Une vie personnelle chamboulée par l’arrivée d’un enfant, de la fatigue, des montagnes russes… et malgré cela, une grosse tape dans le dos de ses collègues. Marwah Rizqy est choisie parlementaire femme de l’année, critique de l’opposition la plus tenace et reine de la clip, à égalité avec Geneviève Guilbault. Et même si les sondages ne sourient pas aux libéraux, les députés reconnaissent leur travail : André Fortin est aussi parlementaire homme de l’année.

Parlementaire de l’année (femme)

  • 1. Marwah Rizqy
  • 2. Geneviève Guilbault
  • 3. Sonia LeBel
  • (En 4position : Manon Massé)

« Je n’avais pas l’impression d’être à mon meilleur »

PHOTO PASCAL RATTHÉ, LA PRESSE

Marwah Rizqy

Marwah Rizqy le reconnaît, elle place parfois la barre trop haut. Élue femme parlementaire de l’année, devant les élues caquistes Geneviève Guilbault et Sonia LeBel, la députée libérale de Saint-Laurent se dit « touchée », car elle ne se sent pas toujours à la hauteur.

« J’ai vraiment été surprise. J’étais très touchée, surtout que ça a été une session d’ajustement sur le plan personnel, pour moi et Greg [Kelley, son conjoint, aussi député de Jacques-Cartier] », lance Mme Rizqy.

« J’ai l’impression de ne pas être à mon meilleur pour des raisons personnelles. C’est une belle touche pour moi. Ça m’a rassurée », ajoute-t-elle.

Avec un bébé, elle « traîne une fatigue qui n’arrête pas de s’accumuler », et au même moment, elle suit des traitements de fécondation in vitro qui lui font vivre des « montagnes russes ».

En parallèle, elle doit apprendre « à dire non pour la première fois ». Le soir, après 20 h, elle est à la maison pour voir son enfant. Le dimanche, elle ne travaille plus. « En temps normal, je travaillais sept jours sur sept », laisse-t-elle tomber. Ces changements lui font vivre « un sentiment de culpabilité » parce qu’elle n’est « pas capable de tout faire ».

Parlementaire de l’année (homme)

  • 1. André Fortin
  • 2. Paul St-Pierre Plamondon
  • 3. Christian Dubé

André Fortin coiffe Paul St-Pierre Plamondon

PHOTO PASCAL RATTHÉ, LA PRESSE

André Fortin

« Avez-vous compté plus qu’une fois ? Vous êtes certain ? Je ne le croyais pas quand on m’a rapporté la nouvelle », lance André Fortin, interloqué, au bout du fil.

L’efficace député libéral n’est ni chef de parti, comme Paul St-Pierre Plamondon, ni ministre avec un « dossier chaud », comme Christian Dubé, qui ont terminé au deuxième et au troisième rang dans cette catégorie. Mais il est « tenace ».

« Ce n’est pas juste le spectacle, ce n’est pas juste le nombre de fois où on est présent dans les médias. C’est d’être capable de représenter les gens de chez nous. […] Ça veut dire par moments attaquer des politiques du gouvernement, mais pas de le faire de façon à ce que je ne puisse plus parler avec un ministre à la fin de la journée. Si les collègues ont vu ça chez moi, c’est peut-être que j’ai bien fait ça cette année », laisse-t-il tomber.

Il a de bons mots pour Paul St-Pierre Plamondon, qui lui a livré une chaude lutte. « Il a réussi à prendre un parti sur lequel tous les observateurs de la scène politique et chroniqueurs fondaient peu d’espoirs et l’a remis sur les rails de manière spectaculaire. […] C’est absolument remarquable », laisse-t-il tomber.

Le ou la critique de l’opposition le ou la plus tenace

  • 1. Marwah Rizqy
  • 2. Marc Tanguay
  • 3. André Fortin
  • (En 4position : Monsef Derraji. En 5position : Gabriel Nadeau-Dubois)

Les libéraux s’illustrent

Pour la troisième année consécutive, la pugnace Marwah Rizqy est la plus tenace des élus de l’opposition, selon notre sondage.

Et dans ce palmarès, ce sont des libéraux qui s’illustrent : le chef par intérim Marc Tanguay est deuxième, André Fortin est troisième, et Monsef Derraji, quatrième. Ils ont tous renoncé à la course à la direction du parti.

Pour Mme Rizqy, il n’y a pas de secret pour être un bon député de l’opposition : il faut travailler, connaître ses dossiers, rencontrer un maximum d’intervenants de la société civile, et essayer d’avoir un maximum de contacts un peu partout, y compris dans « la machine », puis compléter le tout avec des demandes d’accès à l’information. Et elle ne néglige pas les réseaux sociaux. Elle répond personnellement aux messages qu’on lui envoie. « Tous mes travaux au Parlement sont basés sur des témoignages de gens qui me parlent de leur situation », laisse-t-elle tomber.

Le roi ou la reine de la clip

  • 1. Marwah Rizqy et Geneviève Guilbault
  • 3. Gabriel Nadeau-Dubois
  • (En 4position : Pascal Bérubé. En 5position à égalité : Pierre Fitzgibbon, Vincent Marissal et Marc Tanguay)

Un art bien maîtrisé

PHOTO PASCAL RATTHÉ, LA PRESSE

Geneviève Guilbault

Pour compléter sa couronne, Mme Rizqy est élue la reine de la clip, à égalité avec la députée caquiste et ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Elles sont suivies de près par le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, et le péquiste Pascal Bérubé.

Mais qu’est au juste l’art de la clip ? C’est une phrase « courte, limpide, imagée et punchée », laisse tomber Mme Rizqy, qui les écrit elle-même.

« J’ai horreur des lignes. Ça m’insulte. Mon dieu. Ah non. Je suis capable de lire et de penser par moi-même », lâche-t-elle. Sa clip préférée cette année : « Éric Caire, je pense que sa situation est précaire », dit-elle en rigolant.

Et être capable de communiquer clairement tient ses adversaires sur leurs gardes. Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, confie que son équipe prépare avec attention les questions qu’Etienne Grandmont pose à la ministre des Transports. Geneviève Guilbault.

Car cette dernière a la réplique facile. « Une bonne clip, c’est d’abord et avant tout quelque chose qui va parler aux gens. Ils entendent beaucoup de politiciens, beaucoup de choses dans une journée. L’important, c’est qu’on aille droit au but, qu’on soit clair, qu’on ait l’air de maîtriser nos dossiers et qu’ils sachent où on s’en va », affirme Mme Guilbault.

Méthodologie

La Presse a transmis aux députés un questionnaire électronique. Il y avait dix catégories.

Plus des deux tiers des élus ont répondu anonymement au sondage cet automne (86 sur 125).

Dans chaque catégorie, les députés ont voté deux fois : d’abord pour un élu de leur parti, ensuite pour un élu d’une autre formation politique. Cette façon de procéder permet d’atténuer les effets de l’esprit partisan. Pour sortir du lot, un élu doit presque inévitablement obtenir l’appui de collègues des autres partis.

Cette année, les députés ne pouvaient pas choisir le premier ministre dans la catégorie Parlementaire de l’année. Cette décision a été prise car il est sous les feux de la rampe pratiquement tous les jours, et cette catégorie vise à mettre en lumière le travail des 124 autres élus de l’Assemblée nationale.

Les lauréats ont été établis en additionnant l’ensemble des votes obtenus dans chaque catégorie. Le palmarès des élus de La Presse est inspiré d’une démarche similaire faite par le magazine Maclean’s au Parlement d’Ottawa.