Lionel Carmant et Andrée Laforest sont appréciés, car ils veulent faire avancer des dossiers de circonscription. Samuel Poulin évite « l’outrance partisane ». Enrico Ciccone va aider un collègue à se relever après une dure mise en échec au Salon bleu et Gabriel Nadeau-Dubois vante les talents oratoires de François Legault. Les élus qui s’illustrent sont souvent ceux qui fuient la partisanerie.

Le ministre le plus apprécié ou la ministre la plus appréciée

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Andrée Laforest et Lionel Carmant

  • 1. Lionel Carmant et Andrée Laforest
  • 3. Christian Dubé
  • (En 4position : Sonia LeBel)

« Je suis peut-être un des moins partisans de la gang »

Cette année, les députés caquistes Lionel Carmant et Andrée Laforest arrivent à égalité dans la catégorie ministre le plus apprécié, devant le gagnant de l’édition 2021, Christian Dubé.

Pour M. Carmant, ministre des Services sociaux, le résultat de ce sondage fait auprès des pairs est « tout un honneur » qui démontre sa progression depuis son arrivée au Conseil des ministres en 2018.

« Je suis là pour aider les jeunes et les plus vulnérables dans toutes les régions. Ça aide à baisser le ton. Je suis peut-être un des moins partisans de la gang », laisse-t-il tomber. Il dit être toujours disponible lorsqu’un problème survient dans la circonscription d’un élu.

Sa collègue Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales, a été émue lorsque son équipe l’a informée du résultat. « Quelle belle nouvelle ! », s’est-elle exclamée. Elle souligne avoir déposé huit projets de loi en cinq ans. Elle a pris le temps de saluer le travail de ses critiques de l’opposition, Virginie Dufour, Etienne Grandmont et Joël Arseneau. « Souvent, on va organiser un breffage technique. Je vais essayer de voir où ça peut accrocher pour les autres partis », laisse-t-elle tomber.

Meilleur orateur ou meilleure oratrice

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Gabriel Nadeau-Dubois

  • 1. Gabriel Nadeau-Dubois
  • 2. Geneviève Guilbault
  • 3. Pascal Bérubé
  • (En 4e position : Marc Tanguay)

De Jaurès à Legault

Cette année, le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois détrône le député péquiste Pascal Bérubé, qui était depuis trois palmarès l’élu jugé le plus éloquent par ses pairs.

Il termine devant la ministre Geneviève Guilbault et M. Bérubé. « C’est un bel honneur. Il y a eu quand même quelques orateurs d’exception qui sont passés par cette institution », laisse-t-il tomber. Pour le chef parlementaire de Québec solidaire, un bon orateur, c’est quelqu’un « qui choisit bien ses mots ».

À l’Assemblée nationale, deux élus maîtrisent particulièrement bien cette qualité, selon lui. « Ma collègue Manon [Massé] est une oratrice exceptionnelle, dans le style qui est le sien. François Legault, par moments, a un humour, une sincérité qui me touchent […] même si c’est un adversaire coriace. Ils ont une manière de prendre la parole qui est intéressante », laisse-t-il tomber.

Même « s’il reste un gars d’idées qui lit beaucoup », il n’est pas tout à fait à l’aise avec l’image de « gars très intellectuel » qu’on lui accole. Il essaie maintenant de laisser plus de place à l’émotion, à la passion dans ses prises de parole. « Quand je parle des travailleurs en grève, des banques alimentaires, je me permets plus aujourd’hui de parler avec mes tripes parce que ça vient me chercher », dit-il.

Il n’hésite pas à faire des recherches historiques pour trouver « les mots justes » : lorsqu’il avait eu à discourir sur le conflit israélo-palestinien, il a relu le Discours à la jeunesse du socialiste français Jean Jaurès.

L’étoile montante

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Madwa-Nika Cadet

  • 1. Madwa-Nika Cadet
  • 2. Pascal Paradis
  • 3. Samuel Poulin

Une année surchargée pour Madwa-Nika Cadet

La libérale Madwa-Nika Cadet est élue « étoile montante ». C’est elle qui a obtenu le plus de votes, toutes catégories confondues, dans notre palmarès.

« Ça a été une année avec une énorme courbe d’apprentissage, avec le travail de circonscription, le travail de parlementaire, et l’implication au sein du parti comme coprésidente du comité sur la relance [du Parti libéral du Québec] », laisse tomber Mme Cadet.

Elle a traversé cette année « surchargée » grâce à « l’adrénaline », mais les « nuits sont courtes ». Le péquiste Pascal Paradis, qui a causé la surprise en remportant l’élection partielle dans Jean-Talon, n’a pas eu beaucoup de temps pour se faire valoir à l’Assemblée nationale, mais il termine tout de même deuxième derrière Mme Cadet.

