(Québec) Critiquée de toutes parts depuis le dépôt de son projet de loi sur l’habitation, la ministre France-Elaine Duranceau se défend d’être « insensible » aux locataires. Elle s’attendait par ailleurs à ce que le projet de loi 31 « crée des remous ».

La ministre responsable de l’Habitation a fait acte de contrition mercredi en admettant que certaines déclarations tenues dans la foulée du dépôt de son projet de loi vendredi dernier aient pu l’avoir fait paraître « insensible » à la cause des locataires.

Le projet de loi 31 vient notamment limiter les cessions de bail entre locataires en permettant aux propriétaires de les refuser. Or, la cession de bail est un levier pour éviter les hausses de loyers abusives, selon des regroupements de locataires.

« Tu ne peux pas utiliser un droit qui n’est pas le tien, de céder un bail à quelqu’un d’autre, à des termes que tu décides quand ce n’est pas ton immeuble. Le locataire qui veut faire ça, il faut qu’il investisse en immobilier », a-t-elle lancé en entrevue à Noovo, vendredi.

Mercredi, Mme Duranceau a voulu recadrer sa déclaration : « J’ai dit ça et je suis désolée si ç’a paru insensible, j’étais dans une description juridique et économique des choses. Au contraire, je suis très sensible à ce qui se passe en matière d’habitation », a-t-elle plaidé à son arrivée au conseil des ministres.

Par ailleurs, la ministre responsable de l’Habitation indique qu’elle s’attendait à ce que son projet de loi – déposé à la dernière journée de la session parlementaire – reçoive un accueil difficile.

Je ne suis pas surprise. Clairement, on change beaucoup de choses, on change des choses auxquelles on n’avait pas touché depuis 40 ans et ça fait des remous. Je pense que ce sera pour le mieux.

France-Elaine Duranceau, ministre responsable de l’Habitation

Elle assure que le projet de loi 31 fait partie d’un ensemble de mesures que le gouvernement Legault met de l’avant pour s’attaquer à la crise du logement – une situation qu’il a tardé à reconnaître.

« [Le projet de loi] c’est une des mesures. Il y aura une multitude de mesures mises de l’avant pour aider en matière d’habitation. Le projet de loi en fait partie, il ne règle pas tout. Il est là pour régler certains irritants du côté propriétaire, du côté des locataires », a-t-elle expliqué.

Demandes des villes

À l’approche du 1er juillet, les maires de plusieurs villes, dont Québec, Laval, Longueuil et Montréal, ont demandé mercredi au gouvernement Legault d’accélérer la construction de logements. Ils étaient appuyés de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) et de l’Institut de développement urbain du Québec, qui signent mercredi une lettre ouverte dans La Presse en faveur d’un plan d’action concerté des acteurs de l’industrie.

« Leur sortie aujourd’hui c’est une bonne chose, il faut continuer d’en parler et que tout le monde soit conscient qu’il faut continuer d’accélérer les choses », a soutenu Mme Duranceau. « Les municipalités ont leur part à faire, il y a des permis qui doivent être émis, il faut avoir une vélocité qui est un peu plus grande et je pense qu’ils sont conscients. Je collabore avec eux pour aider là où c’est dans mon champ d’action », a-t-elle ajouté.