François Legault a bon espoir qu’aucun ménage ne se retrouvera à la rue le 1er juillet prochain. Le premier ministre a d’ailleurs réitéré sa confiance envers la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, même si celle-ci a effectué un « flip » immobilier et qu’elle a tenu une rencontre officielle avec une partenaire d’affaires et amie de longue date, l’automne dernier.

« J’ai quatre 1er juillet d’expérience et ça s’est bien passé lors de ces quatre 1er juillet », a déclaré le premier ministre en marge d’une conférence de presse sur l’autonomie alimentaire, lundi. « Quand je dis que ça s’est bien passé, c’est que personne ne s’est retrouvé à la rue », a-t-il ajouté, précisant que des ménages ont dû habiter temporairement dans des hôtels ou des logements d’urgence.

François Legault a dû s’avancer sur la crise du logement notamment en raison d’un reportage de La Presse qui mentionne, lundi, que de plus en plus de femmes aînées se retrouvent dans des refuges pour itinérantes. Les organismes sont peu adaptés pour cette clientèle qui est parfois à mobilité réduite.

Un rapport sur l’Indice du logement locatif canadien, également publié lundi, montre qu’un quart des ménages québécois allouent 30 % de leurs revenus à la location d’un logement. Pire, 9 % des locataires québécois réservent 50 % de leur salaire pour se payer un toit.

Le premier ministre a souligné qu’un investissement d’un milliard de dollars pour favoriser la construction de logements abordables a été annoncé lors de la présentation du budget, le printemps dernier.

« On veut s’assurer que ça construise, qu’il y ait des marteaux, des clous qui s’enfoncent. Mais il y a un défi », a-t-il dit. « On va financer soit directement la construction de logements, soit acheter des logements existants, soit donner de l’aide pour l’accès au logement », a-t-il énuméré.

« La crise du logement, c’est d’abord un manque de logements actuellement et depuis plusieurs années », a-t-il dit, ajoutant que la construction de ce type d’habitations peut prendre entre cinq et six ans et que la ministre de l’Habitation travaille à réduire ces délais.

« Si une personne peut réussir […], c’est bien elle »

François Legault a d’ailleurs réitéré sa confiance envers la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. La semaine dernière, le média d’information Pivot ainsi que La Presse ont révélé que la ministre a déjà effectué un « flip » immobilier avec Annie Lemieux, une amie de longue date.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Francois Legault, lors de la présentation de la candidature de France-Élaine Duranceau dans la circonscription de Bertrand, en août 2022.

Les deux femmes et d’autres partenaires ont acheté en toute légalité un duplex de l’avenue De Chateaubriand, à Montréal, au coût de 517 000 $ afin de le transformer en cinq logements. Les appartements ont été revendus pour plus de 3 millions.

Le premier ministre a refusé de dire que la ministre a contribué à la spéculation immobilière. « Écoutez, les gens qui sont dans l’immobilier, ils achètent et ils vendent. Ça fait partie de ce qu’il se fait dans l’immobilier », a-t-il déclaré.

« C’est certain que France-Élaine a un passé dans l’immobilier. C’est un plus qu’elle connaisse l’immobilier. Maintenant, sa responsabilité comme ministre c’est de développer le plus rapidement possible des logements abordables. Je pense que si une personne peut réussir à faire débloquer des projets, en étant créative, c’est bien elle », a fait valoir M. Legault.

Le premier ministre n’a pas critiqué, non plus, la rencontre officielle qui a eu lieu entre France-Élaine Duranceau et Annie Lemieux, l’automne dernier. Il a assuré que l’entreprise des deux femmes continue d’exister à cause d’un litige en cours et que leur rencontre avait pour but de discuter de la construction d’une résidence pour personnes âgées. « Ça n’a rien à voir avec ce qu’elles ont fait dans le passé », a-t-il soutenu.

Annie Lemieux est enregistrée comme lobbyiste pour intervenir auprès de la ministre responsable de l’Habitation et de la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, depuis l’automne dernier, soit un mois après l’entrée en fonction de Mme Duranceau comme ministre.

Le mandat de la lobbyiste vise à « échange[r] sur les orientations gouvernementales en matière d’habitation et d’hébergement des aînés au Québec et le rôle des entreprises privées en la matière ». Selon le registre de Lobbyisme Québec, la prise de contact devait viser certaines « modifications au Code civil du Québec ».

Selon le registre des entreprises, la ministre de l’Habitation apparaît comme actionnaire ou administratrice de trois sociétés aux côtés d’Annie Lemieux. Ces organisations sont mentionnées dans la déclaration de ses intérêts personnels 2021-2022 publiée par le Commissaire à l’éthique et à la déontologie.

La semaine dernière, la ministre Duranceau a affirmé à La Presse qu’elle n’avait « rien à se reprocher » concernant la rencontre avec Mme Lemieux et qu’elle referait « la même chose » si l’occasion se présentait.

Avant d’être nommée ministre, Mme Duranceau a été courtière immobilière et aussi vice-présidente chez Colliers International, qui se décrit comme le « leader mondial de services immobiliers et de gestion d’investissements ».

Avec Hugo Joncas et Charles-Éric Blais-Poulain