Deux mois après avoir réalisé l’intégration des 11 magasins Brault & Martineau de l’ouest du Québec sous l’enseigne Tanguay, le Groupe BMTC poursuit sa transformation en amorçant prochainement la construction de cinq tours d’habitation à Laval. Il s’agit du premier d’une série de trois projets immobiliers qui vont lever de terre au cours des prochaines années, explique la PDG du Groupe BMTC, Marie-Berthe Des Groseillers.

À la surprise de beaucoup, BMTC a décidé, en mai dernier, de regrouper sous la seule enseigne Tanguay les trois marques de magasins d’ameublement et d’électroménagers qu’elle chapeaute depuis des années, soit Brault & Martineau, EconoMax et Tanguay.

« On a choisi de garder la bannière qui affichait la meilleure formule. Les magasins Tanguay avaient déjà entrepris de modifier leur offre en ayant beaucoup plus de produits de la maison en succursale et le nom est fortement bien ancré à Québec.

« Les consommateurs dans nos magasins Brault & Martineau ont eu un choc au début, mais la réaction est bonne, ils sont contents de voir la variété qu’on offre maintenant. On avait 30 000 produits en inventaire, aujourd’hui on en a 80 000. Il fallait pouvoir concurrencer les Amazon et Wayfair de ce monde », explique la PDG.

Le réseau du Groupe BMTC compte donc aujourd’hui 24 magasins Tanguay et 5 magasins Tanguay l’Entrepôt, il emploie 1000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 750 millions.

Outre l’investissement de 28 millions qui a été requis pour réaliser la transformation du réseau, Marie-Berthe Des Groseillers prévoit investir d’ici trois à cinq ans entre 100 et 150 millions dans la construction de deux nouveaux centres de distribution à Lévis et dans la région de Montréal.

« On vient de vendre l’entrepôt de Montréal 67 millions. Il faisait plus de 600 000 pieds carrés et il était tout en longueur, ce qui n’est pas pratique pour nos équipes. On va construire un nouveau centre de distribution de 300 000 pieds carrés, mais en hauteur, ce qui va faciliter l’utilisation de robots. Même chose à Lévis, on va passer d’un entrepôt de 400 000 pieds carrés à 300 000 pieds carrés », explique la PDG.

En poste depuis 2018, Marie-Berthe Des Groseillers a succédé à son père, Yves, qui a bâti le Groupe BMTC en réalisant l’acquisition des magasins Brault & Martineau en 1987 et Ameublement Tanguay en 1989. M. Des Groseillers est aujourd’hui président du conseil de BMTC.

À ses débuts dans l’entreprise, Marie-Berthe Des Groseillers a mis sur pied la fondation Brault & Martineau, avant de devenir secrétaire corporative puis cheffe des opérations du Groupe BMTC.

« C’est Charles Tanguay qui est président pour les activités de détail chez Tanguay, moi, je développe la vision à long terme du Groupe BMTC et je ne veux pas mettre tous mes œufs dans le même panier. J’ai entrepris de développer l’immobilier parce que mon père a bâti un réseau de magasins qui sont tous très bien situés », explique la PDG.

Du placement aux tours de logements

L’immobilier est le troisième secteur d’activité du Groupe BMTC. L’entreprise gère en effet un portefeuille de valeurs de plus de 200 millions, bâti à partir des liquidités excédentaires et de l’encaisse du groupe.

« On va commencer bientôt la construction de cinq tours d’habitation sur le site de notre ancien magasin sur le boulevard Le Corbusier, à Laval, tout juste à côté de la station de métro Montmorency et de la Place Bell. On vise d’ici 10 ans à construire cinq tours qui vont totaliser 1200 portes et qui vont coûter 100 millions chacune », explique la PDG.

Le Groupe BMTC s’est associé au promoteur Urbania, qui va prendre une participation de 25 % dans le projet. Un autre ensemble résidentiel va bientôt être lancé sur le site de l’ancien Brault & Martineau de Sainte-Thérèse, où on prévoit mettre en chantier un complexe de 700 à 800 portes.

Enfin, un troisième projet de tours d’habitations est en préparation, mais Mme Des Groseillers ne veut pas en dire plus pour l’instant, parce qu’il reste des détails à finaliser.

Les actions du Groupe BMTC sont inscrites à la Bourse de Toronto, mais le titre est désigné par le Globe and Mail comme l’une des 10 entreprises de détail les plus sous-évaluées au Canada, alors que ses actions se négocient à 6,7 fois les bénéfices contre 17,5 fois pour l’indice TSX.

« Il n’y a pas de volume sur notre titre, notamment parce qu’il n’est pas liquide. Notre holding familial contrôle 63 % des actions ordinaires et Fidelity en contrôle 13 %. En fait, le seul acheteur, c’est nous parce qu’on rachète de nos actions depuis 20 ans et que c’est le placement qui nous rapporte le plus », souligne Marie-Berthe Des Groseillers.

Yves Des Groseillers a tenté de privatiser le Groupe BMTC il y a une quinzaine d’années, sans succès.

Avec son portefeuille de valeurs et son incursion dans le domaine immobilier, la PDG veut prémunir le groupe contre des changements brusques dans le domaine du commerce au détail.

« Je veux assurer la pérennité de l’entreprise. Là, on est dans un cycle négatif depuis six à huit mois et ça va encore durer un an au moins. Les consommateurs doivent payer plus cher leur épicerie et leur hypothèque, ils ont moins de marge de manœuvre pour acheter dans nos magasins alors que, durant la pandémie, nos ventes d’électroménagers avaient quadruplé », constate Marie-Berthe Des Groseillers.