approprié pour réfléchir à nos comportements et recadrer nos priorités. La pandémie aura été la malheureuse occasion de nous faire prendre conscience que la vie est plus importante que tout.