Les longs mois de confinement et la généralisation du télétravail ont fait éclater plusieurs habitudes de consommation et modifié les comportements de millions de personnes. Un des nombreux phénomènes observés durant la pandémie a été celui de l’émergence de ce que les Français appellent le « snacking » ou la collation. Une habitude adoptée pour le réconfort immédiat qu’elle procure, mais qui semble vouloir s’incruster dans la vie des gens.

On a beaucoup lu et entendu au cours de la dernière année des témoignages de gens qui ont confessé – et surtout déploré – avoir dû composer avec une prise de poids soudaine, attribuable à leur sédentarisation forcée.

On le comprend bien, cette nouvelle réalité pondérale a été pour la plupart des gens le résultat de leur mise en résidence permanente, qui a favorisé un accès facile et ininterrompu au garde-manger familial et engendré la multiplication des collations durant la journée.

Le matin, l’après-midi, en soirée, les consommateurs nord-américains ont redécouvert les plaisirs et le réconfort de la collation en haussant à cinq ou six le nombre quotidien de ces moments de plaisir solitaire ou familial.

C’est le constat qu’a fait Martin Parent, PDG de Mondelez Canada, qui fait partie du groupe mondial du « snacking », propriétaire d’un vaste portefeuille de près de 80 marques aussi diverses que reconnues dans le secteur de la collation, notamment Oreo, Cadbury, Dads, Peak Freans, Ritz, les bonbons Maynard, les biscuits LU, Toblerone, Dentyne…

Mondelez Canada exploite cinq usines dans la région de Toronto et emploie 2600 personnes au pays. Le groupe mondial réalise des ventes annuelles de plus de 26 milliards US. Si l’entreprise a été forcée de réduire ses activités canadiennes au début de la pandémie, elle s’est vite reprise par la suite en raison d’une demande qui a littéralement explosé.

L’an dernier, on a haussé nos ventes de 50 à 60 % en raison de la demande pour nos différents produits. Depuis le début de l’année, on enregistre une hausse de 25 % des ventes par rapport à 2019.

Martin Parent, PDG de Mondelez Canada

« Les gens avaient besoin de réconfort durant le confinement et la collation est un moment de gratification instantané. Que ce soit un morceau de fromage sur un biscuit soda, un biscuit sucré avec un yogourt, le snacking a été en forte augmentation et va le rester encore, parce que malgré le retour dans les bureaux, il va se faire encore beaucoup de télétravail. »

Cure minceur et virage santé

Au début de la pandémie, Mondelez Canada, qui fabrique 80 % des produits de ses marques qui sont consommés au pays (on importe notamment les biscuits LU et le chocolat Toblerone), a dû réduire de 25 % sa cadence de production pour des raisons sanitaires.

Le groupe en a profité pour arrêter la fabrication d’une vingtaine de marques moins rentables et moins populaires pour hausser la production d’autres produits en forte demande.

PHOTO DADO RUVIC, ARCHIVES REUTERS

Le chocolat Toblerone, notamment, fait partie des collations que ne produit pas Mondelez Canada.

« Les ventes des simples biscuits soda de marque Premium ont été en hausse marquée l’an dernier et affichent des gains de 25 % cette année. On a par contre abandonné la marque de biscuits David et on a aboli 10 produits de la marque Triscuit. Ça devenait redondant d’avoir des craquelins à l’huile d’olive et romarin et d’autres à l’huile d’olive et basilic… », explique le PDG.

Mondelez Canada a aussi profité de cette révision pour concentrer sa production vers des produits plus santé, en éliminant aussi des ingrédients contestés comme l’huile de palme dans la fabrication de ses chocolats.

Certains produits qui sont fabriqués au Canada pour l’ensemble du marché mondial, comme les pastilles Halls et les gommes Dentyne et Trident, ont fait des fours durant la pandémie.

Il n’y a pas eu de grippe ni de rhume, alors nos ventes de Halls ont été en chute libre. La gomme, qui est un produit hautement social, n’a pas été populaire non plus. Avec le retour au bureau, on prévoit une certaine reprise.

Martin Parent, PDG de Mondelez Canada

On parle depuis quelques semaines déjà de la rentrée scolaire, de la façon dont on va s’y préparer avec la fin quasi assurée du confinement. Certains poussent plus loin encore la prospective et s’activent déjà à préparer la soirée de l’Halloween, qui devrait fracasser des records en matière de nombre de friandises qui y seront échangées.

« Le secteur de la confiserie a été affecté l’an dernier par la pandémie. On a décidé en avril 2020 de réduire la production de produits d’Halloween parce qu’on voyait que la situation ne serait pas facile en octobre. Cette année, on prévoit une année record pour l’Halloween et on a fabriqué en conséquence », insiste Martin Parent.

La prodigieuse récolte attendue du 31 octobre prochain risque donc d’alourdir le bilan collation des parents qui vont avoir à piger dans les réserves de leurs enfants jusqu’à Noël. Autant de calories en trop qu’il faudra bien brûler un jour…