(Sept-Îles) L’ordre d’évacuation en vigueur à Sept-Îles est maintenu. Même si l’incendie 172 n’a pas progressé vers la ville qu’il menace, il reste imprévisible. Devant la frustration grandissante chez les résidants qui sont évacués depuis vendredi, les autorités appellent à la patience.

C’est que l’incendie reste imprévisible en raison des vents changeants, a averti Isabelle Gariépy, porte-parole de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). La pluie attendue lundi ou mardi serait aussi moins importante que prévu initialement.

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L’incendie qui fait rage non loin de Sept-Îles reste imprévisible en raison des vents changeants.

Lorsque les premiers avis d’évacuation ont été annoncés pour les secteurs à l’est de Sept-Îles, vendredi, le feu avait progressé en moyenne de 35 mètres à la minute dans la nuit précédente, a révélé le maire de Sept-Îles, Steeve Beaupré.

« À ce moment-là, le feu avait avancé de cinq kilomètres vers le sud en 24 heures », a-t-il expliqué en invitant la population à rester sur ses gardes.

L’ordre d’évacuation déjà en vigueur pour les secteurs de Moisie, Les Plages et Lac-Daigle, qui touche 4500 personnes, est prolongé au moins jusqu’à lundi. Les résidants du quartier Sainte-Famille, le moins proche du brasier, sont toujours en préalerte et doivent rester prêts à évacuer rapidement.

Appel à la patience

Devant l’impatience de la population à réintégrer les zones évacuées, les autorités appellent donc à la patience.

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La ministre responsable de la région de la Côte-Nord, Kateri Champagne Jourdain, le chef du conseil de bande d’Uashat mak Mani-utenam, Mike Mckenzie, et le maire de Sept-Îles, Steeve Beaupré

Le bruit a circulé dimanche matin à l’hôtel de ville que des résidants frustrés viendraient manifester durant le point de presse des autorités. Des patrouilles de la Sûreté du Québec ont été demandées afin d’assurer que le tout se déroule dans le calme.

Dès que ce sera possible de réintégrer de façon sécuritaire [votre foyer], vous le ferez, soyez rassurés.

Steeve Beaupré, maire de Sept-Îles

M. Beaupré a enregistré un message vocal qui a été envoyé aux citoyens de la ville samedi soir dans le but de les rassurer.

« La population est appelée à être patiente. C’est la sécurité de ces gens qui passe en premier », a expliqué à ses côtés la ministre responsable de la région de la Côte-Nord, Kateri Champagne Jourdain, en conférence de presse à l’hôtel de ville.

Les écoles fermées lundi

En raison du maintien des ordres d’évacuation, les écoles seront fermées ce lundi.

L’état d’urgence déclenché vendredi matin a aussi été prolongé pour une nouvelle période de cinq jours à Sept-Îles, mais le maire Beaupré a souligné que cela ne signifiait pas que les évacuations seraient prolongées de la même façon.

Samedi après-midi, environ 100 militaires des Forces armées canadiennes sont arrivés dans la région afin d’aider aux opérations de lutte contre les incendies. Une autre centaine de militaires était attendue dans la région au cours des prochaines heures.

Pendant ce temps, l’incendie 172 progresse toujours, mais vers le nord. L’incendie ne sera certainement pas contenu dimanche, a indiqué Isabelle Gariépy, de la SOPFEU.

Les autorités espèrent de la pluie pour mardi, ce qui donnerait un coup de main dans leur combat. D’ici là, la lutte se poursuit.

La Basse-Côte-Nord toujours isolée

L’attention des autorités se tourne maintenant du côté de la Basse-Côte-Nord, où 6500 personnes sont isolées depuis presque une semaine en raison de la fermeture du pont Touzel reliant la Minganie au reste du Québec. Une fissure découverte lors d’une inspection avait forcé la fermeture du pont.

Les Forces armées canadiennes ont prêté main-forte dimanche pour charger des avions de l’aéroport de Sept-Îles afin de distribuer des denrées. D'autres avions-cargos, dont certains en provenance de Québec, ont aussi débarqués leurs cargaisons à Havre-Saint-Pierre, en Minganie.

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François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique

« Ce n’est pas le moment d’aller vider les épiceries. Il y aura en masse d’eau et de denrées périssables et autres pour alimenter toute la population », a assuré le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.

Par ailleurs, un tuyau sera installé sur le pont Touzel, afin d’alimenter en essence les camions-citernes. Les autorités avaient invité jeudi la population à limiter sa consommation de biens et de carburant aux besoins essentiels.

La réouverture du pont aux « véhicules légers » est prévue pour la fin de la semaine prochaine.

Avec la collaboration d’Alice Girard-Bossé, La Presse

Lisez le compte rendu de nos envoyés spéciaux « Au cœur du monstre de feu »