La longue trotte d'Alexis le Trotteur s'achève. Les os du célèbre personnage folklorique, qui étaient exposés depuis 30 ans au Musée de la Pulperie à Chicoutimi, seront finalement remis en terre aujourd'hui dans Charlevoix au vieux cimetière de Clermont, sa ville de naissance, après une cérémonie du souvenir officielle.

Cette inhumation est l'ultime chapitre d'un feuilleton qui dure depuis 2003. Il aura fallu des demandes répétées de la Société d'histoire de Charlevoix, doublées d'une pression médiatique croissante, pour que le Musée de la Pulperie accepte de se départir du squelette d'Alexis Lapointe - dit le Trotteur - qui était sa «vedette» depuis près de 30 ans.

 

«On le voit comme une victoire, mais surtout comme une réparation, se réjouit Serge Gauthier, président de la Société d'histoire de Charlevoix. Il fallait bien le ramener un jour ou l'autre au bon endroit, c'est-à-dire à côté de la maison où il a vécu. À force de le voir exposé comme dans un cirque, les gens avaient oublié qu'Alexis avait été une personne. Disons que c'est une belle amélioration pour lui.»

Jean-Pierre Gagnon, maire de Clermont, parle pour sa part d'un «dénouement heureux». Selon lui, il est clair qu'Alexis le Trotteur «fait partie du patrimoine culturel de Clermont», au même titre que Laure Gaudreault, pionnière du syndicalisme enseignant.

M. Gagnon ne se «cache pas» que le retour d'Alexis donnera un coup de pouce touristique à la ville. En plus d'une pierre tombale - à venir -, une statue sera érigée en son honneur dès l'an prochain, alors que Clermont célébrera ses 75 ans d'existence. «J'espère que si des gens viennent nous visiter, ils verront cette sculpture qui a rapport avec la légende», observe M. Gagnon. L'artiste Léonce Émond devrait être mandaté pour créer l'oeuvre.

Surnommé le «Trotteur» en raison de sa vitesse de sprinter et de son souffle de marathonien, Alexis Lapointe a alimenté bien des «légendes rurales» dans le Québec des années 1900.

On dit qu'il courait plus vite que les chevaux. Qu'il pouvait jouer de la «ruine-babines» et danser sans arrêt jusqu'au petit matin. Partant de La Malbaie, il aurait aussi couru à travers les bois jusqu'à Chicoutimi pour devancer le bateau sur lequel se trouvait son père.

Folklore ou réalité? Une seule chose est sûre: Alexis Lapointe est mort en 1924, à Alma, heurté par un train qu'il n'avait pas entendu venir.

Parce que Clermont n'était encore qu'une paroisse à l'époque, son corps avait été enterré dans une fosse commune au cimetière de La Malbaie. En 1966, ses os avaient été exhumés illégalement par l'écrivain Jean-Claude Larouche, pour les besoins d'une recherche universitaire; il les avait par la suite remisés dans un placard. En 1975, les os ont été cédés au Musée du Saguenay, qui les a ensuite confiés au Musée de la Pulperie, à Chicoutimi, où il est devenu une attraction.

«Disons que c'est une histoire assez spéciale, conclut Serge Gauthier. Maintenant, il peut reposer en paix.»