(Québec) Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, est « sidéré » et « estomaqué » par l’abandon de la Coalition avenir Québec du projet de tunnel autoroutier entre sa ville et Québec et partage le sentiment de « trahison » vécu par les citoyens de sa municipalité.

« On vient de flouer la population. On les a bernés. C’est inacceptable », a lancé M. Lehouillier jeudi lors d’une conférence de presse émotive où il a tiré à boulets rouges sur la Coalition avenir Québec.

Le maire a rappelé que sa région est peinte couleur CAQ d’un bout à l’autre, et que François Legault a pris l’engagement ferme de construire le troisième lien « avec ou sans études » lors des élections générales de 2018 et de 2022.

Ces promesses étaient soutenues par le premier ministre du Québec. Ces promesses-là ont été soutenues pendant la campagne électorale par les ministres Bernard Drainville (Lévis), Martine Biron (Chutes-de-la-Chaudière) et Geneviève Guilbault (Louis-Hébert). Il y avait tout lieu de croire que le projet irait de l’avant.

Gilles Lehouillier, maire de Lévis

Il affirme qu’en février, les cabinets ministériels l’ont rassuré à nouveau que le gouvernement avait toujours la volonté de construire ce tunnel.

« C’était vraiment ferme comme engagement. On se dit, à partir de ce moment-là, c’est sûr que le projet va se réaliser. J’ai rarement vu un engagement aussi important balayé du revers de la main. Je n’ai jamais vu ça par ailleurs », a-t-il pesté.

M. Lehouillier lance un appel aux sept élus caquistes de sa région de « rester debout ». Qu’est-ce que ça veut dire, selon lui ? « Ça veut dire se battre pour ce pour quoi on a été élu, et pas jeter les gants avant que la game soit finie », a-t-il lancé.

Il a appris la nouvelle lundi en fin de journée, et n’a pas eu l’occasion de plaider sa cause.

Contre les régions

Le maire de Lévis accepte durement la décision de renoncer au projet autoroutier pour le remplacer par un projet de transport collectif. Il a des mots durs pour le projet présenté par Mme Guilbault jeudi. Pas de coût, pas de trajet, pas de mode de transport, ce n’est pas un projet, mais « une vision », a-t-il dit. Il n’a pas l’intention de perdre « une minute » de son temps à travailler sur un projet qui a peu de chances d’aboutir, a-t-il expliqué.

Il estime que la décision que François Legault a prise est contre les régions. « Les régions du Québec n’obtiennent pas leur juste part des investissements gouvernementaux. Nous, on prend les miettes qui tombent de la table », a-t-il dénoncé.

« Moi, je pense qu’à un moment donné les régions vont dire : assez c’est assez. On est rendu là. Je pense qu’il va y avoir du mouvement dans les prochains mois », a ajouté le maire de Lévis, qui est apparu à de nombreuses reprises aux côtés de François Legault lors des dernières années pour défendre le projet de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis.

« Est-ce que, oui ou non, on veut continuer d’investir dans nos régions ? […] Il n’y en a que pour Québec et Montréal. Les régions : des miettes. Tout au plus, on peut donner des garanties de prêt à des entreprises », a insisté M. Lehouillier.

Il bat également en brèche les arguments mis de l’avant par la ministre des Transports Geneviève Guilbault et le premier ministre François Legault pour renoncer au troisième lien. « On a utilisé des chiffres fragmentaires de 2022 pour tirer la plogue », a-t-il lancé, en montrant du doigt un rapport du ministère des Transports qui contredit Québec.

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