Bombardier déplore un manque d’écoute de la part du gouvernement Trudeau et craint de le voir conclure une entente de gré à gré avec Boeing pour de nouveaux avions de surveillance – un contrat multimilliardaire – plutôt que par l’entremise d’un appel d’offres en bonne et due forme.

« J’ai envoyé quatre lettres vers Ottawa, a expliqué le président et chef de la direction de l’avionneur, Éric Martel, jeudi, sur les ondes du 98,5 FM. J’ai eu un accusé de réception, mais pas de discussions vraiment. On entend qu’il y a beaucoup de pression de l’autre partie [Boeing] pour peut-être aller de l’avant de gré à gré. »

Le contrat en question concerne le remplacement des CP-140 Aurora exploités par la Défense nationale. Il s’agit d’aéronefs de patrouille à long rayon d’action qui seront progressivement mis au rancart à compter de 2030. Leur mise en service a débuté en 1980. Ces appareils peuvent transporter huit torpilles anti-sous-marines.

Évalué à plus de 5 milliards, le programme « Aéronef multimissions canadien » devrait commencer à prendre forme en 2023. Les premières livraisons sont prévues au début de la prochaine décennie.

Boeing a déjà levé la main avec son P-8A Poseidon – qui s’apparente à la famille d’avions 737. Bombardier aimerait que ses jets privés Global, qui peuvent être convertis pour effectuer des missions de reconnaissance et de surveillance, soient évalués par le gouvernement canadien. Pour la multinationale québécoise, le défi consistera à convaincre les autorités canadiennes qu’un appareil de plus petite taille peut accomplir le même travail que le modèle de son rival.

« Oui, il y a des gens [du gouvernement] qui ont écouté, mais on n’a pas eu de réponse claire pour dire : “Oui, il va y avoir un appel d’offres”, a dit M. Martel. On ne demande pas que le contrat nous soit octroyé de gré à gré, mais je veux au moins avoir la chance de soumissionner avec un produit que l’on estime extrêmement compétitif. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Martel est président et chef de la direction de Bombardier.

L’assemblage de la famille Global s’effectue dans la région de Toronto. Le changement de vocation d’un avion s’effectue à Wichita, au Kansas, qui était autrefois responsable de la construction des Learjet. L’appareil de Boeing est assemblé aux États-Unis.

Dans un courriel envoyé à La Presse, la Défense nationale a indiqué que « le nombre exact de plateformes qui seront achetées est encore en cours de détermination », sans confirmer s’il y aurait un appel d’offres. Les prochaines étapes du projet devraient être annoncées dans la « nouvelle année », a écrit une porte-parole, Jessica Lamirande.

Le géant américain n’avait pas répondu, jeudi après-midi, aux propos de M. Martel.

Bombardier est bien moins présente que Boeing, Airbus et Embraer dans le secteur militaire, mais elle aimerait que cela change. L’entreprise aimerait générer dans ce secteur environ 10 % – soit environ 1 milliard US – de son chiffre d’affaires annuel.

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  • 550
    Nombre d’avions d’affaires « spécialisés » construits par Bombardier qui sont en service dans le monde
    SOURCE : bombardier