(Ottawa) La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, annoncera lundi une modernisation des capacités de défense du continent.

La conférence de presse se déroulera sur la base aérienne de Trenton, en Ontario.

Des responsables militaires américains et canadiens ainsi que des experts avaient mis en garde contre l’état des défenses du NORAD à la lumière de l’agression russe en Ukraine.

Mme Anand dit depuis plusieurs mois que le gouvernement était en train de préparer une série d’investissements pour le NORAD, l’organisation militaire canado-américaine qui surveille l’espace aérien et maritime du continent.

La ministre et le premier ministre Justin Trudeau ont reformulé ces promesses lors de leur visite du quartier général du NORAD au Colorado, au début du mois. Ils n’avaient donné aucune précision.

Le gouvernement fédéral a déjà indiqué qu’une partie des 8 milliards prévus au dernier budget pour la défense nationale serait réservée au NORAD. Cela pourrait comprendre un nouveau système de radar à longue portée permettant de détecter toute menace venant par l’Arctique.

Mme Anand a aussi dit le mois dernier que le gouvernement envisageait de joindre le système de défense antimissile mis en place par les États-Unis auquel le Canada avait renoncé en 2005.

« On a besoin du Canada »

L’absence de mesures concrètes au Canada n’est pas passée inaperçue aux États-Unis, souligne Andrea Charron, une professeure agrégée de l’Université du Manitoba et l’une des principales spécialistes du NORAD au Canada.

« On a besoin du Canada pour réaliser certaines choses. Si on était auparavant prêt à se montrer patient en se disant que des gestes seraient faits, aujourd’hui, on est à bout de patience », mentionne-t-elle.

Cette impatience grandissante est démontrée par la visite de plusieurs hauts responsables américains à Ottawa. Elle s’est aussi manifestée le printemps dernier lors des audiences du Congrès à Washington.

Interrogé en mars sur l’implication du Canada dans la défense continentale, le commandant du NORAD, le général américain Glen VanHerck a déclaré que le Canada était « en train de prendre des décisions ».

« J’ai hâte de voir ce qui en ressortira », avait-il ajouté.

En août 2021, Harjit Sajjan, alors ministre de la Défense nationale, et son homologue américain Lloyd Austin avaient publié un communiqué commun, faisant mention de nombreuses priorités, dont le maintien du Système d’alerte du Nord jusqu’à ce qu’il puisse être changé par des capacités de remplacement convenables.

Plus tôt cette année, les entreprises de système de défense canadiennes ont été notifiées du projet visant à installer un système de radar transhorizon de la prochaine génération qui peut améliorer considérablement l’alerte rapide et la surveillance permanente de l’espace aérien et des approches de l’Amérique du Nord. Ce radar serait installé dans le sud du Canada et pourrait coûter jusqu’à 1 milliard.

Le général à la retraite, Tom Lawson, ancien commandant en chef adjoint du NORAD, affirme que le Système d’alerte du Nord a besoin d’être remplacé. C’est l’un des nombreux secteurs de la défense continentale nécessitant des investissements.

Aujourd’hui, toutes mesures concrètes seront les bienvenues.

« S’ils annoncent des investissements supplémentaires d’un ou de deux milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, je serais un homme heureux », lance-t-il.