Sylvie Lalande est appelée à prendre la relève de feu Brian Mulroney pour assister Pierre Karl Péladeau chez Québecor.

Les astres sont alignés en faveur de la nomination de l’ancienne employée cadre chez Bell et ex-membre de la haute direction de Vidéotron pour qu’elle succède à l’ancien premier ministre du Canada à la présidence du conseil d’administration de Québecor.

Lorsque Pierre Karl Péladeau avait quitté ses fonctions chez Québecor en 2014 pour se lancer en politique, c’est Sylvie Lalande qui l’avait remplacé à la présidence du conseil d’administration du Groupe TVA, poste qu’elle occupe toujours aujourd’hui.

La décision de nommer la personne qui présidera dorénavant le conseil d’administration de Québecor à la suite du décès, cet hiver, de Brian Mulroney revient aux administrateurs.

Pierre Karl Péladeau n’est pas un des sept administrateurs chez Québecor. Deux de ses frères le sont toutefois.

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Sylvie Lalande, en 2019

Si la nomination à la tête du conseil d’administration de Québecor n’a pas encore été officiellement annoncée, ça serait notamment pour une question de respect envers l’ex-premier ministre du Canada décédé à la fin de février et ce qu’il représente pour l’entreprise, en particulier pour le grand patron Pierre Karl Péladeau.

On peut d’ailleurs s’attendre à ce que l’assemblée annuelle des actionnaires de Québecor, jeudi, soit consacrée à Brian Mulroney. L’évènement se dessine pour être une occasion de rendre un autre hommage à celui qui était président du conseil d’administration de Québecor depuis une dizaine d’années.

Sylvie Lalande devrait prendre la parole en ouverture d’assemblée au nom des administrateurs. Vice-présidente du conseil d’administration de Québecor et administratrice en chef, elle fait partie du conseil du conglomérat montréalais depuis 2011. Elle est aussi présidente du comité de ressources humaines et de régie d’entreprise.

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Brian Mulroney s’est éteint à la fin de février dernier.

Elle a pu bénéficier au fil des années de la sagesse, des idées, du jugement et de l’expérience de Brian Mulroney, un homme respecté par Pierre Karl Péladeau et dont le réseau de contacts avait une valeur inestimable.

Rôle névralgique

Assister Pierre Karl Péladeau n’est pas une mince tâche pour toute personne appelée à occuper le poste de président du conseil de Québecor compte tenu de la forte personnalité de l’homme d’affaires de 62 ans, mais aussi parce qu’il est le principal dirigeant et l’actionnaire de contrôle en vertu d’actions à droit de vote multiple (il contrôle 76 % des votes liés aux catégories d’actions A et B de Québecor). Qui plus est, ses frères Érik et Jean siègent au conseil.

Sylvie Lalande, 73 ans, est décrite dans les coulisses comme étant une femme d’affaires ayant un style plus direct que Brian Mulroney. « C’est une personne qui tient son bout, qui a été bien coachée par Brian Mulroney et qui a ses tête-à-tête réguliers avec Pierre Karl Péladeau », raconte une personne près de l’organisation qui ne veut pas être identifiée parce qu’elle n’est pas autorisée à parler publiquement.

« Ça ne sert à rien de mordre Pierre Karl. Il faut l’amener à… et Sylvie Lalande est capable de faire ça », poursuit cette personne.

« Brian Mulroney était le président du conseil d’administration parfait », commente de son côté un ex-membre de la haute direction de Québecor qui ne souhaite pas être identifié par crainte de nuire à ses relations avec Pierre Karl Péladeau. « Brian Mulroney était à l’écoute de Pierre Karl et c’était un mentor. »

Selon cet ex-dirigeant de Québecor, la personne qui succède à Brian Mulroney doit connaître l’entreprise et être consciente de la personnalité de Pierre Karl. « Il faut savoir comment le prendre, mais ça vaut aussi pour toute personne qui travaille de près avec Pierre Karl. »

Sylvie Lalande est une personne qui peut être ferme, poursuit-il.

Elle sait aussi écouter, elle a de l’empathie, et sait comment saisir l’humeur des gens. Elle vient du milieu des affaires et a vu neiger.

Un ex-dirigeant de Québecor

Un autre routier de l’industrie des télécommunications qui connaît bien le président et chef de la direction de Québecor se montre catégorique. « Personne ne peut faire contrepoids à Pierre Karl Péladeau », dit-il en refusant d’être identifié, craignant de nuire à ses relations personnelles et professionnelles.

Dans un cas comme celui de Québecor où le grand patron est aussi l’actionnaire de contrôle, il importe que le président du conseil puisse exercer un ascendant positif sur le PDG, souligne pour sa part le président de l’Institut sur la gouvernance, François Dauphin.

En plus d’apporter des connaissances pertinentes aux fins de gouvernance de l’entreprise et une valeur ajoutée aux discussions, ajoute-t-il, cette personne doit permettre une relation de travail harmonieuse. « Donc une relation de confiance sans toutefois être complice ou complaisante, une ligne mince à maintenir afin de pouvoir dire les vraies choses au PDG. »

Le changement de la garde à la tête du conseil d’administration arrive à un moment où Québecor procède à l’intégration de Freedom Mobile pour réaliser l’expansion de ses activités de télécommunications à l’extérieur du Québec.

Il n’a pas été possible de parler à Sylvie Lalande ni d’obtenir un commentaire auprès de la direction de Québecor.