Parmi les aliments qui ont gardé leur place dans notre assiette, inflation alimentaire ou non, les œufs. Pourquoi ? La protéine est encore abordable, mais la hausse de consommation s’expliquerait aussi par l’arrivée au Québec de gens dont la culture alimentaire fait une belle place à l’œuf. Le point, en quatre informations clés.

4 %

C’est la croissance en une année de la consommation des œufs au Québec – et de la production, les œufs étant sous gestion de l’offre au Canada.

« La vie est redevenue normale », lance Paulin Bouchard, président de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec, qui fait référence aux années COVID-19 où la fermeture des restaurants a affecté la vente d’œufs.

« La consommation d’œufs est en hausse ; les ventes en magasin aussi », confirme Jean-Luc Turgeon, vice-président ventes et marketing des fermes Burnbrae.

Le spectre négatif des « années cholestérol » semble disparu pour de bon, explique M. Turgeon.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Une partie de la population veut s’offrir une alimentation riche en protéines, les sportifs, notamment, et les œufs sont encore abordables.

Une partie de la population veut s’offrir une alimentation riche en protéines, les sportifs, notamment, et les œufs sont encore abordables. « Le fait que le prix des autres protéines animales a beaucoup augmenté durant les dernières années fait des œufs un aliment au rapport qualité-prix intéressant », poursuit le représentant des fermes Burnbrae.

L’immigration

« On n’y pense pas, mais l’immigration au Canada amène des gens pour qui les œufs font partie du quotidien », avance aussi Jean-Luc Turgeon.

« La consommation d’œufs par habitant au Canada est environ 40 % moins élevée qu’au Mexique ou qu’en Asie », dit-il.

Paulin Bouchard, producteur lui-même, note aussi que certains néo-Québécois consomment non seulement beaucoup d’œufs, mais qu’ils influencent aussi les autres. « C’est contagieux quand on voit des gens manger des œufs autour de nous », dit-il. Des plats se sont ainsi intégrés au répertoire alimentaire québécois, avec le temps.

Les œufs de spécialité

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les œufs de spécialité ne sont pas moins populaires, malgré l’inflation alimentaire.

« Étonnamment, ils sont encore en croissance malgré la morosité économique, dit Jean-Luc Turgeon, et ce, dans toutes les gammes de produits. Autant les biologiques, qui sont très chers, que les œufs oméga-3. »

Une exception : les œufs bruns sont moins populaires que les blancs de même catégorie.

M. Turgeon est bien placé pour parler d’œufs de spécialité puisque Burnbrae propose 16 variétés d’œufs en coquille, selon que les consommateurs s’intéressent davantage aux bénéfices nutritionnels ou au bien-être animal. Ceux qui veulent tout à la fois opteront pour des produits comme le Naturœuf oméga plus solaire parcours libre.

Selon Paulin Bouchard, les gens ne reviendront pas en arrière. Quelqu’un qui a adopté des œufs de poules en liberté parce qu’il veut soutenir ce type d’agriculture ne va pas changer de philosophie de consommation soudainement. Par contre, note l’agriculteur, ils pourraient changer de type d’œufs selon les rabais de la semaine. M. Bouchard précise toutefois que les consommateurs d’œufs biologiques sont très fidèles.

La croissance est particulièrement grande pour les œufs destinés à la transformation, car les boulangers, pâtissiers et autres fabricants de quiches qui veulent offrir un produit bio doivent inévitablement utiliser des œufs biologiques.

Idem pour les restaurateurs ou les chaînes qui affichent que leurs sandwichs déjeuners sont faits d’œufs de poules en liberté. On peut difficilement revenir en arrière là aussi.

À noter : aux fermes Burnbrae, on admet que les ventes d’œufs liquides, ces œufs vendus en gobelet de carton comme la crème, sont stables. Le marché est potentiellement mature. Ou, en ces temps de pression budgétaire, les consommateurs préfèrent craquer leurs œufs eux-mêmes.

200

Il y a désormais 200 fermes avicoles dans la province. C’est le double de ce que c’était au moment où Paulin Bouchard a pris la présidence de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec, il y a 13 ans.

Selon lui, l’arrivée de la technologie dans les poulaillers a beaucoup à voir avec ce regain d’intérêt pour les jeunes envers la profession.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Il y a maintenant 200 fermes avicoles dans la province.

« On a l’impression que c’est redevenu valorisé d’être un producteur avicole », dit Paulin Bouchard, dont la ferme est en Beauce.

« La relève est tellement présente, poursuit-il, que je connaissais les noms de tous les producteurs par cœur avant, mais là, ce n’est plus le cas ! »

L’agriculteur se réjouit de voir des petites entreprises rester, croître ou apparaître dans les régions québécoises.

« On a atteint un bel équilibre », dit-il.

En savoir plus
  • 20 %
    Le Québec est la deuxième province productrice d’œufs – après l’Ontario. Environ 20 % des œufs canadiens sont pondus au Québec.
    source : Agriculture Canada (2022)
    51 %
    La moitié des producteurs d’œufs au Canada se trouve au Québec et en Ontario
    source : Agriculture Canada (2022)
  • 152 millions de douzaines
    Si la taille des poulaillers varie, ils contiennent en moyenne autour de 28 000 poules pour un total de 152 millions de douzaines d’œufs québécois, selon les chiffres de 2022.
    source : Fédération des producteurs d’œufs du Québec