(Montréal) Plus de 141 incendies de forêt, soit trois de plus que la veille, sont désormais actifs au Québec. Pour éviter d’aggraver la situation, de nouvelles interdictions d’accès aux forêts sont entrées en vigueur dimanche dans plusieurs régions de la province.

« On fait face à une situation qui ne s’est jamais vue. Des feux d’une telle intensité, mais sur tout notre territoire », a déclaré la ministre des Ressources naturelles et des Forêts et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent et de la région de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Maïté Blanchette Vézina, en conférence de presse dimanche matin.

Toutes les ressources de la province sont actuellement concentrées pour éteindre 35 incendies. « Ces feux que nous avons pris en charge ont été définis pour protéger nos infrastructures névralgiques, comme Hydro-Québec, et protéger notre population et leurs biens », a indiqué le ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de l’Estrie, François Bonnardel.

Plus d’une centaine d’autres ne sont toutefois pas combattus par les pompiers, en raison du manque d’effectifs. « Ils sont considérés hors contrôle, donc ils peuvent continuer de progresser. Dans l’ouest [du Québec], avec les conditions d’assèchement et où il n’y a pas de pluie prévue, ça peut être préoccupant », a déclaré Stéphane Caron, officier principal de la SOPFEU. Ces feux se situent principalement dans des milieux forestiers, où il n’y a pas de communauté, a-t-il précisé.

Les renforts arrivent

Au total, 100 soldats sont désormais sur le terrain pour assurer la logistique à Sept-Îles et une centaine d’autres arriveront dimanche et seront formés au cours de la journée pour combattre les incendies. Vendredi, le ministre Bonnardel a demandé à Ottawa d’envoyer des effectifs des Forces armées canadiennes pour combattre les brasiers sur la Côte-Nord.

De son côté, la Sûreté du Québec a réparti 200 effectifs sur la Côte-Nord et en Abitibi, tandis que 200 pompiers auxiliaires additionnels seront formés dans les prochains jours.

Sur la Côte-Nord, 4500 personnes demeurent évacuées et 5500 autres le sont toujours en Abitibi. La majorité population de Chapais a toutefois pu réintégrer son domicile.

Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts a élargi dimanche les territoires visés par l’interdiction de circuler en forêt. « C’est pour éviter d’aggraver la situation », a indiqué la ministre Blanchette Vézina. On parle désormais du Nord-du-Québec, de la Côte-Nord, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Mauricie, de l’Outaouais, des Laurentides, de Lanaudière.

PHOTO TIRÉ DU SITE DE LA SOPFEU

Carte des secteurs visés par l’interdiction de circuler en forêt.

« On lance un appel à tous les Québécois de ne pas aller dans les forêts dans les autres régions du Québec. On veut contenir les feux qu’on a en ce moment et ne pas en déclencher d’autres », a déclaré Mme Blanchette Vézina.

Le président français, Emmanuel Macron, a fait valoir son soutien aux Canadiens touchés par les incendies de forêt dans une publication Twitter dimanche. « Le Canada fait face à de terribles incendies. La France est solidaire. Une centaine de nos soldats du feu se préparent à aller combattre les flammes aux côtés de leurs camarades québécois. Des experts sont aussi mobilisés. Amis canadiens, les renforts arrivent », a-t-il écrit.

Pont Touzel

Du côté de la basse Côte-Nord, 6500 personnes sont isolées depuis presque une semaine en raison de la fermeture du pont Touzel reliant la Minganie au reste du Québec. Une fissure découverte lors d’une inspection avait forcé la fermeture du pont.

Dans les prochaines heures, les Forces armées canadiennes viendront prêter main forte afin de distribuer des denrées. « Ce n’est pas le moment d’aller vider les épiceries. Il y aura en masse d’eau et de denrées périssables et autres pour alimenter toute la population », a averti le ministre Bonnardel.

Par ailleurs, un tuyau sera installé sur le pont Touzel, afin d’alimenter en essence les camions-citernes. Les autorités avaient invité jeudi la population à limiter sa consommation de biens et de carburant aux besoins essentiels.

État d’urgence à Lebel-sur-Quévillon

À Lebel-sur-Quévillon, dans le Nord-du-Québec, le conseil municipal s’est réuni lors d’une séance extraordinaire dimanche matin pour décréter l’état d’urgence.

Les 2000 citoyens qui ont reçu l’ordre de fuir leur domicile vendredi ne peuvent donc pas rentrer chez eux dimanche, même si, là aussi, la progression des incendies a été « assez calme » dans la nuit de samedi à dimanche.

« Le feu n’a pas bougé de la nuit », a confirmé le maire Guy Lafrenière lors d’un point de presse.

Plusieurs incendies à proximité de la petite ville sont malgré tout encore considérés comme étant « non maîtrisés » dimanche. L’épaisse fumée qui se dégage des flammes a aussi empêché des avions de voler dans la région en début de journée, mais ce problème s’est résorbé en quelques heures.

La fumée inquiète en Abitibi

À Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue, la situation n’a pas changé par rapport à samedi soir, quand les secteurs de Louvicourt, du lac Wyeth, du lac Gueguen, du lac Matchi-Manitou et du lac Villebon ont été évacués.

Toute la région de l’Abitibi est cependant invitée à être prudente en raison de la mauvaise qualité de l’air causée par les incendies.

Même si la recommandation de se confiner à l’intérieur a pris fin dimanche matin, le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue a tout de même invité la population à « faire preuve d’une grande prudence, au moins jusqu’à lundi ».

De son côté, le ministère des Transports et de la Mobilité durable a invité dimanche la population à demeurer vigilante en raison de la possibilité de la présence d’animaux de la grande faune sur le réseau routier, notamment dans les secteurs incendiés.

Avec La Presse Canadienne