La Dre Annie Lapointe, ORL pédiatrique à l’hôpital Sainte-Justine, demeure convaincue que l’hygiène nasale aide à prévenir les otites à répétition. Elle en tient pour preuve une recherche clinique qu’elle a coréalisée – qui est l’une des seules jamais produites – en 2007 et 2008. Les résultats ont été présentés au congrès annuel de l’American Society of Pediatric Otolaryngology en 2009, mais n’ont jamais été publiés dans une revue scientifique.

« Ça a prouvé que l’hygiène nasale diminuait le nombre d’otites de façon statistiquement significative, dit-elle. C’étaient des résultats incroyables. »

Selon les conclusions de l’étude, que nous avons pu consulter, mais qui n’ont pas encore été validées, les enfants soumis à l’hygiène nasale ont développé trois fois moins d’otites que ceux du groupe témoin. Nuance importante : il y a 15 ans, la Dre Lapointe et son équipe avaient utilisé la méthode du compte-gouttes, qui permet au liquide de s’écouler par gravité, et non les seringues aujourd’hui valorisées.

La médecin spécialiste compte reprendre les démarches auprès des publications scientifiques pour que son étude soit diffusée.

La Dre Lapointe souhaite aussi créer un comité avec ses collègues des autres centres hospitaliers universitaires du Québec pour que des recommandations cohérentes soient communiquées aux parents québécois.

De son côté, le CHU de Québec est élabore un projet de recherche sur l’hygiène nasale et les otites chez les enfants. « De la science exacte sur le mouchage de nez, il n’y en a pas tant que ça », fait remarquer le DMarc-André Dugas, chef du département de pédiatrie. « C’est comme le débat Québec-Montréal pour savoir si le but d’Alain Côté était bon. »

L’Association d’otorhinolaryngologie et de chirurgie cervico-faciale du Québec a récemment demandé à l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux de faire une revue de la littérature sur l’hygiène nasale chez les adultes et les enfants et de produire des recommandations.

« La dernière chose que l’on voudrait, c’est que les parents arrêtent de faire l’hygiène nasale, s’inquiète la Dre Lapointe. Parce que les enfants qui reniflent leur morve risquent fort de se retrouver avec des problèmes d’otites. » Et ça, c’est prouvé.

La tempête parfaite

Trois causes principales contribuent aux otites à répétition chez les enfants, note la Dre Annie Lapointe. Lorsqu’elles sont toutes réunies, c’est « la tempête parfaite ».

  • L’anatomie : « à la naissance, la trompe d’Eustache est horizontale et c’est tranquillement, année après année, qu’elle devient oblique et que l’oreille est plus haute que le nez, vers 6-7 ans ».
  • Le comportement : « les enfants se mettent dans la bouche ce que l’autre ami s’est mis dans la bouche et que l’autre ami avant s’est mis dans la bouche ».
  • L’environnement : « les enfants qui sont en CPE ou en garderie subventionnée de plus de 10 enfants baignent dans un milieu de culture virale ».