La députée de Bourassa-Sauvé, qui a fait son droit à l’Université de Sherbrooke et est titulaire d’une maîtrise en politiques publiques de l’Université de Georgetown, apprécie tout particulièrement le travail de législateur. « C’est qu’on est à l’intersection des politiques publiques. On a un rôle de capter l’esprit citoyen, de traduire ces priorités en politique publique, et de voir comment ça s’articule sur le plan législatif », affirme-t-elle avec passion.

Elle a de bons mots pour d’autres recrues : sa collègue libérale Virginie Dufour, « extrêmement rigoureuse », la solidaire Alejandra Zaga-Mendes, « authentique et pugnace », et la caquiste Kariane Bourassa, qui a « énormément de talent ».

Le député le plus original ou la députée la plus originale

PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Manon Massé

  • 1. Manon Massé
  • 2. Pascal Bérubé, Marwah Rizqy et Sol Zanetti
  • (En 5e position : Sona Lakhoyan Olivier)

Manon Massé a été choisie par ses pairs comme députée la plus originale. Elle n’a pas pu assister à la prise de photo en raison d’ennuis de santé.

« J’ai toujours été dans les marges »

L’été dernier, en entrevue avec La Presse, elle disait assumer ses origines ouvrières, son homosexualité, son look, qui détonne au Parlement.

« C’est vrai que je n’ai pas le profil convenu de la femme publique. J’ai toujours été dans les marges, hors norme. Les jeunes d’aujourd’hui me disent que je suis queer… Je leur dis non, moi, je suis une butch, une vraie butch. Tant mieux si j’ai pu démontrer que la politique appartient à TOUT le monde ; que les femmes ne sont pas obligées de cadrer dans un modèle unique ! Et j’ai quand même fait trois débats des chefs, viarge ! », avait-elle lancé.

Derrière elle, il y a, fait plutôt rare, une triple égalité entre le péquiste Pascal Bérubé, la libérale Marwah Rizqy et le solidaire Sol Zanetti.

Meilleur représentant ou meilleure représentante de sa circonscription

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Samuel Poulin

  • 1. Samuel Poulin
  • 2. Pascal Bérubé
  • 3. Manon Massé

« La Beauce, je l’ai tatouée sur le cœur »

Samuel Poulin de la Coalition avenir Québec remporte le titre de meilleur représentant de sa circonscription, devant le péquiste Pascal Bérubé, le gagnant de l’année précédente, et Manon Massé.

Mais comment fait-on pour être un bon élu de circonscription ? « Il faut être d’abord attaché à sa circonscription. La Beauce, je l’ai tatouée sur le cœur. Il faut être présent, les soirs, les fins de semaine. On doit être présent dans les évènements importants. Il faut être tenace. Il faut être l’avocat de son comté », a-t-il énuméré.

Son secret pour faire avancer des dossiers locaux : avoir de bonnes relations avec les fonctionnaires et les autres élus. « M. [François] Legault est très accessible. Je lui écris et 12 minutes, après j’ai une réponse », dit-il.

Et pour remporter une catégorie, il faut également obtenir des votes d’autres formations politiques. « C’est rare que je suis dans l’outrance partisane. Je ne suis pas là-dedans », laisse-t-il tomber.

Plus bel esprit sportif

PHOTO PASCAL RATTHE, LA PRESSE

Enrico Ciccone

  • 1. Enrico Ciccone
  • 2. Joël Arseneau
  • 3. Monsef Derraji

« La politique, je la fais à 125 »

L’ex-hockeyeur Enrico Ciccone reçoit le prix du plus bel esprit sportif, une « approche qu’il a toujours eue » dans sa façon bien à lui de faire de la politique.

« Ce qui me fait plaisir dans tout ça, c’est que c’est toujours une approche que j’ai eue. Je suis très naïf, mais je veux la conserver, cette naïveté. Moi, la politique je la fais à 125 », affirme le député libéral de Marquette.

Sa marque de commerce : il affirme qu’il va toujours « tendre la main » à ses adversaires avant de faire une sortie publique.

Et lorsqu’il doit critiquer un politicien, il s’assure après coup qu’il n’est pas trop ébranlé. « La semaine dernière, j’été été dur avec Eric Girard [sur la subvention aux Kings de Los Angeles]. Mais après le débat, je suis allé le voir. Je lui ai dit : Eric, si tu veux faire avancer ce dossier d’une autre façon, appelle-moi », dit-il.

« Je ne suis pas un vrai politicien. Tout le jeu politique, je n’aime pas ça. J’ai toujours pensé qu’il faut travailler ensemble pour le bien-être des citoyens. Et les collègues le savent. La journée où je vais perdre cette naïveté, je n’aurai plus ma place », dit-il.